Et de neuf. Depuis la guerre d’invasion lancée par Vladimir Poutine en Ukraine en février 2022, l’association SOS-Ouman basée à Rognes et co-fondée par Denis Hiault, a réalisé neuf allers-retours avec des camions remplis de matériel en tout genre. Le dernier convoi composé de sept fourgons partis de toute la France, dont trois au départ du village du pays d’Aix où une trentaine de bénévoles sont mobilisés, a pris la route le 1er avril pour une livraison au plus près des humanitaires et des hôpitaux ukrainiens dans la ville d’Ouman.

Médicaments, matériel hospitalier, fournitures scolaires, vêtements, nourriture… La liste des besoins est longue pour le peuple ukrainien qui fait face à une situation encore plus tendue depuis le retour de Donald Trump à la Maison blanche. Et malgré le revirement de l’allié américain, la générosité ne faiblit pas. La menace grandissante de voir une défaite humiliante de Kiev dope davantage la solidarité de certains en France pour épauler l’Ukraine.

« On n’a jamais reçu sur une période aussi courte autant de dons numéraires et en nature que depuis le début de l’année. Paradoxalement, il y a un effet Trump. Ce qui est perçu comme des outrances a réveillé l’intérêt et la solidarité. On a beaucoup de témoignages de gens qui nous viennent en aide et qui nous disent qu’ils ne peuvent pas laisser tomber les Ukrainiens comme les Américains semblent être en train de le faire », explique Denis Hiault, président de SOS-Ouman.

« Tous ces dons sont précieux »

Les dons financiers peuvent aller de « 50 à 1 000 euros » pour des particuliers. Des fondations peuvent même fournir jusqu’à plusieurs milliers d’euros. « Le record c’est 10 000 euros », partage le dirigeant associatif qui ne souhaite pas révéler, pour l’instant, l’identité de ce généreux donateur. Côté matériel, l’association reçoit de la part de pharmacies, d’hôpitaux ou d’Ehpad des médicaments et du matériel lourd hospitalier « avec des dizaines de lits hospitaliers », des fauteuils ou encore des déambulateurs. « Tous ces dons sont précieux, quand on sait qu’il y a des dizaines et des dizaines de milliers de blessés graves », souligne l’ancien journaliste à l’AFP.

Depuis le début de son engagement, l’association provençale a pris de l’ampleur, notamment grâce à son expertise et sa crédibilité. Et avec les livraisons effectuées « sur place, pour s’assurer que cela aille au bon endroit et qu’il n’y ait pas de perte ». SOS-Ouman compte désormais « six bases » dans tout le pays. Et des partenariats ont aussi été signés avec trois autres collectifs : la branche méditerranéenne d’Actions Humanitaires basée à Marseille, l’association Sauveteurs secouristes du pays d’Aix et l’association Sud Luberon Solidarités située à Lauris dans le Vaucluse.

Et ce n’est pas fini. « On ne va pas lâcher », martèle Denis Hiault. Un nouveau poids lourd avec plusieurs tonnes de « matériel divers » à son bord, dont notamment des fournitures scolaires, va se rendre en Ukraine en mai. Et un dixième convoi de l’association doit se diriger à nouveau à Ouman cet été. Les dons financiers comme matériel sont ainsi toujours les bienvenus pour l’association.

À l’heure des tractations menées par Washington, comment le dirigeant de SOS-Ouman imagine la suite pour l’association en cas de signature d’un traité de paix ? « Si on passe à une période de paix et de reconstruction, notre rôle sera peut-être moindre. Il y a des pays et des grandes sociétés qui vont prendre la relève. Donc, on verra en fonction des besoins. Mais on aimerait retourner au moins une fois dans une Ukraine en paix afin de célébrer avec des gens remarquables de résistance et de résilience. »

L’association recherche un lieu pour une exposition de dessins d’enfants ukrainiens

Après avoir trouvé un plus grand local à Rognes pour stocker tout le matériel reçu, l’association SOS-Ouman est actuellement à la recherche d’une salle pour réaliser une exposition à partir de dessins d’enfants ukrainiens. Ces dessins réalisés par des écoliers d’Ouman et de Jytomyr âgés de 5 à 7 ans ont pour thème la guerre et la paix.

« C’est extrêmement poignant de voir ce que subissent les Ukrainiens, ou aussi leurs aspirations, dans la tête des enfants », précise Denis Hiault qui va revenir du convoi en cours d’acheminement avec une centaine de ces dessins. Ce dernier souhaiterait aussi que cette exposition soit présentée dans les écoles de la région. Les sommes récoltées grâce à cette exposition seront ensuite dédiées aux missions de l’association.