Croissance démographique soutenue, attractivité renforcée, mais fortes inégalités territoriales : la Métropole de Montpellier poursuit sa transformation à grande vitesse. Georges Roques décrypte les déséquilibres, les défis du logement et des transports, et les grands projets structurants appelés à façonner l’avenir du territoire.

On constate que la Métropole a beaucoup évolué, mais pas de manière homogène ?

Absolument. On observe d’importants déséquilibres dans la répartition de la population, et ils ne datent pas d’hier. L’ouest montpelliérain en pâtit particulièrement : il ne bénéficie pas des mêmes équipements, reste mal relié au reste du territoire et a longtemps souffert d’un relatif désintérêt des politiques publiques, même si la situation commence à évoluer.

Montpellier fait partie, avec Toulouse, des métropoles au plus fort taux d’accroissement démographique ?

Oui, et cet accroissement est particulièrement rapide. Il s’explique essentiellement par l’apport de populations extérieures. C’est le résultat de l’attractivité de Montpellier : un climat méditerranéen apprécié, malgré des épisodes pluvieux récents, et surtout une réelle diversité économique. Les industries culturelles et créatives, notamment, constituent un point fort du territoire.

D’où viennent ces nouveaux habitants ?

Ils arrivent principalement des régions voisines et de la région parisienne. Certains viennent pour le travail, d’autres pour bénéficier d’un cadre de vie plus clément. Mais il devient de plus en plus difficile de s’installer à Montpellier. Les nouveaux arrivants peinent à trouver des conditions d’accueil satisfaisantes. Je pense par exemple à un jeune couple de professeurs contraint de s’installer hors de la Métropole, faute de pouvoir se loger à un prix abordable.

Les projets de COM et de LIEN sont fondamentaux

Est-ce le signe que la Métropole profite aux collectivités périphériques ?

Oui, et c’est un phénomène relativement nouveau. D’où l’importance cruciale des relations entre collectivités, notamment en matière de transports, pour relier les agglomérations entre elles. Il faut par ailleurs comprendre que l’échelle territoriale a changé. Elle se regarde à une échelle beaucoup plus large, par rapport à Toulouse, Marseille, Bordeaux et Clermont-Ferrand. Et à cette échelle-là, la Métropole de Montpellier est la plus petite.

A cause de petites villes autour de Montpellier…

Effectivement. À l’exception de Castelnau-le-Lez, et dans une moindre mesure de Saint-Jean-de-Védas, la Métropole est composée de communes de taille modeste. Il faudrait renforcer et valoriser certaines d’entre elles afin qu’elles puissent absorber une partie de la croissance démographique et des activités économiques.

Le développement de Montpellier passe-t-il par les projets autoroutiers du COM à l’ouest et du LIEN au nord ?

C’est fondamental, et cela l’est depuis plus de trente ans. Ce sont des projets qui ont beaucoup tardé. Le COM doit permettre de relier les autoroutes A75 et A9. Aujourd’hui encore, les flux passent par l’avenue de la Liberté. Je ne comprends pas que ce dossier n’ait pas avancé plus vite… mais je ne suis que géographe. Quant au LIEN, il se heurte à des résistances locales, notamment à Grabels, où l’on reconnaît l’utilité publique du projet, mais pas à l’endroit prévu, plutôt un peu plus loin. C’est une forme d’égoïsme municipal…