Posted On 27 décembre 2025

C’est le dernier conte de fées que Christophe Ferrari (Place Publique), le président de la métropole, tente de vendre aux habitants en cette fin d’année 2025. Dans un communiqué dithyrambique, la Métropole se félicite d’avoir décroché la note « A+ » de l’agence S&P Global Ratings.

LE MIRAGE D’UNE GESTION « RIGOUREUSE »

À les entendre, et à lire le média Place Gre’net qui a repris l’information, ce serait le brevet d’une gestion « rigoureuse » et « prudente ». On sait que c’est Noël, mais la réalité est moins scintillante. Car la note de l’agence se veut plus le reflet d’une architecture financière où l’on maquille les problèmes sous des ratios technocratiques et où l’on profite d’effets d’aubaine extérieurs, plutôt que la distinction d’une bonne gestion de la part des élus. 

« Perspective stable » pour Grenoble Alpes Métropole : le titre de l’analyse de S&P est bien moins grandiloquente que la récupération qu’en fait la métropole
LES CRITÈRES DE NOTATION DÉPASSENT LA MÉTROPOLE 

L’imposture tient au fait que les critères aboutissant à la note finale dépassent très largement le seul cadre de la métropole. Ainsi S&P prend largement en compte le cadre institutionnel dans lequel évolue la collectivité : en la matière, en France, nous tirons notre épingle du jeu grâce à une relative prévisibilité des recettes fiscales, des dotations de l’Etat, et grâce à l’obligation d’équilibre de la section de fonctionnement des collectivités locales. Rien qui ne relève strictement de la métropole donc.

LES ÉLUS ACTUELS NE SONT POUR RIEN DANS LA RÉUSSITE ÉCONOMIQUE …

Idem pour le critère économique, qui pèse pour beaucoup dans la note finale puisqu’il valorise notre écosystème de pointe, porté par le triptyque université-recherche-industrie qui tire Grenoble vers le haut… mais ne doit rien à la métro. Au contraire, les élus de la majorité actuelle, emmenés notamment par les Verts/LFI d’Eric Piolle, ont multiplié les critiques de cet écosystème et les liens troubles avec des groupuscules d’activistes radicaux qui tentent de le mettre par terre.

… MAIS ILS S’EN GARGARISENT

On se retrouve donc avec une majorité métropolitaine qui se gargarise d’une bonne note … alors qu’en son sein elle compte des élus qui font tout pour saper l’environnement économique qui nous permet de l’obtenir. Et c’est lorsque l’on se penche sur ce qui relève de la gestion directe de ces mêmes élus que le bât commence justement à blesser. Car en la matière, S&P relève des faiblesses alarmantes de la métropole.

LA DETTE PASSERA DE 180% DES RECETTES À 201%

Ainsi si l’agence exprime une confiance en la résilience de la collectivité (parce qu’elle évite les emprunts toxiques, parce qu’elle a une programmation pluriannuelle pour voir venir les investissements..), elle relève que le cycle d’investissement prévu pour 2026-2030 pèsera grandement sur les équilibres financiers. La dette représentera ainsi 213% des recettes de fonctionnement d’ici 2027, contre 180% en 2024 !

La trajectoire de la métropole : envolée des dépenses de fonctionnement et de la dette…
PLUS D’UN MILLIARD DE DETTE PRÉVUE EN 2027, LES DÉPENSES QUI EXPLOSENT

Ce critère, le « fardeau de la dette », est assez logiquement le plus mal noté par S&P : 5, soit le plus mauvais score possible (compensé par les critères précédemment évoqués..). Rien d’étonnant à ce bonnet d’âne : l’encours de dette explose. 800 millions en 2022, 900 millions en 2025, plus d’un milliard prévus pour 2027. On retrouve la même envolée pour les dépenses de fonctionnement, qui auront explosé de +80 millions d’euros en cinq ans poussés notamment par une augmentation de la masse salariale année après année.

LA POLITIQUE DE LA FUITE EN AVANT…

C’est une véritable politique de fuite en avant. Christophe Ferrari fait exactement comme Piolle à Grenoble : incapacité à contenir la gradation des dépenses de fonctionnement, recours massif à l’endettement, annonces de grands projets coûteux dont le financement est prévu pour après les élections, et charge à leurs successeurs de se débrouiller pour les financer. L’effet ciseaux qui résulte de ce schéma nous emmène droit dans le mur.

… une trajectoire qui rejoint celle de la ville de Grenoble
… QUI MÈNE DROIT À DE NOUVELLES HAUSSES D’IMPÔTS

À Grenoble, Piolle a en plus été contraint d’augmenter la taxe foncière à un niveau record pour faire face. À la Métropole, Ferrari a déjà augmenté la cotisation foncière des entreprises et la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Et leur trajectoire ne laisse que deux possibilités aux élus qui leur succéderont après les élections de mars prochain. Soit faire la même chose, c’est à dire à nouveau augmenter les impôts, comme l’assume déjà à demi-mots le camp de Ruffin et des Verts par la voix de leurs alliés socialistes.

Soit réaliser des économies massives en ayant le courage de fusionner les services villes-métropole, comme le propose Alain Carignon puisque c’est le seul levier permettant de véritablement retrouver des marges de manoeuvres.

UNE NOTE TECHNIQUE LOIN DES CONSÉQUENCES SUR LA VIE QUOTIDIENNE

Il faut bien comprendre que la note de S&P ne repose que sur des ratios techniques. Elle analyse la capacité de la collectivité à continuer à assumer ses crédits et à fonctionner eu égard aux leviers dont elle dispose. Elle ne vient pas prendre en compte d’autres considérations, elle ne vient pas juger si une hausse d’impôts est bonne ou mauvaise, si l’argent de la collectivité est employé à bon escient, pour les besoins des habitants.

Les travaux du pharaonique siège de la métropole, lubie dont les coûts ont explosé, dont le financement pèsera sur les générations futures au détriment d’autres investissements plus prioritaires

Elle ne se demande pas si c’est problématique qu’il reste 0 euro pour entretenir la voirie en 2026, s’il était avisé d’avoir comme projet d’investissement du mandat un siège administratif passé de 46 à 130 millions d’euros, au mépris des urgences en matière de sécurité, de cadre de vie, de social… Elle ne sait pas si il est sain de faire reposer son financement sur le dos des élus des prochains mandat, tout comme le financement d’Athanor, du renouvellement des rames de tram non anticipé… 

LE TRIO QUI VEUT FAIRE PAYER L’ADDITION AUX GRENOBLOIS

Ce bilan, c’est aujourd’hui celui d’un triumvirat : Piolle à la Ville, Ferrari à la Métro, et Laurence Ruffin en héritière désignée pour prolonger le cauchemar. Cette dernière tente de se présenter comme la candidate du « renouveau » en gommant Piolle, mais elle est la continuatrice d’un système qui vide les caisses sans améliorer la vie des habitants. Changer de tête de liste ne changera pas le logiciel : le même dogmatisme, la même brutalité, la même incurie financière resteront au menu.

Et s’ils font le choix de celle-ci, les Grenoblois payeront l’addition. Littéralement. Est-ce que la note de S&P sera suffisante pour les consoler ?

Source Hervé de Greuhnoble