Inscription automatique au chômage des allocataires du RSA, des jeunes suivis par une mission locale bénéficiant d’un contrat d’engagement jeune (CEJ) ou de parcours d’accompagnement spécifique (AEJ et Pacea), et encore des personnes handicapées suivies par le réseau Cap Emploi (désormais rattaché à France Travail)… Voilà de quoi faire gonfler les chiffres du chômage tracés par France Travail. Au niveau national, cela a représenté, en janvier, des centaines de milliers de personnes. A rapporter aux 5,7 millions d’inscrits à France Travail en catégorie A,B,C (les trois catégories de personnes tenues de trouver un emploi, voir explications ci-dessous).
💡 Comprendre les catégories A,B,C,D,E
Les personnes inscrites à France travail (ex Pôle Emploi) relèvent de 5 catégories. Les 3 premières (A,BC) concernent les personnes qui sont tenues de rechercher un emploi. La catégorie A, la plus importante, regroupe les personnes qui n’ont aucun emploi, même à temps partiel. Les catégories B et C comprennent les personnes qui ont une activité réduite (de moins de 78 heures par mois pour les B, de plus de 78 heures pour les C). Les catégories D et E ne sont pas tenues d’effectuer une recherche d’emploi, soit car elles sont en formation, en maladie, ou en emploi aidé.
“Il y a quand même une augmentation, même si on neutralise tous les effets”
Pour l’ensemble de ces trois catégories, l’augmentation au niveau national est de 4,5% entre la fin 2024 et le premier trimestre 2024. “Il y a quand même une augmentation, même si on neutralise tous les effets”, a néanmoins réagi pour l’AFP Mathieu Plane, directeur adjoint du département Analyse et prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Selon ses calculs, la hausse des inscrits en catégorie A se décompose en “un peu plus de 50%” dus à la réforme du RSA, “près de 40% aux nouvelles règles d’actualisation” et “un peu moins de 10% à la dégradation du marché du travail”.
En Ile-de-France, une augmentation plus sensible, variant de 4% à 7% selon les départements
En Ile-de-France, l’augmentation des inscrits tenus de chercher un emploi augmente de 5,53%, passant à un total de 1 million et 62 440 personnes. Voir les hausses par département ci-dessous :
Source: Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistique (Dares) du ministère du TravailAugmentation légèrement plus forte du chômage des hommes
Dans le détail, l’augmentation est légèrement plus forte chez les hommes.
Source: Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistique (Dares) du ministère du TravailExplosion des chiffres du chômage des jeunes
L’âge, lui, révèle un important contraste, témoignant d’un bondissement du chômage des jeunes. En Ile-de-France, la hausse est, en effet, de 28,13% pour les moins de 25 ans (soit 32 000 personnes de plus), contre 3,32% pour les 25-49 ans et 1,37% pour les plus de 50 ans.
Une tendance à l’augmentation du chômage des jeunes démarrée dès la fin 2024. “Lorsque le chômage remonte, celui des jeunes remonte un peu plus vite en général que la moyenne”, explique à l’AFP Stéphane Carcillo, économiste à l’OCDE, y voyant “la marque d’un retournement en train de s’opérer”.
“Les variations sont plus marquées pour les jeunes. Il y a plusieurs raisons à ça. D’abord parce que ce sont ceux qui sont rentrés le plus récemment sur le marché du travail, ils ont moins d’expérience et ils sont souvent sur des contrats plus précaires” qui peuvent se terminer plus facilement, indique l’économiste.
Au vu du contexte, “les entreprises se recroquevillent un peu sur elles-mêmes” et n’ont “pas envie d’embaucher à tire-larigot donc ceux qui arrivent sur le marché sont les plus pénalisés”, ajoute Philippe Waechter, économiste chez Ostrum Asset Management.
Pour Nathalie Chusseau, économiste à l’université de Lille encore, les jeunes sont une population “fragile” sur le marché du travail quand “la conjoncture va mal”, avec notamment des jeunes peu qualifiés souvent en intérim sur lesquels “ça tombe”.
Ci-dessous les chiffres par âge en Ile-de-France.
Source: Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistique (Dares) du ministère du TravailAugmentation du nombre de chômeurs de longue durée
Une autre tendance est la légère augmentation des inscrits depuis plus d’un an, globalement de 1,8% sur un trimestre.
Source: Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistique (Dares) du ministère du Travail
Sans surprise, le nombre de sorties des demandeurs en catégories ABC est inférieur au nombre de sorties.
Source: Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistique (Dares) du ministère du Travail
Propos recueillis par AFP, chiffres issus de la Dares (Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistique du ministère du Travail)