Un bourbier de rizières, de jungles et de tunnels où l’ennemi est nulle part et partout à la fois. Et où la mémoire semble s’enliser. Cinquante ans après la fin du conflit, les États-Unis continuent de s’écharper sur la guerre du Vietnam. Pour traumatisant qu’il fût, elle s’invite à échéance régulière dans le débat autour de deux questions majeures : quel était le sens de l’intervention au Vietnam et pourquoi s’est-elle soldée par un échec ? Comme si les États-Unis ne cessaient de revivre le sauvetage humiliant des derniers « conseillers » américains, acculés et réfugiés sur le toit de leur ambassade à Saigon. À cet égard deux écoles s’affrontent. D’un côté, les révisionnistes ; de l’autre, les orthodoxes.

La thèse principale de l’historien militaire Lewis Sorley, décédé l’an dernier, s’articule autour d’une victoire sur le plan militaire mais d’une défaite sur le plan politique. Largement relayée par le Pentagone, cette version…