Galatea Bellugi joue Aimée, l'inquiétante institutrice de L'Engloutie.Galatea Bellugi joue Aimée, l’inquiétante institutrice de L’Engloutie. Take Shelter – Arte cinéma

Rarement un titre aura aussi bien épousé son sujet : comment ne pas se sentir, en effet, totalement englouti par cette œuvre dense et sensorielle, qui impose d’emblée sa puissance. Il y a des films qui semblent porter en eux une évidence. L’Engloutie en fait partie. Dès ses premières images, Louise Hémon installe un climat, une matière, un rapport au réel qui happe le spectateur jusqu’à la dernière séquence. Un premier long métrage particulièrement réussi, à la fois ancré et mystérieux, réaliste et traversé d’élans plus troubles.

 » J’aime travailler avec le réel  »

La réalisatrice confie avoir nourri très tôt, dès l’adolescence, le désir de réaliser un long métrage de fiction. Avant d’y parvenir, elle a ressenti le besoin d’explorer d’autres formes : à la croisée du cinéma, du théâtre et des arts visuels. Une manière d’approcher la fiction autrement, de la questionner et de l’enrichir. Elle a notamment signé des moyens métrages documentaires. Une expérience déterminante, qui irrigue profondément L’Engloutie, notamment dans son rapport au réel et aux contraintes. Le tournage, effectué dans des conditions parfois extrêmes, en témoigne :  » Avec le réchauffement climatique, on a dû tourner plus haut que prévu, à près de 2 000 mètres d’altitude, pour être sûrs d’avoir un bon niveau de neige. Ce tournage, c’était vraiment l’art de l’adaptation pour l’équipe et pour moi. Mais mon expérience dans le documentaire m’a appris que les contraintes et l’imprévu peuvent rendre créatif. J’aime travailler avec le réel. « 

Un imaginaire hérité

Le point de départ du récit – Aimée, jeune institutrice arrive dans un hameau enneigé, bien décidée à éclairer les habitants de ses lumières – puise dans l’histoire personnelle de la cinéaste.  » Je suis issue d’une famille où se sont succédé plusieurs générations d’institutrices, envoyées pour leur premier poste dans des villages alpins coupés du monde durant les longs mois d’hiver. Mon imaginaire a donc baigné dans ces histoires d’hivernage.  » De cette matière intime, Louise Hémon tire un récit dont la force tient surtout à l’endroit où elle l’emmène.

Là où l’on pourrait s’attendre à un simple drame naturaliste, le film bifurque peu à peu vers un registre plus inattendu, flirtant avec le fantastique. Le travail sur l’image participe pleinement à cette sensation d’enfermement et d’isolement. Marine Atlan signe une photographie remarquable et le choix du format 4:3 accentue la verticalité du décor. Il enferme littéralement les personnages dans ce hameau de montagne hors du monde. Un choix esthétique fort, qui nourrit la dramaturgie et renforce le mystère du récit.

Une reconnaissance méritée

Depuis sa sélection à la Quinzaine des cinéastes à Cannes, L’Engloutie a récolté une avalanche de récompenses : Prix de la critique au Champs-Élysées Film Festival, Prix Jean Vigo 2025 du long métrage, Prix du jury au Festival Nouvelles Vagues de Biarritz, Prix du meilleur premier film à l’American French Film Festival, sans oublier le prestigieux prix André Bazin décerné par Les Cahiers du cinéma. Une reconnaissance largement méritée pour un premier long métrage qui emporte tout sur son passage et impose d’emblée Louise Hémon comme une cinéaste à suivre de très près.

Voter pour vos films de l’année 2025

La petite dernière d’Hafsia Herzi sera-t-il dans les premiers ? Le nouvel opus d’Avatar, De feu et de cendres, ou L’agent secret de Kleber Mendonça Filho, sortis seulement la semaine dernière, vont-ils bouleverser l’ordre ? Sans oublier Le Mohican de Frédéric Farrucci même s’il est sorti en tout début d’année ? Quoi qu’il en soit, nous attendons avec impatience votre top des cinq meilleurs films sortis en salle en 2025. Pour voter, c’est tout simple, il vous suffit de nous envoyer votre sélection, avant le mardi 6 janvier à minuit, à cette adresse mail : [email protected].

Votre classement sera dévoilé dans le Settimana du 9 janvier avec celui de la rédaction concocté par les journalistes de Settimana et ceux de l’émission Des livres et du cinéma, à retrouver tous les 15 jours sur Ici RCFM. D’ici là, nous vous souhaitons, à toutes et à tous, de très bonnes fêtes de fin d’année. Pace è salute !

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 » En quête d’un nouveau départ, Millie accepte un poste de femme de ménage à demeure chez Nina et Andrew Winchester, un couple aussi riche qu’énigmatique. Ce qui s’annonce comme l’emploi idéal se transforme rapidement en un jeu dangereux, mêlant séduction, secrets et manipulations…  » La Femme de ménage est adapté du best-seller du même nom de Freida McFadden. Publié en 2022, ce best-seller s’est vendu à plus de 4,5 millions d’exemplaires dans le monde. Metropolitan a senti le filon et demandé au réalisateur Paul Feig (Mes meilleures amies, Last Christmas) d’adapter ce roman pour le grand écran. Ce dernier est allé chercher, pour les deux premiers rôles, des actrices bankables : Sydney Sweeney et Amanda Seyfried. Porté par ces deux comédiennes, La femme de ménage est un thriller qui tient en haleine malgré quelques élans volontiers excessifs.

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