L’attaque sur la résidence de Poutine est surtout un atout pour Moscou, qui annonce déjà des représailles (Vladimir Poutine, ici le 2 octobre 2025)

MIKHAIL METZEL / AFP

L’attaque sur la résidence de Poutine est surtout un atout pour Moscou, qui annonce déjà des représailles (Vladimir Poutine, ici le 2 octobre 2025)

Des accusations, pas de preuves, mais des représailles déjà annoncées. Alors que les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sont toujours en cours sous l’égide de Donald Trump, la situation s’est encore envenimée lundi 29 décembre après une attaque présumée contre l’une des résidences de Vladimir Poutine. La Russie a accusé Kiev d’en être l’auteur, mais celle-ci dément fermement.

Le Kremlin a évoqué « une attaque terroriste utilisant 91 drones contre la résidence d’État du président » et Volodymyr Zelensky a immédiatement qualifié l’information d’« invention pure et simple ». D’ailleurs, plus de 24h après l’incident, le Kremlin a indiqué mardi ne pas avoir de preuves à apporter sur cette attaque.

Lors de son point presse quotidien ce mardi 30 décembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov n’a en effet pas fourni d’éléments étayant les accusations de Moscou, indiquant que tous les drones avaient été détruits par la défense aérienne et renvoyant vers le ministère de la Défense sur la présence d’éventuels débris.

Selon le Kremlin, l’attaque évoquée a été menée dans la nuit, sur une résidence située dans l’oblast de Novgorod, dans le nord-ouest du pays. Cette maison n’est pas la résidence principale de Vladimir Poutine, qui vit à l’année dans une propriété située dans la banlieue ouest de Moscou.

Poutine veut durcir les négociations

En dépit de l’absence de preuves, le Kremlin prévoit déjà des représailles. « Les conséquences se traduiront par un durcissement de la position de négociation de la Fédération de Russie », a d’ores et déjà prévenu le porte-parole du Kremlin. « La position de la Russie sera révisée », avait réagi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lundi, mettant en garde contre des « représailles ».

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiga, a pour sa part réaffirmé ce mardi qu’« aucune attaque de ce type n’a eu lieu ». « Près d’une journée s’est écoulée et la Russie n’a toujours pas fourni de preuves plausibles à l’appui de ses accusations selon lesquelles l’Ukraine aurait attaqué la résidence de Poutine » dans la région de Novgorod, a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.

Lundi, Volodymyr Zelensky avait déjà dénoncé une manœuvre de la Russie visant à trouver de nouvelles raisons pour ralentir les négociations en vue d’un accord de paix, menées depuis des semaines sous la supervision de Washington et qui pourraient bientôt toucher à leur but.

« La Russie récidive, utilisant des déclarations dangereuses pour saper tous les résultats de nos efforts diplomatiques communs avec l’équipe du président Trump », a déclaré le dirigeant ukrainien sur les réseaux sociaux. « Il est essentiel que le monde ne reste pas silencieux aujourd’hui. Nous ne pouvons pas permettre à la Russie de compromettre les efforts visant à instaurer une paix durable », a-t-il ajouté.

Gagner du temps

Selon Jean de Gliniasty, directeur de recherche à l’Iris interrogé par franceinfo, les accusations de la Russie sont difficiles à confirmer dans ce « brouillard de la guerre ». Et surtout, elles arrivent dans une phase qui n’est pas anodine alors que dans les négociations, les solutions sur les garanties de sécurité, avec la présence des Européens, sont en train d’émerger. Ce qui est loin de plaire au Kremlin.

« Le moindre prétexte sera utilisé pour les Russes, par les Russes, pour durcir leur position et retarder l’échéance d’un accord », estime Jean de Gliniasty pour qui cette histoire « fait le jeu de la Russie, très clairement ».