Engagée en catégorie reine de l’Endurance depuis la saison passée, Alpine souhaite pérenniser sa présence en championnat du monde WEC avec de nombreux travaux menés en parallèle pour répondre à ses ambitions victorieuses. Après être devenu actionnaire de l’écurie l’an passé, le Groupe Renault est activement impliqué dans les discussions autour des futures réglementations. En parallèle, Viry-Châtillon gagne en responsabilité en reprenant certaines activités confiées jusque-là à Mécachrome.

L’Endurance connaît une période faste avec une réglementation particulièrement bien pensée, permettant d’assurer un beau spectacle et de belles voitures pour un coût contenu. Les constructeurs ne s’y trompent pas et s’engagent en masse. McLaren, Hyundai (Genesis) et Ford vont ainsi rejoindre prochainement Ferrari, Porsche, Cadillac, BMW, Peugeot, Aston Martin et bien sûr Alpine sur les grilles de ce championnat du monde, dont le rendez-vous incontournable est bien sûr les 24 Heures du Mans.

Ce succès réglementaire a fait l’objet de nombreuses discussions ces dernières semaines, quant à la direction à donner une fois ce cycle terminé à l’issue de la saison 2029. La plupart des constructeurs, dont Alpine, soutiennent une extension jusqu’en 2032. La FIA et l’ACO sont également favorables pour permettre aux nouveaux entrants un meilleur retour sur investissement. On se dirige donc vers un consensus simple et logique.

 » En ce moment, cette plateforme est très réussie « , estime Philippe Sinault, Directeur de l’équipe Alpine, pour le compte de Sportscar365.com.  » Elle est stabilisée et la réduction des coûts est une bonne chose pour nous. Nous en sommes satisfaits. « 

La suite ? Elle se prépare en deux phases. Il y a d’abord l’après 2032 avec certainement la mise en place d’une plateforme unique, là où aujourd’hui les constructeurs ont le choix entre un châssis LMDh ou LMH. En parallèle, un travail est mené autour de l’introduction de l’hydrogène, avec une catégorie dédiée. Son introduction devrait être retardée à 2030 au plus tôt. Alpine est l’un des constructeurs travaillant sur cette technologie avec une volonté de s’engager.

 » Ce que nous devons prendre en compte, c’est si nous fabriquons une nouvelle voiture ou non, dans quelle catégorie et avec quelle technologie « , expliquait Bruno Famin en octobre dernier, à Dailysportscar.com.  » Mais nous sommes satisfaits. L’hypercar se développe et a de la stabilité avec de nouveaux venus potentiels en 2026. (L’hydrogène) C’est une chose à laquelle nous réfléchissons, […] si la réglementation est claire et abordable, nous serions heureux de l’envisager. « 

L’hydrogène fera d’ailleurs l’objet d’une promotion lors des prochaines six heures de Spa-Francorchamps, programmées les 8-10 mai. En marge de l’épreuve, des démonstrations seront organisées, notamment avec l’Alpine Alpenglow. L’occasion peut-être d’en savoir plus sur les intentions des organisateurs, et des constructeurs, autour de cette future catégorie passionnante.

En attendant, Alpine travaille pour se donner les moyens de réussir sur l’actuel cycle réglementaire. Décision peut-être anecdotique pour certains, Renault a décidé de rapatrier les activités jusque-là confiées à Mécachrome à ses équipes basées à Viry-Chatîllon. Un choix important car la très renommée entreprise française est un partenaire historique, qui a déjà perdu l’activité F1. Le Losange cherche cependant à prendre la main sur son programme Endurance, à l’image de ses investissements dans Signatech.

 » Nous ne ferons plus de montage de moteur avec effet quasi immédiat « , indiquait d’ailleurs Laurent Guilhemotonia, Directeur du site de Mecachrome d’Aubigny, en rapport avec la Formule 1.  » C’est repris par Alpine à Viry-Châtillon. La fabrication des pièces se poursuit pour couvrir toute l’année du championnat 2025 avec un contrat qui s’arrêtera au 30 septembre. « 

Ce choix a-t-il un impact sur la fourniture du moteur Mécachrome – également utilisé en Formule 2 et Formule 3 – à Alpine ? À priori non. Viry-Châtillon travaille conjointement avec son partenaire sur ce bloc, qui a fait l’objet d’améliorations pour la saison 2025. Le double abandon après six heures de course lors des dernières 24 Heures du Mans restent dans les mémoires malheureusement…

 » Nous devons nous concentrer sur ce qui est vraiment intéressant pour améliorer les performances de la voiture et l’efficacité de l’équipe « , affirme Bruno Famin à Sportscar365.  » Nous devons nous concentrer sur la fiabilité de la voiture. C’est pourquoi nous apporterons quelques modifications du côté du moteur [pour 2025], […], le moteur, comme la voiture, est homologué. Nous ne sommes pas censés faire des évolutions sauf pour résoudre des problèmes spécifiques. Je ne vois pas pourquoi nous concevrions un nouveau moteur pour cette voiture. « 

Le dernier point de discussion pour Alpine concerne une entrée dans l’équivalent américain du WEC, l’IMSA. La firme frappée du A fléchée a l’ambition de vendre des voitures aux Etats-Unis. Les récentes tergiversations de Donald Trump avec les droits de douane pourraient cependant retarder son introduction, et, en conséquence, celui de la mise en place d’un programme sportif local.

 » Nous serons heureux [de courir en IMSA] « , déclarait en octobre dernier Bruno Famin, l’homme fort de la compétition chez le constructeur français, à Motorsport.com.  » Bien sûr, une fois que la marque aura décidé d’aller aux États-Unis, il sera très logique d’avoir un programme IMSA. Mais pour l’instant, nous n’en sommes qu’au stade de l’idée. Nous y pensons, nous y réfléchissons. Il n’y a pas encore de projet concret. « 

 » Compte tenu de la situation actuelle aux USA, je ne pense pas que ce soit le bon moment pour investir dans un projet d’expansion aux USA « , a par ailleurs déclaré le directeur financier du Groupe Renault, Duncan Minto, à Bloomberg et Autocar.co.uk.

Le WEC devrait donc rester le cœur du projet Endurance d’Alpine, et constitue en outre l’une des pierres angulaires de la stratégie marketing du A fléché, au même titre que la Formule 1. De nombreux développements sont ainsi en cours, tant sur le plan technique, politique que financier, pour permettre à la structure usine du Groupe Renault d’obtenir des résultats sportifs probants, et des retombées satisfaisantes. Le sérieux du projet, initié depuis 2013, ne laisse pas de place aux doutes quant à la capacité de cette formation à réussir.