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Aurelien Cardot

Publié le

4 avr. 2025 à 18h54

Dix marathons en un an. Un objectif qui force le respect. Un défi que peu de coureurs osent envisager. Mais pour Nicolas Lacambre, « l’Homme de Fer », chaque foulée est une revanche sur la vie. C’est sa manière de prouver que rien n’est impossible, même après un drame.

Le 26 février 2008, Nicolas Lacambre est victime d’un grave accident de moto entre Lège-Cap-Ferret et Bordeaux (Gironde). Percuté de face par une voiture qui prend la fuite, il se retrouve gravement blessé, son bras et sa jambe arrachés.

Conscient, mais sans mesurer l’ampleur de ses blessures, il parvient à appeler sa famille avant d’être secouru par un certain Pascal Obispo, témoin de la scène. Trois semaines de coma et trois mois d’hôpital plus tard, le rescapé a une seule volonté : se relever et avancer.

L’entreprise d’une course revancharde

Pendant une dizaine d’années, il consacre son énergie aux autres. Il milite pour l’accessibilité des personnes handicapées, se bat pour l’inclusion dans les stades et crée des associations. Mais un rêve le hante : recourir un jour. « Je disais à ma fille : ‘Un jour, papa fera la course, et c’est lui qui va gagner’ » sourit-il.

Animé par une soif de revanche sur la vie, il s’élance d’abord sur des épreuves locales pour retrouver des sensations. En 2021, presque sur un coup de tête, il s’inscrit à un semi-marathon. Puis, par envie de se dépasser, il se défie de participer à un marathon. Après cette énième victoire sur lui-même, l’ambition grandit encore.

Le compétiteur s’est lancé un pari audacieux, plus grand, plus fou : courir dix marathons en un an. « Je voulais montrer à ma femme ma combativité, réaliser une épreuve à la hauteur de ce qu’elle a pu supporter pendant sa grossesse et l’accouchement », confie-t-il, reconnaissant de sa ténacité.

Des obstacles matériels

À travers cette série d’épreuves, il veut sensibiliser à un enjeu crucial : l’accessibilité des prothèses de sport pour les athlètes amputés. « À quoi bon financer autant d’aménagements pour les Jeux Paralympiques si au final on ne peut pas pratiquer » se désole-t-il.

Il parle en connaissance de cause, son premier obstacle fut matériel. Le coût des prothèses de sport adaptées à la course n’est pas remboursé par les assurances, un frein considérable pour les sportifs dans sa situation. Nicolas, lui, a eu la chance d’être soutenue par des prothésistes.

Déjà trois marathons sur dix

Le 13 avril prochain, Nicolas prendra le départ du marathon de Paris, son troisième de l’année. Pas seulement pour lui, mais pour tous ceux qui n’ont pas encore trouvé la force de se relever. À chaque ligne d’arrivée, il ouvre une nouvelle porte sur l’espoir.

« Je reçois souvent des messages de remerciements pour la motivation et l’inspiration que j’arrive à transmettre. Ça me touche énormément » raconte-t-il. Par sa philosophie, le marathonien se dresse en symbole de résilience, un esprit qui lui aura valu le surnom d’« Homme de fer ».

Après son passage à la ville lumière, ses prochaines escales seront le marathon de Biarritz, réputé pour son dénivelé, et celui de la liberté, sur les traces du Débarquement. Le calendrier de Nicolas Lacambre est déjà bien rempli, puisqu’il envisage déjà de courir les 42 kilomètres de Lyon, Arcachon, et La Rochelle. Il ne courra alors pas pour lui, mais pour ceux qui comme lui, rêvent de se dépasser.

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