Alors que l’année 2025 touche à sa fin, voici venue l’heure du traditionnel coup d’oeil dans le rétro. A Mediacités Lille, nous sacrifions d’autant plus volontiers à cette habitude des classements et autre « best of » que l’année écoulée a été riche en « bons » sujets. Nous vous proposons donc deux « Top 5 ». Celui, complètement subjectif, de la rédaction ; et celui, plus statistique, des articles ou des séries d’articles les plus consultés. Avec, en cadeau de Noël, une rediffusion de notre « série d’été » consacrée à la célèbre pâtisserie lilloise, Méert, et à sa non moins célèbre gaufre. Alors bonne lecture… et bonne année 2026 !

LA SÉLECTION DE LA RÉDACTION
1/ L’enquête la plus épineuse

C’est un huis‐clos, dont les protagonistes relaient des récits très différents. Aux Arts et Métiers de Lille, célèbre école d’ingénieurs installée depuis plus d’un siècle dans d’imposants bâtiments du boulevard Louis XIV, nous découvrons en début d’année l’ampleur d’une crise qui chahute depuis de longs mois l’institution.

EnsamEn crise depuis plusieurs mois, le campus lillois d’Arts et Métiers est visé par une enquête du ministère de l’Enseignement supérieur. Photo : Matthieu Slisse / Mediacités

À l’automne 2024, une élève de première année accuse la directrice du campus de l’avoir « étranglée » – selon les termes repris par La Voix du Nord. Les faits se seraient déroulés en marge d’une soirée d’intégration qui avait lieu dans une cour de l’école, le 11 novembre. Élèves, anciens élèves, représentants étudiants, professeurs… Mediacités multiplie les entretiens pour retracer le cours des événements. Au fil de nos échanges, nous comprenons de mieux en mieux le contexte d’intenses tensions qui couve.

En avril, nous apprenons que l’Inspection générale de l’enseignement supérieur (IGESR) travaille également à éclaircir les événements. Selon des extraits de son rapport, la mission a conclu à une absence d’étranglement… mais malgré nos nombreuses demandes en ce sens, l’intégralité de ce document n’a toujours pas été rendu public. Depuis notre article, la justice, saisie par l’avocat de l’étudiante plaignante, a refusé de se prononcer sur le fond de l’affaire et la directrice a démissionné.

« Agression », « harcèlement »… Enquête du ministère de l’Enseignement supérieur aux Arts et Métiers de Lille

2/ Les révélations les plus choquantes

André Dupon, président de l’entreprise lilloise d’insertion Vitamine T et figure de l’économie sociale et solidaire en France, devait se voir remis les insignes d’officier de la Légion d’honneur le 3 décembre. Il n’en sera finalement rien. La publication par Mediacités d’un article révélant son passé d’éducateur au foyer traditionaliste catholique de Riaumont, à Liévin, à la fin des années 1970, et une lettre ouverte de protestation de nombreux anciens pensionnaires a conduit la Grande chancellerie de l’ordre à annuler la cérémonie.

André Dupon, président du groupe Vitamine T, récompensé du prix d’honneur du management humain lors de la remise des trophées des territoires en 2021. Il fait l’objet de trois plaintes pour violence d’anciens pensionnaires du foyer de Riaumont. Photo : Facebook Groupe Vitamine T

Publiée le 27 novembre, notre enquête a dévoilé le contenu de trois plaintes d’ex-pensionnaires qui accusent André Dupon d’agression sexuelle et de violences physiques dans une institution où la violence était systémique de la part de prêtres et d’encadrants laïcs. Les faits reprochés à André Dupon, décrit comme « un des pires » éducateurs, sont particulièrement choquants, s’agissant de coups de pied, de coups de poing, de violences qui auraient été jusqu’à assommer l’un des plaignants ou de marches forcées de nuit… Ces faits remontant à une cinquantaine d’années étant prescrits, ils n’ont pas fait l’objet d’une enquête par la justice et André Dupon reste présumé innocent.

