Le sport se cherche une capitale : Las Vegas ou Riyad ? Faites vos jeux !

Derrière les mastodontes que sont Las Vegas et Riyad, la métropole américaine affirme son ambition de devenir une véritable plaque tournante du spectacle sportif. Il faut dire que Miami offre un climat idéal, des installations modernes et une forte attractivité internationale : un cadre naturel pour accueillir des compétitions sportives de haut niveau. Cerise sur le gâteau, le président américain Donald Trump n’hésite jamais à venir en Floride, que ce soit dans son fief de Mar-a-Lago ou, plus récemment, à l’UFC 314, mi-avril, événement d’importance en MMA (qui a boudé Miami pendant vingt ans), lors duquel il a été acclamé. De quoi attirer un peu plus les regards sur Miami.

« Ce qui est incroyable, c’est à quel point chaque ville des États-Unis est différente, soulignait en début d’année Lewis Hamilton à GPblog. L’Amérique a tant à offrir : de magnifiques montagnes, de magnifiques côtes et des villes fantastiques. Il y a Miami puis Austin qui a l’air d’une ville très jeune et qui est évidemment très liée au football universitaire. Je pense que c’est l’un des week-ends de course les plus amusants de l’année. Et, bien sûr, la course de Las Vegas. »

Le sport moteur ne se limite pas qu’à la F1, à Miami. Outre le Grand Prix de Formule 1, Magic City accueille également une manche du Mondial de Formule E, depuis cette année, sur le Homestead-Miami Speedway, qui possède l’insigne honneur d’être l’hôte de la dernière course de la saison des trois championnats de NASCAR.

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Le plus difficile : le trafic routier, la chaleur et l’humidité pendant l’été.

Cela dit, Miami ne serait sans doute pas ce qu’elle est sans la communauté hispanique, qui la compose à plus de 70 %. Une communauté qui s’intéresse particulièrement au football à la sauce européenne. C’est sur ce terreau fertile que David Beckham a bati son Inter Miami, le club qui a débarqué en Major League Soccer en 2020 et dont tout le monde connaît l’existence depuis que Lionel Messi, accompagné d’autres anciens Blaugranas (Luis Suarez, Jordi Alba, Sergio Busquets) avant que ne débarque éventuellement Kevin De Bruyne, y fourbit ses dernières armes, lui qui devrait prolonger son séjour en Floride. « Les habitants de cette ville et les personnes du club nous ont facilité l’adaptation, lâchait Lionel Messi quelques semaines après son arrivée, à l’été 2023. Les supporters, les gens que je croise tous les jours dans les rues de la ville où nous vivons… C’est une ville magnifique et c’est pourquoi je peux vivre heureux. »

Dans un coin de sa tête, Messi pensait certainement signer dans l’une des villes hôtes de la Coupe du monde 2026, elle qui a loupé la World Cup 1994, les Diables battant les Pays-Bas à Orlando. Le Hard Rock stadium accueillera ainsi plusieurs rencontres, dont un quart de finale et la petite finale. « Le plus difficile : le trafic routier mais il y a aussi la chaleur et l’humidité pendant la période estivale, soulignait la Pulga. Même si être à la plage ou en vacances peut souvent être agréable, pour faire du sport, s’entraîner ou jouer à des jeux, surtout en été, c’est peut-être un peu trop et ça se voit. »

Inter Miami's Argentine forward #10 Lionel Messi looks to pass the ball to Inter Miami's Uruguayan forward #09 Luis Suarez during the Concacaf Champions Cup quarter-final first-leg football match between Los Angeles Football Club (LAFC) and Inter Miami at BMO Stadium in Los Angeles on April 2, 2025. (Photo by Frederic J. Brown / AFP)Luis Suarez et Lionel Messi se sont retrouvés pour donner une visibilité internationale à Miami-la-sportive. ©AFP or licensors

Miami sait également mettre en valeur les sports bien connus outre-Atlantique. On y retrouve ainsi une franchise mythique de la NFL, les Miami Dolphins, qui ont remporté le SuperBowl à deux reprises. Mais aussi les Florida Panthers, derniers récipiendaires de la célèbre Stanley Cup. Et comment ne pas évoquer le Heat, qui s’est imposé à trois reprises en NBA et a connu des joueurs mythiques comme LeBron James, Dwyane Wade, Jimmy Butler ou encore Shaquille O’Neal ? Sans oublier les Marlins, qui ont remporté les World Series de baseball à deux reprises. Qui peut encore raisonnablement prétendre que Miami se résume à ses plages ? Certainement pas la Concacaf, qui y a établi son QG. « L’ouverture de notre nouveau QG à Miami souligne l’excellent travail que nous accomplissons à travers la Confédération et le chemin que nous avons parcouru pour développer le football dans cette ville et dans toute la région », positivait Victor Montagliani, président de la Concaf, au moment de l’inauguration des bureaux.

