Il était inimaginable pour eux de les laisser dormir une nouvelle nuit dehors. Dimanche 27 avril 2025 au soir, le collectif de soutien aux personnes sans papiers est entré, sans demande préalable, dans l’église Saint-Luc, située dans le quartier de Villejean à Rennes, pour y loger deux familles comoriennes. « Je m’apprêtais à partir, rapporte le père Luc Pialoux. J’ai pris le temps de discuter avec ces familles, en grande précarité. »
Elles vivaient auparavant dans un bidonville à Mayotte, où elles avaient une carte de séjour. La première famille est arrivée en Métropole en 2023, pour soigner l’une de ses six enfants, « sur les conseils de médecins de Mayotte ». Celle-ci est désormais suivie par l’hôpital Sud de Rennes. Une autre des filles de la famille est scolarisée dans un collège rennais.
La seconde famille est arrivée en Métropole en janvier 2024 avec leurs huit enfants, pour un accouchement. Un de leurs fils est scolarisé dans une école à Saint-Jacques-de-la-Lande.
Pour ces deux familles, « le titre de séjour mahorais n’est pas valide ici », explique Camille, du collectif de soutien. Leur demande à la préfecture n’a pas abouti.
« Nous ne pouvons décemment pas remettre ces deux familles à la rue »
À la rue depuis un mois, les deux familles ont pu compter sur le soutien du collectif. « Nous avons été au Département et occupé leurs locaux pour leur demander de trouver des solutions », en vain. Le collectif a cherché également des solutions à l’École des hautes études en santé publique, avant de se rendre à l’église Saint-Luc.
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Pour les familles, la première nuit s’est passée au sein même de l’église. « Nous les avons ensuite installées de façon provisoire dans des salles paroissiales pour deux nuits », détaille le prêtre.
Cette paroisse engagée accueille déjà des familles migrantes depuis quatre ans dans d’autres salles paroissiales inoccupées. Mais celles recevant actuellement les nouveaux arrivants le sont. « Nous ne pouvons décemment pas remettre ces deux familles comoriennes à la rue, confie le prêtre. On étudie ce que l’on peut faire. »
Le collectif en appelle à l’État pour « loger ces familles » et demande, à propos des titres de séjour, « que le droit appliqué à Mayotte soit le même qu’en France métropolitaine ».
« Sur ce sujet si épineux de la question des migrants, je souhaiterais vraiment que l’intelligence collective puisse s’exercer entre toutes les instances investies, que ce soit les associations, l’État, les municipalités, les communautés, conclut le père Luc Pialoux. Je suis sûr que par le dialogue, on peut trouver un chemin et une vision commune. »