Mais la lettre envoyée la même semaine par un collectif de victimes du foyer a convaincu la Grande chancellerie de la légion d’honneur d’ordonner la suspension de la remise de la décoration. « Il n’est pas tolérable que Monsieur Dupon continue à parader devant les médias donnant l’image d’un homme vertueux, notable lillois, reconnu dans la région Hauts‐de‐France et même au‐delà, écrivent notamment ces anciens pensionnaires ». Et d’ajouter : « Chaque encadrant de Riaumont qui a pratiqué des actes de violences répétées sur des enfants doit répondre de ses actes. Nous avons été traumatisés à vie. Nous porterons ces blessures jusqu’à la fin. (…) Nous sommes des survivants. »

André Dupon, patron de Vitamine T, rattrapé par les accusations d’enfants martyrs de Riaumont

3/ L’enquête la plus longue faire aboutir

Le département du Nord a été l’un des premiers à durcir le système de sanctions visant les citoyens les plus précaires qui bénéficient du Revenu de solidarité active (RSA). Son président divers‐droite, Christian Poiret, a décidé fin octobre 2024 de supprimer 80 % du montant de l’allocation en cas de premier manquement (une simple absence à un rendez‐vous peut suffire), et jusqu’à 100 % si cela se reproduit. Dès cette annonce, Mediacités a cherché le bon moyen de rendre compte de cette nouvelle politique emblématique du durcissement des conditions d’attribution de cette aide sociale, dans un département particulièrement touché par la pauvreté. Mais mener cette enquête s’est avéré plus difficile que prévu.

Christian Poiret et Doriane Bécue lors de la semaine « Réussir sans attendre » organisée par le département en octobre. Source : Facebook de Christian Poiret.

Pendant plusieurs mois, Mediacités a analysé cette réforme opaque, très peu évaluée et abordée par le département en séance publique. Sans chiffres, sans accès aux Maisons Nord Emploi qui s’occupent de l’appliquer et sans possibilité de recueillir le témoignage des principaux responsables de cette politique publique, nous avons dû redoubler d’efforts pour trouver des données et des témoignages pour confirmer les informations qui nous avaient été transmises.

Nous avons également pris le temps de discuter avec un maximum d’allocataires concernés – en lien avec des structures syndicales et associatives ou non – afin de retransmettre le plus fidèlement leurs appréhensions. La parution de cet article a suscité de multiples réactions, à commencer par celle de Doriane Bécue, la vice‐présidente du département chargée du Retour à l’emploi et à l’insertion, qui n’avait pas souhaité nous rencontrer en amont.

Allocataires plus sanctionnés et angoissés, personnels déprimés : le « RSA rénové » fait des dégâts dans le Nord

4/ L’enquête la plus internationale

Les centaines de millions investis dans la rénovation urbaine permettent‐ils de lutter efficacement contre le trafic de drogue ? C’est de cette interrogation qu’est venue l’idée de la collaboration nouée à la fin 2024 avec Vers Beton, un journal en ligne d’investigation locale basé à Rotterdam. Le projet ? Mener une enquête croisée sur l’impact du narcotrafic sur les projets de requalification de deux quartiers populaires : Lille‐Sud et Rotterdam Sud. Le tout étant financé par une bourse de l’ONG Journalismfund qui nous a permis de consacrer une petite équipe à ce sujet pendant plusieurs mois. Car enquêter sur le trafic de drogue est difficile et prend du temps. Or, comme dit l’adage, le temps, c’est de l’argent…

Voiture Police Lille Sud 3Une camionnette de police en patrouille rue de l’Arbrisseau, à Lille Sud. Photo : Nadia Daki

De ce travail au long cours est sortie une série de cinq articles qui dressent l’état des lieux du trafic de drogue à Lille‐Sud depuis les nombreux travaux de transformation du quartier, avec, en prime, le regard d’une journaliste néerlandaise sur cette situation. Mais nous ne nous ne sommes pas contentés d’effectuer des constats. Nous avons également examiné les solutions. Celles mises en oeuvre, notamment au niveau du collège du quartier, pour essayer de détourner les jeunes des opportunités faciles offertes par le deal. Mais aussi celles employées à Rotterdam pour endiguer les trafics et changer les quartiers.

  1. A Lille‐Sud, les grands moyens de la rénovation urbaine buttent toujours sur le trafic de drogue
  2. Partage du bsiness, guetteurs à trottinette et toxicos SDF : à Lille‐Sud, le trafic de drogue s’enracine
  3. Nouvelles maisons, vieux problèmes : le regard d’un média néerlandais sur la rénovation de Lille‐Sud
  4. La tactique de Rotterdam dont Lille pourrait s’inspirer face au trafic de drogue<:$/li>
  5. La bataille de Lille‐Sud pour empêcher ses jeunes de basculer dans le trafic de stups

5/ L’enquête la plus technique
Dunkerque – CO2 PétrochimieL’usine pétrochimique de Mardyck compte parmi les trois sites industriels les plus polluants de la zone industrialo‐portuaire de Dunkerque. Photo : Matthieu Slisse (retouchée par Mediacités)

Se décarboner… sans pour autant rogner ses marges. C’est la difficile, sinon impossible, équation qui est posée aux principaux industriels du Dunkerquois, la capitale française de l’aluminium, de l’acier ou encore de la pétrochimie.

