Du 3 au 6 avril 2025, la foire Art Paris réunit 170 exposants de 25 pays, avec une forte présence française (60 %) et internationale (40 %). Cette année, en écho au centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, Art Paris inaugure French Design Art Edition, un secteur dédié au design, orchestré par les commissaires Jean Paul Bath et Sandy Saad. Sur les balcons Nord, scénographiés par Jakob+MacFarlane, 18 exposants – architectes d’intérieur, designers, éditeurs et galeristes – en dévoilent leur vision. Parmi les quelques 900 artistes présents sur la foire, en voici onze à revoir ou à suivre de près.
Sonia Delaunay, Mosaïque horizontale, 1954-2003, tesselles de verre coloré montées sur 3 panneaux de contreplaqué et encadrées dans un cadre d’acier en inox, 100 x 300 x 10 cm, édition 3/8 .© Pracusa 20240531
Sonia Delaunay / Galerie Zlotowski
Fidèle d’Art Paris, la galerie Zlotowski, spécialiste des avant-gardes du XXe siècle, met à l’honneur Mosaïque horizontale, une œuvre magistrale de la grande Sonia Delaunay, conçue en 1954 et érigée en pièce phare de sa présentation. Cette création marque une étape clé dans le parcours de l’artiste historique de l’art abstrait, étant la première œuvre de ce type qu’elle réalise. L’exemplaire original, de 1954, appartient aujourd’hui aux collections du Centre Pompidou, tandis que la version exposée sur la foire a été réalisée en 2003. Pièce exceptionnelle qui confère ses lettres de noblesse à la mosaïque moderne, Mosaïque horizontale illustre la richesse et la diversité de sa pratique. La texture brute, née de l’assemblage des tesselles de verre, confère une « présence » et une force renouvelée aux formes essentielles et aux couleurs vibrantes, typiques de l’artiste. Une preuve éclatante que la mosaïque est un langage plastique à part entière.
Evi Keller, Matière-Lumière vues in situ, stand Jeanne Bucher Jaeger, Paris-Lisbonne.©️ Evi Keller
Evi Keller /Galerie Jeanne Bucher-Jaeger
Sur le stand de la galerie centenaire, ses œuvres puissantes saisissent notre regard. Leurs dimensions souvent imposantes, la richesse des matières et ce bleu surgissant d’on ne sait où, leur confèrent une aura troublante. Lauréate du prix Carta Bianca 2023 et du prix Transfuge de l’artiste étranger, la plasticienne allemande Evi Keller, qui aura en mai prochain une exposition à la Maison Caillebotte, explore depuis plus de vingt ans la magie de la « Matière-Lumière ». Dans ses créations, pigments et minéraux se mêlent aux végétaux, à la cendre, à l’encre et au vernis, déposés en strates sur de fines pellicules transparentes. Elle les superpose, grave, gratte, efface, sculpte, et les expose aux éléments atmosphériques. De cette alchimie naissent des œuvres d’une beauté cosmique, portant l’empreinte des quatre éléments – air, feu, eau, terre. Hors du temps et de l’espace, elles troublent notre perception, invitant également notre corps à éprouver autrement son rapport à l’environnement.