Malgré un pouvoir affaibli, le chef de l’État souhaite que 2026 soit une année utile.
Ce seront les neuvièmes du genre mais surtout les derniers « utiles »… Durant ses courtes vacances au fort de Brégançon, Emmanuel Macron a donc soupesé chaque mot de ses vœux aux Français, à tel point que le texte n’était toujours pas finalisé à l’heure où ces lignes s’écrivaient.
Le Président remaniera sa mouture jusqu’à la dernière seconde et peut-être même après. Car l’exercice est encore plus complexe en cette dernière année de mandat. Le locataire de l’Élysée doit dire au revoir sans encore fermer la porte. Il veut faire de l’année qui vient une année utile, donc, et faire mentir ceux qui assurent que rien ne se passera avant la prochaine présidentielle. Exister encore…
Ukraine, la toile de fond
« Unis, déterminés et solidaires », ces trois mots martelés lors de son allocution du 31 décembre 2024 devraient à nouveau être au cœur de l’intervention du Président, ce mercredi. Comme si en une année, rien n’avait changé. Comme si les urgences, restées les mêmes, imposaient toujours cette union et cette détermination auxquelles Emmanuel Macron encourageait alors les Français.
Durant cette allocution d’une dizaine de minutes, qui sera enregistrée en toute fin de journée, le contexte international occupera une place prédominante. Selon les mots de l’Élysée, il en sera même « la toile de fond ». Les menaces qui restent présentes aux frontières de l’Hexagone seront rappelées par le chef de l’État, et notamment la menace russe. Délesté de ses autres fonctions, le président sera plus que jamais chef des armées.
French bashing
Mais Emmanuel Macron n’en oubliera pas pour autant la situation nationale. Il entend notamment combattre une forme de french bashing, de dénigrement, qu’il entend monter de part et d’autre de la sphère politique. Il souhaite rappeler les succès de l’économie française et se féliciter que la France ait emporté cette année deux prix Nobel. Michel Devoret vient de recevoir le Prix Nobel de physique pour ses travaux en mécanique quantique macroscopique et le prix Nobel d’économie a été attribué en octobre à Philippe Aghion. Une manière pour le président de réhabiliter son bilan, de montrer que les deux secteurs dans lesquels il s’est beaucoup investi, l’économie et la recherche, n’ont pas eu à souffrir de sa décision de dissoudre l’Assemblée, qui paralyse la France depuis un an.
D’ailleurs, s’il n’entend pas dire un mot des tractations budgétaires en cours, selon l’Élysée, Emmanuel Macron aura à cœur de souligner que l’Assemblée fonctionne mieux qu’en 2024. Les compromis qui n’avaient alors pas été possibles pour faire voter les budgets l’ont été au moins autour du financement de la sécurité sociale.
« On progresse »
« On progresse », commentait l’Élysée, mardi. Manière de dire que la décision du 9 juin 2024 n’est finalement pas si funeste et qu’il est possible qu’elle ne reste pas éternellement reprochée au chef de l’État.
Enfin, ce dernier se projettera sur 2026, car il veut montrer que, bien qu’empêché, il agit encore. Emmanuel Macron évoquera la future mise en place du service national, qui doit débuter à l’été ; des annonces concernant la régulation de l’utilisation des écrans qui interviendront dès janvier et la mise en place de la loi sur la fin de vie.
Si la réforme devait s’enliser au Sénat, le chef de l’État envisage de recourir à un référendum. Il entend faire passer le message que, dans cinq ou peut-être dix ans, l’année 2026 sera retenue comme une année utile au pays. Cinq ans ? Dix ans ? L’échéance sonne comme un rendez-vous. Un rendez-vous pour l’histoire mais peut-être aussi un rendez-vous donné aux électeurs.
Un emprunt record de 310 milliards
La France devrait emprunter, comme prévu, le montant record de 310 Md€ en 2026 sur les marchés, malgré l’absence de budget, a confirmé, ce mardi 30 décembre 2025, l’Agence France Trésor (AFT), chargée de la gestion de la dette de l’État. Somme qui sera « susceptible d’être ajustée, si nécessaire, en fonction de la loi de finances pour 2026 ».
Faute de budget adopté avant l’échéance du 31 décembre, Bercy a publié, mardi, comme l’an dernier, des intentions fiscales, confirmant sa volonté de maintenir des avantages fiscaux pour l’agriculture, ou encore l’Outre-Mer avec un effet rétroactif au 1er janvier.
Le Conseil constitutionnel, saisi par LFI, a validé, également mardi, la plupart des mesures du budget 2026 de la Sécurité sociale, censurant une disposition redéfinissant l’incapacité de travail.