Alors que la France vise la neutralité carbone en 2050, la baisse drastique de ces sites qui comptent parmi les plus polluants du pays est une absolue nécessité. Modèles économiques, filières d’approvisionnement, procédés techniques… Mediacités s’est plongé dans les coulisses du “verdissement” de l’industrie pour proposer une série d’articles pointus et accessibles sur un enjeu sociétal majeur au traitement médiatique le plus souvent cantonné aux quotidiens spécialisés.

À Dunkerque, capitale française de la pollution, le mirage d’une industrie « verte »

LE TOP 5 DES ARTICLES LES PLUS LUS
1 / Le rapport qui confirme le sur‐contrôle des établissements musulmans
Violette Spillebout, co‐rapporteure de la commission d’enquête sur les modalités du contrôle par l’État dans les établissements scolaires  juge que le lycée musulman Averroès a connu un « traitement particulier ». Photo : Jacques Witt/SIPA/2404301944

Comme l’année précédente, l’article le plus consulté en 2024 concerne le lycée privé musulman Averroès. Alors que l’établissement confessionnel de Lille‐Sud a vu ses subventions rétablies par le tribunal administratif, Mediacités s’est entretenu avec la député nordiste Violette Spillebout. Aux côtés du parlementaire insoumis Paul Vannier, elle s’est plongée durant de longs mois dans les lacunes du contrôle des établissements privés. Elle confirme qu’au cours de la dernière décennie, les établissements musulmans sous‐contrat (pourtant très rares en France) ont fait l’objet d’une vigilance plus intense de la part des services de l’État que les établissements privés catholiques, qui, eux, connaissent une absence quasi totale de contrôles.

Violette Spillebout : « Il y a une inégalité de traitement entre les établissements musulmans et les autres »

2 / Les agents municipaux lillois rappelés à l’obligation de parler français
Illu Note DGS Lille (1)Le 30 juin, le directeur général des services de la ville de Lille a diffusé une note à l’ensemble des agents pour les rappeler à leur obligation d’employer le français. Face aux nombreuses réactions indignées, le DGS a retiré son texte.

Patrick Pincet, le directeur général des services de la ville de Lille, se serait bien passé de cette polémique juste avant le grand départ en vacances d’été des agents municipaux. Le patron des fonctionnaires lillois s’est retrouvé au cœur d’une tempête interne après la diffusion d’une note rappelant aux agents leur obligation d’utiliser le français dans leurs échanges. Un texte vécu comme stigmatisant par beaucoup d’entre elles et eux, qui a incité les syndicats à monter au créneau. Après avoir défendu son rôle de devoir rappeler parfois certaines règles, le DGS s’est excusé pour la forme employée, avant de finalement retirer son texte.

Agents de la ville de Lille sommés de parler français : après la polémique, le mea culpa du patron des services

3 / La difficile concertation sur la rénovation urbaine à Wazemmes
Rue murée 2Dans le quartier de Wazemmes concerné par un projet de rénovation urbaine, les maisons préemptées et murées sont de plus en plus nombreuses, au détriment du cadre de vie des habitants encore présents. Photo Stéphanie Maurice.

Comme ailleurs dans la ville, le quartier populaire de Wazemmes poursuit sa mue. Dans le secteur Iéna‐Mexico, les maisons préemptées et murées sont de plus en plus nombreuses, rendant la vie plus difficile aux riverains. La Fabrique des quartiers, opérateur de la métropole pour la rénovation urbaine, missionné pour porter l’opération de requalification doit trouver les moyens de faire vivre une participation des habitants pour renforcer l’adhésion au projet. Mais le temps de l’aménagement public n’est pas celui du quotidien des riverains. Entre les ambitions de la ville, incarnée par La Fabrique des quartiers, et les attentes des habitants, Mediacités a pu saisir à quel point il est difficile pour les deux parties de se comprendre.