Serena Williams et Caitlin Clark au secours de la NFL : « On veut apprendre des plus grandes athlètes. »Serena Williams gagne et s’investit

Il n’y a toutefois pas que des sports collectifs qui y trouvent un terreau d’expression fertile dans la ville floridienne. On pense ainsi au Grand Slam Track de Michael Johnson qui y fera également étape ce week-end, au marathon organisé depuis 2003 ou à des combats de boxe (Mohamed Ali y a excellé à plusieurs reprises) mais surtout aux Masters de tennis créés en 1985 et où les plus grands se sont imposés chez les hommes comme chez les femmes. Coucou Serena Williams, qui a remporté huit titres à Miami et y détient le record. Une championne de tennis qui a investi en compagnie de sa soeur Venus dans la franchise de football américain des Dolphins, valorisés pour l’instant à presque cinq milliards.

FORT LAUDERDALE, FLORIDA - FEBRUARY 22: Former tennis player Serena Williams receives a Inter Miami CF jersey from David Beckham co-owner of Inter Miami CF during the MLS match between Inter Miami CF and New York City FC at Chase Stadium on February 22, 2025 in Fort Lauderdale, Florida.   Megan Briggs/Getty Images/AFP (Photo by Megan Briggs / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)Serena Williams et David Beckham. ©2025 Getty Images

« Je suis ravie de faire partie d’une organisation aussi renommée, a déclaré Serena. Ayant passé une grande partie de mon enfance dans la région, être impliquée dans un élément incontournable de la culture de Miami est un immense honneur. Nous nous réjouissons de remporter de nombreux championnats et de connaître beaucoup de succès avec les Miami Dolphins. »

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D’accord, pour l’instant, cela ne se passe pas (encore ?) comme prévu. Mais qu’est-ce qui explique que Miami, centre financier et culturel de niveau international, se révèle également dans le domaine sportif ? Géographiquement parlant, il y a la proximité avec l’Amérique Latine et l’Europe n’est pas tellement éloignée. Le réseau hôtelier est bien fourni et la fête semble y être de mise toute l’année, grâce aux plages et à un climat tropical chaud. « Tous ces événements se déplacent à Miami car la ville est en pleine croissance, explique Alex Horenstein, économiste et professeur à l’Université de Miami, dans le Global Miami Magazine. Cela fait partie d’un cercle. À mesure que la ville se développe et devient attractive pour les entreprises, elle devient également attractive pour les loisirs. »

449 millions rapportés par le GP 2022

Si Miami est connue de manière internationale, des événements comme l’Open de Miami ou le Grand Prix de F1 qui booste l’économie locale (449 millions de dollars rapportés en 2022 contre 390 millions pour les Masters) placent la cité floridienne parmi les candidates au titre de capitale du sport comme Las Vegas et Riyad. Tout cela aurait-il pu arriver s’il n’y avait pas eu Stephen Ross ?

Stephen Ross.Stephen Ross. ©Photo news

Le richissime homme d’affaires, dont le compte en banque affiche plus de dix-huit milliards de dollars, est le propriétaire des Miami Dolphins. Il a transformé avec 550 millions le Hard Rock Stadium pour accueillir le tennis et la F1 et a même rajouté 72 millions pour faire du lieu un stade de tennis ultramoderne ; ce qui a permis d’accueillir l’Open de Miami lorsque ce n’était plus possible à Key Biscayne. Et il cherche à accueillir un jour la finale de la Ligue des champions. Rien que ça. « Même si je suis passionné de sport, il est beaucoup plus difficile de réussir dans le sport que dans les affaires, tempère Stephen Ross, fringant octogénaire. C’est plus amusant de diriger une agence immobilière. »

MIAMI GARDENS, FLORIDA - MARCH 14: An aerial view of Hard Rock Stadium on March 14, 2023 in Miami Gardens, Florida. This is home stadium where the Miami Dolphins of the National football League play. It is also where the Miami Open Tennis Tournament is played. The Formula 1 Miami Grand Prix is held here with The Miami International Autodrome and a purpose-built temporary circuit around Hard Rock Stadium .   Al Bello/Getty Images/AFP (Photo by AL BELLO / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)Le Hard Rock Stadium, centre névralgique. ©2023 Getty Images

En attendant, Stephen Ross a transformé le visage sportif de Miami, lui permettant d’emprunter des chicanes aussi adroitement que Max Verstappen. « Je considère le Hard Rock comme l’acteur principal qui a largement contribué à cette croissance, explique le Dr Erin McNary, professeure agrégée d’administration du sport à l’Université de Miami. La rénovation du stade, l’ajout de suites premium, le concept de toit ouvert et l’augmentation de la capacité d’accueil ont rendu Miami plus attractive. […] Je pense qu’il existe un formidable potentiel de développement et de croissance pour les tournois d’e-sport ici. Surtout si l’on considère les investissements du marché asiatique dans certains de ces sports. »

Miami ne regarde plus Riyad ou Vegas de loin. La ville floridienne joue désormais dans la cour des grands et vise la première place…