Parmi les trois prévenus convoqués mardi devant le juge des enfants pour un racket commis en janvier, l’un d’entre eux avait déjà sévi en amont. Il a recommencé en mars avant d’être envoyé en prison. De quoi interroger l’avocate de la victime.

Ils étaient trois prévenus à passer devant le juge des enfants mardi matin lors d’une audience de culpabilité. Deux étaient libres, le dernier en détention. Devant le tribunal des enfants de Nantes, ces trois adolescents étaient convoqués pour répondre d’un fait commis cet hiver. Le 29 janvier, ils ont été surpris en flagrant délit de racket par un équipage de police, près du centre commercial Beaulieu.

Ce jour-là, un lycéen de 15 ans a été menacé au couteau par un trio composé de jeunes peu ou prou de son âge, vêtus de noir et recouverts d’un masque anti-Covid. L’un des agresseurs était même muni d’un couteau. La victime n’a eu d’autre choix que de leur remettre son porte-cartes, son téléphone et un billet de cinq euros.

Sous contrôle judiciaire

Grâce aux policiers, les trois agresseurs ont donc été embarqués sur-le-champ. Or, parmi eux, se trouvait un adolescent déscolarisé, qui n’était pas inconnu de la justice. Poursuivi pour des faits d’extorsion intervenus d’octobre à décembre 2024 à Nantes, notamment dans des quartiers chics, il était sous contrôle judiciaire en attendant son audience de jugement de culpabilité prévue en février. «Manifestement, les mesures fixées n’avaient pas été comprises ni respectées puisque ce mineur, accompagné de deux autres, commettait une nouvelle extorsion le 29 janvier avec une arme cette fois», observe Maître Sophie Sarzaud du Barreau des Hauts-de-Seine, qui défendait mardi matin la jeune victime.

Mais cet enchaînement troublant ne s’arrête pas là. Le 31 janvier, déféré devant le juge des enfants, ce jeune homme a encore écopé d’un contrôle judiciaire, avec un placement en centre éducatif fermé. Repassé devant le tribunal des enfants entre-temps le 27 février pour les fameuses extorsions des quartiers chics nantais, un placement en centre éducatif fermé a de nouveau été prononcé. Ce qui ne l’a pas empêché de réitérer le 11 mars, où il a roué de coup, toujours en bande, un mineur de 13 ans transporté à l’hôpital. Si les enquêteurs étudient si cet acte relève ou pas d’un acte de vengeance, toujours est-il que l’adolescent, déjà connu, a cette fois été illico placé en détention provisoire.

Les mesures qui avaient été prononcées le 27 février (placement en centre éducatif) auraient pu empêcher que d’autres victimes soient faites

Maître Sophie Sarzaud, avocate de la victime de mardi matin

«En l’état, malheureusement la réponse judiciaire n’a pas été adaptée à la situation de ce jeune ni aux faits commis par lui car dès le premier défèrement en décembre, ce jeune aurait pu être placé en centre éducatif fermé compte tenu du nombre de faits (17), de la violence de ceux-ci et de l’absence de figure parentale investie», déplore Me Sarzaud, qui avait déjà défendu des victimes lors de l’audience de février.

«Ce qui est regrettable, c’est que les mesures qui avaient été prononcées le 27 février (placement en centre éducatif ) auraient peut-être pu l’aider à se sortir de cette escalade et en tout cas auraient pu empêcher que d’autres victimes soient faites, mais elles n’ont pas pu être mises en œuvre faute de moyen», constate-t-elle, songeant au manque de place et de personnel pour ces jeunes.

Toutefois, elle tient à saluer le professionnalisme de la juge des enfants de mardi matin, lors de l’audience. «Les trois auteurs ont reconnu les faits et deux d’entre eux ont manifesté une prise de conscience de ce qu’il s’était passé. L’audience a été très constructive et utile pour toutes les parties », admet-elle. Son client, le jeune homme de 15 ans, était d’ailleurs présent avec ses parents. Il leur a été proposé une mesure de justice restaurative, visant à faire dialoguer une victime et son auteur, à laquelle ils vont réfléchir. Le délibéré, rendant des mesures provisoires, a été fixé au 15 mai. Comme le veut la procédure, l’audience de sanction aura lieu d’ici minimum six mois.