Sacré revers pour la prétendue arme nucléaire spatiale de la Russie. Depuis plus d’un an maintenant — l’alerte est venue, entre autres, de l’élu républicain Mike Turner au House Intelligence Committee (la commission de la Chambre dédiée au renseignement) en février 2024 — le satellite russe Cosmos 2 553 met les agences de renseignements en émoi.

Une arme de fin du monde en orbite ?

À 2 000 km de la Terre, dans une zone nommée le « cimetière des satellites », connue par les astrophysiciens pour ses fortes radiations, l’engin est supposé être depuis son lancement en 2022 la première brique d’un programme spatial nucléaire russe, notait en décembre 2024 le New York Times. Une arme destinée à annihiler par une ogive les satellites qui régissent nos quotidiens, de la télévision au GPS, voire à l’accès à l’Internet, avec Starlink notamment.

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Une théorie contestée par la Russie, qui a toujours assuré que Cosmos 2 553 avait été lancé pour tester de nouveaux appareils liés à l’étude des radiations ; et mise à mal par l’absence de tête nucléaire sur l’engin, qui porterait pourtant une « ogive factice » fonctionnelle. « Donc le satellite en orbite ne présente pas de danger imminent, les officiels pointent du doigt qu’il est la première étape vers une arme sans précédent », commentait l’auteur de l’article du New York Times, W.J. Hennigan.

De surcroît, indiquait-il, Moscou ne peut ignorer que la détonation d’un Cosmos 2 553 véritablement armé, que certains officiels américains surnomment le « Sput-nuke », anéantirait une multitude de satellites et de nations. Y compris la Russie elle-même et ses alliés.

Cosmos 2 553 en déroute ?

Les tourments américains pourraient rapidement s’apaiser. En fait de machine de cauchemar, rapporte un récent article de Newsweek, c’est une carcasse en déroute qui flotterait aujourd’hui au-dessus de nos têtes. Ainsi, le satellite Cosmos 2 553 semble avoir tourné hors de contrôle au cours de l’année écoulée, selon Reuters, citant des données radar Doppler de l’entreprise de suivi spatial LeoLabs et des données optiques de Slingshot Aerospace.

Slingshot, dont le réseau de télescopes suit le satellite depuis son lancement, a également détecté en mai 2024 que la luminosité de l’objet était devenue variable, ce qui indique une possible rotation incontrôlée. Le Center for Strategic and International Studies (CSIS) a déclaré que les observations indiquaient que le satellite n’était plus opérationnel, bien que Slingshot ait affirmé que des observations récentes montraient que l’objet s’était stabilisé.

Le Commandement spatial américain est également au courant d’un changement d’altitude de Cosmos 2553, selon Reuters, bien qu’il n’ait pas fait d’autres commentaires.

La dissuasion nucléaire prend de la hauteur

Ces variations seraient cependant mineures : Jonathan McDowell, chercheur au Centre Harvard-Smithsonian pour l’astrophysique, a indiqué sur X (anciennement Twitter) que l’altitude orbitale de Cosmos-2553 avait changé de moins d’un kilomètre au fil du temps.

Il a déclaré à Newsweek qu’il n’avait pas accès aux données optiques variables, qui pourraient confirmer ou infirmer si Moscou avait perdu le contrôle de l’objet, mais a indiqué que seuls des changements « minuscules » dans son orbite avaient été observés.

Pour autant, et quelle que soit la nature de Cosmos 2 553 et son destin, une arme nucléaire positionnée dans l’orbite terrestre constituerait un élément déterminant dans la dissuasion nucléaire. Plusieurs pays, au premier rang desquels les États-Unis et la Chine, en sont d’ailleurs déjà capables, sans pour autant avoir mis une ogive en orbite, précisait le New York Times.