Par

Julien Sournies

Publié le

1 mai 2025 à 6h32

Va-t-on être en mesure d’acheter du pain frais dans les boulangeries de la Loire ce jeudi 1er mai 2025 ? Si de nombreux boulangers n’ont pas hésité à lever le rideau lors de la précédente fête des travailleurs, les cartes sont totalement rebattues cette année, notamment après que cinq boulangers vendéens aient été verbalisés pour avoir fait travailler leurs salariés le 1er-Mai 2024.
Car, en dépit d’une position ministérielle du 23 mai 1986 en faveur de l’ouverture des boulangeries en ce jour férié, cette dérogation a finalement été considérée comme obsolète par une décision de la Cour de cassation en 2006. Quid des boulangers ligériens cette année ?

« L’amende peut être très salée »

En tout cas, le président de la Maison de la Boulangerie Loire-Rhône, Éric Amieux, conseille à ses adhérents ligériens de sa confédération de « ne pas prendre de risques, surtout s’ils ont des salariés à leurs charges. En fonction du nombre d’employé, l’amende peut être très salée et, au final, il n’y aurait aucun bénéfice à en tirer, même si je comprends que certaines entreprises en ont besoin », constate-t-il auprès d’actu Saint-Étienne.

Dans son cas, le représentant de la profession, qui emploie 14 salariés au sein de sa boulangerie dans le Nord-Isère, restera fermé pour la première fois depuis 28 ans un 1er mai. « Le risque est bien trop grand. Si je prends la décision d’ouvrir je peux m’acquitter jusqu’à 45 000 euros d’amende », relève-t-il.

« Il est au courant qu’il risque une sanction »

Dans sa situation, la prise de risque est donc « inutile », mais certains n’ont pas la même vision des choses. Malgré la potentielle venue des inspecteurs du travail, la maison Farinër, qui compte cinq boulangeries dans le département ouvertes 7j/7, ce sera un jour comme les autres.

« On en a parlé longuement avec le patron et il est au courant qu’il risque une sanction. Malgré tout, on sera ouvert », confie Isabelle, la responsable de la boulangerie basée à Andrézieux-Bouthéon.

« Nous procédons sur la base du volontariat. Je demande aux salariés s’ils veulent travailler ou non. Mais une chose est sûre, nous n’avons jamais eu de problèmes les années passées », poursuit-elle. Bien que la démarche soit positive, « aux yeux de la loi ça ne vaut rien et c’est forcément très risqué », ajoute le président de la Maison de la Boulangerie Loire-Rhône.

Une loi à éclaircir

Si des dérogations existent pour les boulangeries livrant des hôpitaux, des établissements pénitentiaires ou des EHPAD, la loi demeure encore très floue sur certains points, et ce, même pour le représentant de la profession.

Normalement, le 1er mai est un jour chômé pour tous les salariés en France. De ce fait, tous les fast-foods, les restaurants et autres commerces doivent être fermés, mais ce ne sera pas le cas. Il faut que le gouvernement se décide : soit tout le monde ouvre, soit tout le monde reste fermé. Car à ce jour, la justice c’est deux poids deux mesures.

Eric Amieux
Président de la Maison de la Boulangerie Loire-Rhône

À ce titre, une proposition de loi, déposée par des députés centristes, est par ailleurs en cours de discussion pour assouplir la réglementation. « En France, ne pas permettre l’ouverture des boulangeries, ça représente près de 70 millions d’euros de pertes dans nos caisses et plusieurs millions d’euros de TVA en moins pour l’état. C’est aussi dans leur intérêt », analyse Éric Amieux, pas peu impatient que cette loi « soit éclaircie » en vue de l’année prochaine.

« On n’ouvre pas par choix »

Dans la Loire, du côté de l’ancestrale boulangerie Le Gruau Lorrain, logée en plein cœur de Saint-Étienne, il ne sera pas non plus possible de se procurer pains et pâtisseries ce jeudi. « Si quasiment tous les confrères n’ouvriront pas, nous, on n’ouvrira pas par crainte mais par choix », affirme le patron, Cédric Marcellier, joint par la rédaction.

La boulangerie, créée en 1736 dans la capitale de la Loire, a en effet pris pour habitude de laisser le rideau baissé à chaque jour férié. En cause ? « Nous avons une clientèle fidèle. Ils savent quels jours venir », indique-t-il.

S’il a déjà pris l’initiative d’ouvrir son commerce lors de certains jours fériés, l’artisan a parfois fait chou blanc.

« En centre-ville, il n’y a quasiment personne qui déambule dans les rues le 1er mai. Les gens ont compris que presque tous les commerces sont fermés. D’autant que notre masse salariale est suffisante pour se permettre de rester fermé. La prise de risque est donc inutile. »

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