À une cinquantaine de kilomètres à vol d’oiseau de la commune, sous la surface tranquille de la Méditerranée, se dissimule un site archéologique sans équivalent : la grotte Cosquer. L’entrée, aujourd’hui immergée à plus de trente mètres de profondeur, en fait un cas unique à l’échelle mondiale et un témoignage précieux de la préhistoire méditerranéenne.
Une découverte sans certitude et un secret gardé
En 1985, le plongeur professionnel Henri Cosquer explore les fonds marins des calanques. Après un long tunnel noyé, il débouche sur une cavité sèche. Sur les parois, des formes apparaissent. Des marques. Rien qui ne s’impose immédiatement comme une révélation. « Je ne savais pas ce que j’avais découvert au début. Mais c’est en voyant une main peinte sur un mur que je me suis interrogé. Je n’ai pas pensé à quelque chose qui ait traversé le temps. Je viens de Marseille : dans la ville, les tagueurs sont nombreux. Ma première pensée a été : “Même là, ils viennent ? À 37 mètres de fond ! »
Peu à peu, le doute devient certitude. Et avec elle, une décision lourde : se taire. Henri Cosquer comprend que la reconnaissance officielle du site signifiera aussi la fin de ses plongées, pour des raisons de sécurité autant que de préservation. Alors, avant que le secret ne lui échappe, il redescend. À plusieurs reprises. Photographie, filme, consigne, archive. Non par méthode scientifique, mais par intuition, conscient de la fragilité de ce qu’il observe.
Officiellement, le secret demeure. Officieusement, il circule. Dans la communauté des plongeurs, l’existence d’une cavité mystérieuse se murmure. Au début des années 1990, trois hommes tentent de s’y rendre. Pris au piège dans le long tunnel immergé, ils n’en ressortiront pas. L’accès à la grotte est aussitôt condamné par une grille métallique, fermée par un cadenas, afin d’en interdire définitivement l’entrée.
Des phoques et des pingouins en Provence ?
Lorsque les scientifiques s’en saisissent, l’ampleur de la découverte apparaît dans toute sa dimension : plus de 500 figures pariétales, datées de 19 000 à 27 000 ans, représentant chevaux, bisons, bouquetins, mais aussi phoques et pingouins, des animaux inattendus en notre région, témoins d’un climat et d’un paysage aujourd’hui disparus.
Ces représentations racontent une Provence méconnaissable. À l’époque, le niveau de la mer est bien plus bas et l’entrée de la grotte se trouve à l’air libre. Le climat est plus froid, les paysages différents. La grotte Cosquer devient alors plus qu’un chef-d’œuvre pariétal : un repère dans le temps long, un témoin des bouleversements anciens… et un miroir tendu à notre époque. Car ce site exceptionnel est aujourd’hui menacé. La montée progressive du niveau de la mer a déjà englouti une partie de la grotte. Les œuvres restantes sont fragiles, vouées à disparaître à terme.
Une rencontre d’exception
Pour permettre au public d’en appréhender la richesse, une réplique fidèle, Cosquer Méditerranée, a été ouverte à Marseille. Mais l’association les Matriochkas vous propose bien mieux ce dimanche 4 janvier, avec une rencontre exceptionnelle avec Henri Cosquer et Thierry Félix, préhistorien, à l’Espace Malraux. Les deux hommes dévoileront les images prises sous les eaux et répondront aux questions.
Pratique dimanche 4 janvier à 16 h à l’Espace Malraux de Six-Fours. Réservation obligatoire par mail à Matriochkavar83@gmail.com ou au 06.70.09.01.80.