Rénovation urbaine à Wazemmes : « On leur a dit, c’est un truc de bobos, ce n’est pas ça qu’on a envie de faire »

4/ La saga de la succession de Martine Aubry
Conf Aubry 2Martine Aubry lors de sa conférence de presse le 6 mars 2025

Martine Aubry a quitté le fauteuil de maire de Lille en mars 2025, après 24 ans passés au beffroi. À un an de la fin de son quatrième mandat, elle a passé la main à son premier adjoint Arnaud Deslandes, mettant un terme à une bataille interne avec la sénatrice Audrey Linkenheld, pourtant longtemps présentée comme sa favorite. Pendant des mois, au fil d’articles successifs, Mediacités a suivi les coulisses de cette succession emblématique, qui s’est dénouée dans le secret de quelques bureaux à l’hôtel de ville. Le départ tardif de Martine Aubry rend le scrutin particulièrement ouvert après sa courte victoire arrachée au Vert Stéphane Baly lors de l’élection municipale de 2020. Six ans plus tard, écologistes et insoumis sont en ordre de bataille pour tenter de prendre le pouvoir aux socialistes qui règnent sur Lille depuis soixante‐dix ans. Une saga à suivre jusqu’en mars 2026.

  1. Succession de Martine Aubry : récit d’une vraie‐fausse indécision
  2. De Martine Aubry à Arnaud Deslandes, les coulisses d’un choix de raison
  3. Démission de Martine Aubry : un show d’adieu et une intronisation d’Arnaud Deslandes très sobre

5/ L’épilogue de l’affaire « Damien Castelain »
Damien Castelain, ici lors de son procès de première instance à Lille, en février 2024. Photo Matthieu Slisse pour Mediacités.

La justice a tranché en cette fin d’année 2025 pour Damien Castelain. Celui qui était président de la Métropole européenne de Lille (MEL) depuis 2014 a été contraint de démissionner après avoir été définitivement condamné pour détournements de fonds publics, prise illégale d’intérêts et recel d’abus de confiance. Pour Mediacités, la décision de la cour d’appel de Douai rendue le 16 décembre marque l’épilogue d’une trop longue affaire née en grande partie avec nos révélations. Celles qui nous ont valu la « haine » publique du président Castelain, la censure constante de son institution et l’hostilité de trop nombreux élus qui nous ont jugé trop sévère avec Damien Castelain. Nous nous répétons mais il faut : Mediacités n’est ni sévère ni laxiste. Surtout, Mediacités ne rend pas la justice. Notre journal se contente de révéler des faits dont la justice, parfois, doit se saisir. Notre rôle est ni plus ni moins que celui d’un contre‐pouvoir démocratique.

  1. La grosse bourde qui condamne déjà le président de la métropole de Lille
  2. Condamné en appel, Damien Castelain va devoir quitter la présidence de la Métropole de Lille
  3. Procès Castelain : un verdict aux lourdes conséquences pour la Métropole de Lille
  4. Jugement Castelain : la sévérité des juges face à la très grande mansuétude des élus de la MEL

3/ MÉERT, UNE SAGA LILLOISE
Couv Ep1 MeertYero Diallo, 28 ans, pâtissier chez Méert depuis 2019, a la lourde tâche d’élaborer les célèbres gaufres. Ici dans le laboratoire parisien que la maison a ouvert au printemps 2024. Photo : Matthieu Slisse / Mediacités

Le nom, indissociable de Lille, est celui de l’une des plus anciennes pâtisseries de France encore en activité. Ses patrons actuels, Thierry Landron et Paul‐Henry Guermonprez ont fait de son histoire une véritable success‐story. Mais connaissez‐vous vraiment tous les secrets de Méert ? En proposant une série de six épisodes, Mediacités a gratté le vernis de la légende pour vous raconter à sa manière l’histoire de l’iconique maison et de sa célèbre gaufre. L’occasion de revenir sur son origine, sa fabrication, ou sur la boutique mythique de la rue Esquermoise, qui voit chaque année défiler célébrités et centaines de milliers de touristes, rachetée il y a trente ans par un duo détonnant formé par un expert‐comptable et un promoteur immobilier. Deux entrepreneurs qui répètent depuis des années leur envie d’aller faire le tour du monde, en implantant des boutiques à Dubaï, Londres, New York ou Tokyo. Visiblement, il faudra encore patienter. Le dernier point de vente en date a ouvert en octobre 2025… à Marcq‐en‐Baroeul.

  1. Aussi mythique que mythifiée : les secrets du succès de la gaufre Méert
  2. Les gaufres Méert, les préférées du général De Gaulle et de Marguerite Yourcenar : vraiment ?
  3. Ce que vous ne saviez probablement pas sur l’histoire de Méert
  4. Pourvu que ça brille : au 27 rue Esquermoise, les dessous de l’esprit Méert
  5. Après bien des déboires, la gaufre Méert va‐t‐elle réussir un jour à conquérir le monde ?
  6. Comment un promoteur immobilier et un expert‐comptable ont mis la main sur Méert