Au 20e étage du Brasilia (8e), Paule et Bernard Caviglioli y habitent depuis 57 ans, suspendus au-dessus de la ville. « On a l’impression de vivre dans une œuvre d’art », glisse Bernard Caviglioli. Une sensation qui ne les a jamais quittées et surtout jamais donné envie de partir. « Même quand on avait les trois enfants, on est restés. On a loué un autre appartement au-dessus pour les ados », se souvient Paule Caviglioli.

Transformer l’appartement n’a jamais été une option : parquet en bois de chêne, volets d’origine… Rien n’a bougé. « L’architecte l’a réalisé comme une sculpture, alors il faut en prendre soin et ne rien modifier », insiste le nonagénaire féru d’art contemporain.

La vue, la lumière, la proximité avec les écoles et les commerces…

Labellisé Patrimoine du XXe siècle, le Brasilia a été construit en 1966. À proximité de la Cité Radieuse de Le Corbusier, cet IGH (Immeuble de grande hauteur) de 65 m de haut abrite 221 logements répartis sur 21 étages. Imaginé par Fernand Boukobza (1926-2012), le Brasilia devrait son nom à un voyage de l’architecte marseillais dans la nouvelle capitale Brésilienne dessinée par Oscar Niemeyer, designer brésilien.

"Certains trouvent les couloirs trop sombres mais c’est tout le cachet du bâtiment. Dans les corridors, l’œil se repose avant de profiter pleinement de la lumière des logements", soutient Paule Caviglioli.« Certains trouvent les couloirs trop sombres mais c’est tout le cachet du bâtiment. Dans les corridors, l’œil se repose avant de profiter pleinement de la lumière des logements », soutient Paule Caviglioli. / PHOTO Gilles Bader

Conçu comme un grand arc de cercle, l’édifice possède des coursives qui desservent les appartements traversants. « Certains trouvent les couloirs trop sombres mais c’est tout le cachet du bâtiment. Dans les corridors, l’œil se repose avant de profiter pleinement de la lumière des logements », soutient Paule Caviglioli. Réalisé en béton et sur pilotis, l’immeuble est réputé pour son escalier de secours à double révolution. « C’est un ascenseur vers le ciel », affirmait Fernand Boukobza.

"Un ascenseur vers le ciel", affirmait Fernand Boukobza pour le définir.« Un ascenseur vers le ciel », affirmait Fernand Boukobza pour le définir. / PHOTO Gilles Bader

Dans les appartements, les atouts ne manquent pas : la vue, la lumière, la proximité… Au 18e étage, Anne B. y réside depuis 10 ans. « J’aime être perchée tout en haut. J’ai une belle vue sur le Frioul et Notre-Dame de la Garde« , se satisfait-elle. Un sentiment partagé par Paule et Bernard. « Ce qui est agréable, c’est la vue. Pendant le confinement, on ne se sentait pas enfermés », se rappelle Paule.

Au 20e étage du Brasilia (8e), Paule et Bernard Caviglioli y habitent depuis 57 ans, suspendus au-dessus de la ville. "On a l’impression de vivre dans une œuvre d’art", glisse Bernard Caviglioli.Au 20e étage du Brasilia (8e), Paule et Bernard Caviglioli y habitent depuis 57 ans, suspendus au-dessus de la ville. « On a l’impression de vivre dans une œuvre d’art », glisse Bernard Caviglioli. / PHOTO Gilles Bader

Perché au 14e étage depuis 43 ans, Patrice Talavera ne regrette pas. « Ma femme n’a pas le permis alors ici, c’est pratique, tout est accessible à pied ou en transports : les plages du Prado, le centre-ville, les écoles, les commerces, le parc Borély… Tout est à portée de main », se réjouit-il.

Des contraintes mais une communauté soudée

Comme au Grand Pavois, dans les IGH, les contraintes sont nombreuses : les contrôles techniques réguliers, les sorties de secours, les dispositifs incendie, la sécurité… « On en a pour 240 000 euros par an, rien que pour le PC de sécurité », affirme Patrice Talavera, président du conseil syndical.

Au Brasilia, les habitants s’entraident. "Par étage et par ascenseur c’est là qu’on se connaît c’est le résultat d’une bonne architecture ça", explique Bernard.Au Brasilia, les habitants s’entraident. « Par étage et par ascenseur c’est là qu’on se connaît c’est le résultat d’une bonne architecture ça », explique Bernard. / PHOTO Gilles Bader

Mais ces contraintes paraissent insignifiantes face au bonheur de résider dans cette tour de béton. Ici, les habitants s’entraident. « Par étage et par ascenseur, c’est là qu’on se connaît, c’est le résultat d’une bonne architecture », explique Bernard.

La composition du bâtiment encourage la convivialité comme en témoignent les concerts donnés par les résidents. Début décembre, Anne B. a organisé une veillée de Noël dans le hall sous le sapin. « C’était formidable de voir les enfants de l’immeuble chanter tous en chœur. On le refera l’année prochaine », assure-t-elle.

Labellisé Patrimoine du XXe siècle, le Brasilia a été construit en 1966. À proximité de la Cité Radieuse de Le Corbusier, cet IGH (Immeuble de grande hauteur) de 65 m de haut abrite 221 logements répartis sur 21 étages.Labellisé Patrimoine du XXe siècle, le Brasilia a été construit en 1966. À proximité de la Cité Radieuse de Le Corbusier, cet IGH (Immeuble de grande hauteur) de 65 m de haut abrite 221 logements répartis sur 21 étages. / PHOTO Gilles Bader

En attendant d’autres événements, le conseil syndical prépare une exposition sur l’architecture du lieu pour célébrer les 60 ans du Brasilia au printemps prochain.