Le conseil municipal du Revest, réuni dernièrement, a approuvé à une large majorité la demande de la société Someca. Son projet d’extension de la carrière de Fiéraquet, en même temps que le renouvellement du contrat d’exploitation pour trente ans, est une « très bonne nouvelle » pour le maire Ange Musso. Il faut dire que chaque année, c’est environ 600.000 euros qui sont reversés par l’entreprise varoise au village, propriétaire du terrain sur lequel se trouve le gisement de calcaire. Soit 15% du budget de la commune!

Mais tout le monde ne voit pas l’opération du même œil. Et lors de l’enquête publique diligentée par l’État, qui s’est clôturée il y a quelques jours, plusieurs voix discordantes se sont fait entendre. En attendant la décision finale du préfet (sans doute avant l’été), ces riverains, associations environnementales, formations politiques ou simples citoyens n’approuvent pas l’ambition de porter la surface de la carrière de 71,6 à 88,5 hectares. Alors même que le site est exploité depuis cinquante ans, cette contestation, bien que contenue, interroge.

La grogne des riverains

Il y a les voisins d’abord, comme Jean-Jacques, Sébastien ou Guy, qui habitent sur le chemin de l’installation industrielle. Ceux-là dénoncent le ballet des camions chargés de granulats sur la route de Tourris. « La pollution, la poussière, les nuisances sonores » sont pointées du doigt dans le registre du commissaire enquêteur, tout comme les risques que ferait peser la « vitesse excessive » des poids lourds sur « la sécurité routière ». Qu’importe que la production maximale autorisée (2 millions de tonnes par an) à la Someca soit en baisse de 20% dans le nouveau contrat, ces riverains ne veulent pas entendre parler d’une extension.

Ce sont peu ou prou les arguments développés aussi par l’association La Valette en action. Derrière l’élu d’opposition Olivier Lutersztejn, la structure a organisé, début avril, une réunion publique où quatre-vingts personnes se sont retrouvées, soucieuses de l’impact qu’a l’activité industrielle sur le trafic routier de leur ville. « En situation exceptionnelle de projet, ce sont 315 camions quotidiennement qui descendront de la carrière et autant qui y monteront. Soit 630 poids lourds par jour. C’est inacceptable pour le cadre de vie des habitants! », y a-t-il été dénoncé. Si l’association ne réclame pas l’arrêt de la carrière, elle plaide pour un encadrement de la circulation, « des véhicules tous bâchés » et une nouvelle limitation des volumes de production.

Pour certains également, la trentaine de salariés du site ou la qualité reconnue des matériaux utilisés pour le BTP pèsent peu face à la fragilité de la présence de l’aigle de Bonelli dans les parages. Yves Roma pointe ainsi « la perte de continuité écologique » et son impact potentiel sur le rapace habitué de la côte méditerranéenne. Pour lui, les « mesures d’évitement » promises par l’entreprise – relocalisation de certaines zones d’extraction, maintien de corridors écologiques… – ne suffisent pas à protéger l’oiseau.

Vers la réduction du territoire de chasse de l’aigle de Bonelli?

Au Revest, l’opposition municipale ne dit pas autre chose, « L’extension en direction du nord et l’importance de la surface de la carrière tendent à empiéter sur le territoire vital de l’aigle de Bonelli et à réduire son territoire de chasse », peste Marie-Hélène Régnier. « C’est loin d’être négligeable quand on connaît les difficultés à maintenir le couple installé sur le mont Caume et à favoriser sa capacité à se reproduire. » Celle qui est aussi vice-présidente des Amis du vieux Revest craint en outre pour la protection du site de l’impluvium d’Orves, « de par le risque rapproché des vibrations dues aux tirs et à la circulation d’engins lourds à proximité immédiate. »

Autant d’arguments – à leur tour relayés par le collectif Printemps revestois – qui ne font pas mouche auprès d’Ange Musso. « On a réalisé un gros travail avec le service environnement de la métropole TPM, et la Someca s’est montrée à l’écoute. On a d’ailleurs réussi à préserver le “Petit bois ». Même la Confédération environnement Méditerranée, une association qui a l’habitude des recours contre les carriers et les dossiers d’urbanisme, n’a rien trouvé à redire contre le projet. »