Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé, ce mardi, à ne faire « cadeau » d’aucun territoire à son homologue russe, Vladimir Poutine, alors que la reconnaissance de régions occupées par Moscou semble être envisagée par Washington. « Nous sommes arrivés à un moment où les deux parties doivent faire des propositions concrètes pour mettre fin à ce conflit », a affirmé à la presse la porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, disant lire un message de son patron, Marco Rubio. « S’il n’y a pas de progrès, nous nous retirerons en tant que médiateurs dans ce processus », a-t-elle ajouté.

Le secrétaire d’État américain avait jugé, dimanche, que les négociations sur l’Ukraine entraient dans une « semaine cruciale ». Il a déjà, à plusieurs reprises, suggéré que les États-Unis pourraient se désengager faute d’accord mais, en parlant explicitement de la fin de la médiation américaine, le message se durcit très visiblement.

Les États-Unis ne veulent « pas d’un cessez-le-feu de trois jours »

Le président américain, Donald Trump, appelle Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l’offensive russe ayant fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires. Depuis son retour au pouvoir, il s’est rapproché de Vladimir Poutine, a entrepris des négociations séparées avec les Russes et les Ukrainiens, rencontré en tête-à-tête, samedi, au Vatican, le président ukrainien et dépêché plusieurs fois son émissaire Steve Witkoff à Moscou.

Le président russe a annoncé, lundi, une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours, du 8 au 10 mai, à l’occasion de la commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie, mais son homologue ukrainien a dénoncé une « tentative de manipulation ». Les États-Unis ne veulent « pas d’un cessez-le-feu de trois jours pour pouvoir célébrer autre chose mais un cessez-le-feu complet et durable et la fin du conflit », a martelé Tammy Bruce.

« Pas de cadeau pour Poutine »

Pour la sénatrice Jeanne Shaheen, principale démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, « le président Trump et son équipe ont terriblement mal géré ces négociations », dénonçant notamment toute reconnaissance russe de la Crimée. « Nous voulons tous que cette guerre se termine de manière équitable, sans cadeau pour Poutine, et surtout pas des terres », a déclaré Volodymyr Zelensky lors d’un sommet régional. La Russie occupe partiellement quatre régions du sud et de l’est de l’Ukraine, dont elle a revendiqué l’annexion en 2022 : celles de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson. Elle a aussi annexé, en 2014, la péninsule ukrainienne de Crimée.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré, lundi, que la reconnaissance internationale de ces annexions était une condition « impérative » pour la fin de la guerre en Ukraine, déclenchée par l’invasion russe de février 2022. L’administration de Donald Trump envisage de reconnaître la Crimée comme russe, voire de pousser l’Ukraine à y renoncer, selon des médias. Volodymyr Zelensky a, de son côté, répété, ces derniers jours, qu’une telle éventualité serait inacceptable pour Kiev. Donald Trump avait estimé, dimanche, que la position du dirigeant ukrainien à ce sujet pourrait changer. Dans son adresse quotidienne, mardi, Volodymyr Zelensky a aussi appelé, une nouvelle fois, la Russie à accepter un cessez-le-feu « inconditionnel et global » de 30 jours.

Des habitants évacués dans la région de Dniepropetrovsk

L’Ukraine a, par ailleurs, annoncé l’évacuation obligatoire d’une centaine d’habitants de villages dans la région centrale de Dniepropetrovsk, longtemps préservée par rapport aux zones de l’est mais désormais sous le feu russe. L’Ukraine annonce régulièrement des évacuations forcées de populations civiles des zones situées le long de la ligne de front.

Les frappes russes sur les infrastructures gazières, pendant l’hiver, ont réduit de moitié la production nationale de gaz en Ukraine, a, pour sa part, annoncé le Premier ministre ukrainien.

La Russie pilonne les installations énergétiques – surtout électriques – ukrainiennes depuis le début de son offensive mais c’est l’hiver dernier, selon des médias, qu’elle a commencé à spécifiquement cibler les sites de production de pétrole et surtout de gaz.