Une étude publiée dans la revue Molecular and Cellular Biochemistry suggère que les microplastiques, présents dans de nombreux produits du quotidien, peuvent déclencher une inflammation et des lésions cérébrales

Nous ingérons 250 grammes de microplastiques chaque année

Selon le Pr Kamal Dua, chercheur en sciences pharmaceutiques et co-auteur de cette étude, les adultes consommeraient 250 grammes de microplastiques chaque année, soit l’équivalent d’une assiette. Ces microplastiques sont ingérés ou inhalés. « Nous ingérons des microplastiques provenant de sources très diverses, notamment les fruits de mer contaminés, le sel, les aliments transformés, les sachets de thé, les planches à découper en plastique, les boissons en bouteille plastique et les aliments cultivés dans des sols contaminés, ainsi que les fibres plastiques des tapis, la poussière et les vêtements synthétiques », a déclaré le chercheur. 

Les plastiques les plus utilisés dans les produits que nous consommons sont le polyéthylène, le polypropylène, le polystyrène et le polyéthylène téréphtalate (PET). Même si la majorité de ces microplastiques sont éliminés de notre organisme, des études montrent qu’ils s’accumulent dans nos organes au fil des années, notamment dans notre cerveau. 

Le Pr Kamal Dua et d’autres chercheurs de l’Université de Sydney (Australie) et de l’Université d’Auburn (États-Unis) ont travaillé en équipe pour mieux comprendre l’impact de ces substances sur le fonctionnement des cellules cérébrales. 

Des chercheurs de plusieurs universités ont mis au point un modèle informatique de dynamique de fluides pour analyser le trajet des microplastiques jusque dans nos voies respiratoires supérieures. © Pcess609, Adobe Stock

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Les scientifiques ont étudié le devenir dans nos voies respiratoires de la quantité colossale de microplastique que nous inhalons chaque jour

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Stress oxydatif, neurones endommagés… 

Ils affirment que les microplastiques nuiraient au fonctionnement normal du cerveau de cinq façons :

  • en déclenchant l’activité des cellules immunitaires ; 
  • en générant un stress oxydatif ; 
  • en perturbant la barrière hémato-encéphalique (surface d’échange entre le sang et le cerveau) ;
  • en altérant les mitochondries (qui produisent l’énergie dans les cellules) ;
  • en endommageant les neurones.

Selon cette étude, les microplastiques altèrent la barrière hémato-encéphalique. Ils la rendent plus perméable. Conséquence, les microplastiques se retrouvent dans le sang. Considérés comme des corps étrangers par l’organisme, celui-ci active des cellules immunitaires et des molécules inflammatoires pour les combattre.« « Ce qui endommage davantage les cellules de la barrière », a expliqué le Pr Dua. 

Les microplastiques génèrent par ailleurs un stress oxydatif en augmentant la quantité d’espèces réactives de l’oxygène, des molécules instables susceptibles d’endommager les cellules. De plus, ils affaiblissent les systèmes antioxydants de l’organisme, qui contribuent normalement à contrôler ces molécules.

Mais ce n’est pas tout, les chercheurs révèlent que les microplastiques perturbent la production d’énergie par les mitochondries, ralentissant ainsi le fonctionnement normal des cellules. Dans le cerveau, ce déficit énergétique a pour effet d’affaiblir l’activité des neurones, ce qui peut à terme causer des lésions cérébrales. 

« Tous ces mécanismes interagissent entre eux, aggravant les lésions cérébrales », s’est inquiété le chercheur en sciences pharmaceutiques. 


Les microplastiques pourraient augmenter le risque de maladie de Parkinson, en provoquant des lésions dans les neurones dopaminergiques. © Pixel-Shot, Adobe Stock

Agir vite pour réduire notre exposition aux microplastiques

L’étude s’est aussi intéressée au lien supposé entre microplastiques et maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Les chercheurs supposent que la présence de microplastiques dans l’organisme pourrait déclencher une accumulation importante de bêta-amyloïde et de protéine tau, des facteurs incriminés dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer.

Concernant Parkinson, l’étude indique que les microplastiques pourraient augmenter le risque que la maladie se développe, en provoquant des lésions dans les neurones dopaminergiques. Ces hypothèses doivent être creusées pour établir clairement un lien de causalité direct. Mais face à ces résultats inquiétants, les chercheurs recommandent aux autorités sanitaires de prendre des mesures pour réduire notre exposition aux microplastiques.

« Nous devons changer nos habitudes et réduire notre consommation de plastique. Évitons les contenants et les planches à découper en plastique, n’utilisons pas le sèche-linge, privilégions les fibres naturelles aux fibres synthétiques et consommons moins d’aliments transformés et emballés », a conclu le Dr Keshav Raj Paudel, co-auteur de l’étude.