Elles sont huit femmes sur la liste des victimes potentielles d‘agressions sexuelles commises avec les circonstances aggravantes que leur auteur a abusé de l’autorité que lui confère sa fonction -soignant en médecine chinoise- de 2015 à 2017. Il y a celles qui n’ont pas osé déposer plainte, celles pour lesquelles les faits sont prescrits. Toutes ont décrit aux gendarmes de Venelles où Amir* exerçait le même processus. Le long entretien préalable au cours duquel elles expliquent leurs maux – une addiction à la cigarette, une dépression latente, des douleurs aux cervicales…- avec les questions qui englobent toute une vie. Ensuite, Amir leur demande de se déshabiller et ne garder que la culotte. Il les masse alors, y compris les seins, quelques secondes ou des poignées de minutes. Puis c’est le rituel du « câlin » pour reprendre le terme de la première plaignante qui sera repris au fil des dépositions: il enlace la patiente, toujours dévêtue.
« Dessous il y a les muscles, les fluides, les méridiens… »
Âgé de 55 ans, Amir a l’arrogance blessée, le phrasé élégant, l’intelligence patente, l’indignation de cette injustice qu’il dit subir depuis sept ans que l’enquête est lancée. Interdit de pratique pendant un an, il a rouvert un cabinet à Aix : la « rumeur » a fait fuir la patientèle. Il ne travaille d’ailleurs plus depuis octobre, dépressif. Il explique sa pratique brassant acupuncture, ostéopathie, massage énergétique, pharmacopée, pour des soins prenant la personne dans sa « globalité ». Les massages sur les seins? « Dessous il y a les muscles, les fluides, les méridiens… , voilà comment faire circuler les énergies, contribuer à une mise en détente ».