Une vulnérabilité plus forte en Bretagne qu’en moyenne en France
Les factures d’énergie liées au logement (chauffage, eau chaude, etc.) peuvent plomber le budget des familles. En Bretagne, 303 300 ménages étaient même considérés comme vulnérables à ce sujet, en 2021, par l’Insee. Dans une étude publiée ce mardi (*), l’institut de statistiques estime que c’est le cas lorsque les dépenses énergétiques représentent plus de 9,2 % du revenu disponible du foyer. Un ménage breton sur cinq (20,2 %) répond à ce critère de vulnérabilité, ce qui place la Bretagne au 7e rang des 13 régions de métropole. « Cette position médiane s’explique essentiellement par un climat océanique humide mais doux et par un parc de logements constitué plus fréquemment de maisons, mais globalement plus performant, que dans l’ensemble de l’Hexagone », précise Jean-Marc Lardoux, chef de projet à l’Insee Bretagne. La proportion de ménages bretons précaires reste toutefois supérieure à la moyenne française de 17,4 %. Les taux les plus bas sont constatés en Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur (autour des 11,5 %), et le plus élevé en Bourgogne-Franche-Comté (24,0 %).
Pauvreté et passoire énergétique : la double peine
La précarité énergétique trouve ses racines dans des dépenses élevées et des faibles revenus. 60 % des ménages bretons situés sous le seuil de pauvreté sont ainsi considérés comme énergétiquement vulnérables. Les femmes âgées de plus de 75 ans et vivant seules sont particulièrement exposées.
Les passoires énergétiques, classées F ou G, favorisent aussi les difficultés à payer ses factures de chauffage et d’eau chaude : « Ces logements sont plus fréquemment habités par des ménages aux faibles revenus », confirme Jean-Marc Lardoux.
Le chauffage au fioul, encore très présent en Bretagne, est aussi considéré comme un facteur de risque important de précarité énergétique. Quasiment disparu des habitations récentes, il concerne toujours 20 % de celles construites avant 2001 dans la région. La taille du logement est aussi un critère aggravant.
L’Insee établit par ailleurs que la facture annuelle énergétique des ménages vulnérables bretons est bien plus lourde : 2 600 euros en moyenne, contre 1 800 euros pour l’ensemble des foyers de la région.
Une diagonale bretonne de la précarité énergétique
Les habitants du territoire de Carhaix sont les plus touchés par la vulnérabilité énergétique en Bretagne : 41,2 % des ménages locaux doivent y faire face. De manière générale, les territoires les plus ruraux sont les plus affectés, en particulier dans une grande diagonale traversant la Bretagne, du nord-ouest au sud-est. Les mieux lotis sont, en moyenne, les résidants des pays de Rennes, Vannes, Quimper, Saint-Malo, auxquels s’ajoutent ceux de Landerneau et de Liffré-Châteaugiron. Ces six territoires profitent notamment « d’une plus forte proportion de logements collectifs et/ou de logements récents bâtis avec les nouvelles normes de construction basse consommation », signale Jean-Marc Lardoux.
La rénovation des logements jugée efficace
Cette étude de l’Insee, réalisée sur des données de 2021, n’a pas pris en compte les fortes augmentations des prix de l’énergie qui ont suivi, notamment après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Pour anticiper l’impact futur de ces hausses qui pourraient se poursuivre, ses auteurs ont projeté que la part des ménages vulnérables en Bretagne passerait de 20,2 % en 2021 à 29,4 % en 2035, en se basant sur des scénarios d’inflation établis par le FMI et de revenus constants.
La rénovation des logements a été prise en compte dans d’autres simulations, qui montrent qu’en poursuivant la « dynamique régionale des dispositifs d’aide (MaPrimeRénov’) », la part des ménages vulnérables diminuerait à 17,2 % en 2035, à revenus et coût de l’énergie constants. Et même à 13,3 % dans un second scénario, plus volontariste, dénommé « stratégie nationale bas-carbone » (SNBC).
* L’étude a été réalisée en partenariat avec la Direction régionale de l‘environnement, de l’aménagement et du logement de Bretagne (Dreal).