« Banque fondée en 1472, un patrimoine historique, des siècles de profits. Mais des salariés délités en 2025, des conditions préhistoriques, des années de mépris. » Sur le parvis la Monte Paschi Banque, jouxtant la place du Soleil, à Nice, une pancarte plante le décor d’une grève nationale. Ce mercredi 30 avril, une vingtaine d’employés de cette filiale française (1) de la banque italienne Monte dei Paschi di Siena (MPS) – qui, sur la Côte d’Azur, a des agences à Antibes, Cannes, Sophia Antipolis, Nice et Fréjus – s’est mobilisée entre 10h et 12h. Mot d’ordre: « Stop à l’esclavage et aux salaires de misère. »
« On est surmenés. Il n’y a plus d’embauches. Les départs ne sont pas remplacés », souffle Georges, représentant de Force Ouvrière, l’un des deux syndicats, avec SNB, à soutenir la mobilisation. « Il y a six ans, on était plus de 300 employés, poursuit-il. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 125 personnes. L’an prochain, trente départs en retraite sont prévus. Mais du travail à abattre, il y en a toujours autant. »
« Pas de redistribution des bénéfices »
Une situation délétère qui perdure depuis 2017, date à laquelle la banque italienne, 3e du pays, frôle une faillite retentissante. Sauvée par un renflouement de l’État, la vieille institution se voit malgré tout sanctionnée par la Banque Centrale Européenne. Et vend des filiales étrangères, à l’exception de la France, où s’appliquera désormais une restriction de développement d’activité.
Forcé de réduire la voilure, le groupe a pourtant clôturé l’année 2024 sur des chiffres prometteurs. « Mais uniquement pour les actionnaires. Les salariés auraient pu s’attendre à avoir une prime pour bons et loyaux service. Mais nous n’en verrons pas la couleur, regrette Lina, 43 ans d’entreprise. Avec 1.950.000.000 euros de bénéfices nets, la maison mère aurait pu redistribuer. Même en France, le chiffre d’affaires est positif, avec 13 millions d’euros. »
Une santé financière qui n’empêchera pas la banque de Sienne de céder sa filiale française à un fonds d’investissement américain dont le nom est tenu secret. Ce transfert devait être bouclé avant « la fin de l’année 2024 », selon les déclarations faites en août dernier par le p.-d.g. de MPS, Luigi Lovaglio, lors d’une conférence avec des analystes.
« En réalité, les négociations sont encore en cours, tempère le syndicaliste. S’il y a la promesse de nouveaux investissements, le projet n’est pas défini et la garantie de sauvegarde des emplois est limitée à douze mois. Après, c’est la porte ouverte aux licenciements en série. »
1. Contactée, la direction n’a pas donné suite.