Le processus de réarmement de l’Europe est enclenché. Le plan de la Commission européenne, prévoyant 800 milliards d’euros pour la défense, (650 milliards mobilisés par les États et 150 milliards d’euros de prêts), baptisé Rearm Europe, a été lancé mercredi 19 mars 2025. En parallèle, les États membres commencent à préparer les mentalités et les budgets. Désormais, les dépenses militaires ne doivent plus être contraintes. C’est Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, qui le dit. Elle souhaite encourager les États membres à dépenser plus pour leur défense, sans souci du respect du Pacte de stabilité et de croissance, dont les règles budgétaires les obligent à limiter leur déficit public à 3 % de leur produit intérieur brut (PIB).

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C’est, en milliards d’euros, les dépenses affectées à la défense des États membres de l’Union européenne. Un chiffre qui va augmenter dans les années à venir face à la menace russe.

D’après les données du Conseil européen, entre 2021 et 2024, les dépenses de défense totales des États membres de l’UE ont augmenté de plus de 30 %. En 2024, elles ont atteint quelque 326 milliards d’euros, soit environ 1,9 % du PIB de l’UE. « C’est mieux, mais ce n’est pas suffisant », avait affirmé Ursula von der Leyen lors du lancement de Rearm Europe.

Un budget qui augmente en France

En France, le budget de la défense est à 2 % du PIB. Un objectif inscrit dans la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. L’effort financier prévu par la LPM 2019-2025 était de 295 milliards d’euros. La LPM 2024-2030 prévoit un effort budgétaire en faveur des armées de 413 milliards d’euros d’ici à 2030, pour porter le budget annuel à 68 milliards d’euros (+ 3 milliards par an).

Un budget qui augmente d’année en année. En 2019, il était de 35,9 milliards ; en 2020, de 37,9 milliards ; en 2021, de 39,2 milliards ; en 2022, de 41 milliards ; en 2023, de 43,9 milliards ; en 2024, de 47,2 milliards ; en 2025, de 50,5 milliards.

Le budget augmentera de 3,2 milliards en 2026 et 2027 et de 3,5 milliards en 2028, 2029 et 2030.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Depuis la fin des années 1950, les dépenses militaires n’ont cessé de baisser en France. Aujourd’hui, le pays se retrouve face à un dilemme : réduire son déficit qui ne fait qu’exploser (il est actuellement à 6 % du PIB) tout en augmentant ses dépenses de défense face à une Russie de Poutine menaçante et des États-Unis de Donald Trump qui refusent de continuer à être le bouclier des Européens.

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C’est pourquoi, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, exclut de déroger aux règles du pacte de stabilité et de croissance face au manque de « marge de manœuvre budgétaire » de la France. L’option des investisseurs publics et privés a été mise sur la table pour aider à financer les entreprises de défense.

« Bazooka » budgétaire en Allemagne

A contrario, en Allemagne, c’est un « bazooka » budgétaire qui a été voté pour réarmer le pays dans les dix prochaines années. Le futur Chancelier Friedrich Merz a fait adopter mardi 18 mars 2025 un plan qui fait figure de révolution pour l’Allemagne, longtemps abonnée à l’orthodoxie budgétaire, négligeant les dépenses militaires au profit du parapluie américain.

Parallèlement, la Grèce, qui consacre déjà plus de 3 % de son PIB à sa défense, est prête à consacrer 25 milliards de dollars supplémentaires d’ici 2036. Une refonte militaire « la plus importante de l’histoire moderne » du pays d’après son premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Dans l’Union européenne, les disparités sont cependant importantes entre la Pologne qui a consacré plus de 4 % de son PIB aux dépenses militaires, et l’Irlande, qui n’en consacre que 0.2 %. Néanmoins, les budgets tournent en majorité autour de 2 %, respectant l’objectif de l’Alliance atlantique de consacrer l’équivalent de 2 % du PIB national annuel aux dépenses militaires. Une règle fixée par les membres de l’Otan depuis 2006. Ce sont les pays situés proches de la frontière russe qui consacrent davantage de budget à leur défense, telle la Pologne, donc, mais aussi l’Estonie et la Lettonie qui sont à plus de 3 %.

Passer de 2 à 5 % du PIB

Le président américain Donald Trump exige quant à lui que les pays européens montent à 5 % du PIB, afin de contribuer davantage au financement des dépenses de défense de l’Otan. Sur le 1,185 milliard de dollars de dépenses de défense de l’Otan, les États-Unis en ont dépensé 755, contre 430 pour les membres européens et le Canada. Le ratio a toujours été plus ou moins le même : en 2023, les États-Unis ont dépensé 704 milliards contre 365 pour les autres membres ; en 2022, ils ont donné 703 contre 334, etc.

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a rappelé cet objectif de 5 % aux ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Otan, jeudi 3 avril, lors d’une réunion à Bruxelles. Il a souligné que cette exigence concernait les 32 pays de l’Alliance, y compris les États-Unis. Washington consacre actuellement quelque 3,4 % de son PIB à ses dépenses militaires.