Annoncé dès juin 2024, le plan destiné à transformer la compagnie aérienne Air Corsica est enfin validé. L’objectif est d’économiser 30 millions d’euros par an en diminuant les dépenses et en augmentant les recettes par la diversification de son activité dont 90 % dépendent du service public.
Une épreuve de force pour cette compagnie qui emploie 720 salariés, qui déclare un déficit d’exploitation de 15 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 245 millions et dont l’actionnaire principal est la Collectivité de Corse. Le contexte est particulièrement défavorable : un marché aérien très concurrentiel et de plus en plus taxé ainsi que des subventions publiques incertaines.
Dix mois de dialogue social, 375 personnels au sol concernés
Les salariés sont cependant bien conscients de la nécessité d’un changement, assurent Marie-Hélène Casanova Servas et Pierre Muracciole, respectivement présidente du conseil de surveillance et président du directoire.
Dix mois de dialogue avec les partenaires sociaux ont ainsi abouti à un accord de rupture conventionnelle collective en mars dernier suivi d’un plan de restructuration des services approuvés il y a quelques jours par la Dreets (Direction régionale de l’économie de l’emploi et du travail).
La convention mise sur le départ volontaire de 60 personnels au sol – hors mécaniciens – et de 10 personnels navigants commerciaux (hôtesses et stewards). Les personnels navigants techniques et les pilotes dont le recrutement s’avère difficile sur un marché tendu, sont exclus de cette proposition.
Au total, 375 salariés sont concernés par cet appel au départ volontaire ouvert depuis le 1er avril jusqu’au 30 juin prochain. « Une fois négociés, les départs pourront intervenir sur une durée de deux ans, jusqu’au 31 mars 2027 », précise Lisa Riccini, DRH d’Air Corsica. La direction pourra donc mesurer dans trois mois la réduction de la masse salariale.
La convention n’empêche toutefois pas de nouvelles embauches. « Nous avons besoin d’ingénieurs, d’informaticiens, d’un certain nombre de compétences pour préparer l’avenir », confirme Pierre Muracciole. Car outre le plan de départs, une réorganisation des services est en cours pour permettre à la compagnie d’être plus compétitive et d’investir dans des lignes hors service public.
L’annualisation prochaine du Rome-Ajaccio, l’ouverture de la ligne Bastia-Toulouse et de Nice-Florence sont notamment attendues.
Pour Air Corsica, le temps presse : le renouvellement de la délégation de service public de la continuité territoriale interviendra dans deux ans. La bataille avait été gagnée sur le fil en juin 2024 contre la compagnie Volotea mais le contexte de réduction de l’argent public fait redouter, comme le souligne Pierre Muracciole, une diminution du périmètre de la DSP (délégation de service public) et un retour en force de la concurrence.
Autant d’éléments que les salariés ont bien à l’esprit, affirme François Cipriani du STC, syndicat majoritaire : « Les discussions avec la direction ont parfois été houleuses mais le dialogue a été constructif. Nous n’avons pas toujours obtenu l’unanimité auprès des salariés mais au vu des échéances à venir avec la prochaine DSP, il y a matière à s’inquiéter. Si nous nous présentons tels que nous sommes aujourd’hui, on va au carton ».