Alors que Maverick Viñales a passé un cap depuis Austin et s’est stabilisé en position de premier pilote KTM, son coéquipier Enea Bastianini peine toujours à trouver la clé de la moto autrichienne. Tous deux partaient de la même inexpérience de cette machine lorsqu’ils ont intégré l’équipe Tech3 cet hiver, mais leurs parcours ont été nettement distincts et l’Italien ne cache pas son agacement face à des difficultés qui ne cessent de se représenter.
À Jerez, pour ce qui était son cinquième week-end de course de la saison, Bastianini a eu le sentiment de revenir au point de départ pour la énième fois. « Je suis toujours plus satisfait après une course. Par contre, quand j’arrive sur une nouvelle piste, c’est toujours un peu étrange, si comme si c’était tout le temps ma première fois sur la moto », expliquait-il après la première journée d’essais.
« Ça a été difficile, surtout au début. À chaque fois c’est comme si je montais sur une nouvelle moto alors c’est un peu compliqué. On a réussi à s’améliorer pour la fin de la séance, je roulais un peu mieux, mais de là à dire que je me sens à l’aise, non. »
« Il y a des hauts et des bas. On part tout le temps en étant en difficulté et on termine tout le temps de façon correcte. J’aurais aimé être dans une situation différente mais je suis encore dans une situation qui n’est pas très confortable. J’arrive à faire le minimum indispensable mais je n’arrive pas encore du tout à forcer. »
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Cette progression non linéaire et ce manque de confiance au guidon laissent penser que Bastianini n’a pas encore trouvé la configuration faite pour lui sur la RC16. Il décrit également des difficultés qui font écho à celles des autres pilotes du groupe, avec une machine en proie à de fortes vibrations qui viennent saper un peu plus encore sa confiance.
« La moto est nerveuse, et aussi elle ne tourne pas beaucoup. C’est très difficile pour moi de la faire tourner dans les virages rapides », décrivait-il au début du week-end espagnol. « Le problème principal, c’est vraiment de ne pas réussir à emmener de la vitesse de passage. Dans la partie rapide, je vois bien que quand j’ai quelqu’un devant, je n’arrive pas à rester dans sa roue. C’est ça qui me gêne le plus. »
Une grosse remontée dimanche et quelques signes positifs
Qualifié 18e, 12 rangs derrière son coéquipier qui a roulé une seconde plus vite que lui, Bastianini s’est battu contre les vibrations dans le sprint pour prendre une maigre 14e place. Dimanche, cependant, il avait retrouvé le sourire puisque, la longueur de la course aidant, il a réussi à se hisser au neuvième rang. C’était aussi pour lui une nouvelle confirmation de cette progression qu’il arrive à connaître au cours d’un week-end, avant de retomber dans le dur en changeant de circuit.
« Je peux être très satisfait, notamment en comparaison du sprint d’hier », commentait-il à la fin du week-end. « Aujourd’hui, mon rythme était très proche de celui des autres pilotes KTM. Mes attentes n’étaient pas très élevées en partant 18e. La course a été difficile. Les vibrations ont été fortes en course, c’est resté comme ça du début à la fin, mais pour le reste j’étais plus en confiance qu’hier pour entrer dans les virages lents donc on s’est un peu améliorés là-dessus. »
Enea Bastianini (KTM Tech3)
Photo de : KTM Images
« Je savais malheureusement que je risquais d’être le dernier des KTM parce que c’est toujours compliqué de partir de si loin, il m’a fallu remonter. Mon rythme était assez bon, mais malheureusement les virages 7 et 8 ont été une grosse lacune tout le week-end, en particulier à cause des vibrations et je les ai [encore] pas mal senties à cet endroit [en course]. À part ces deux virages, je ne perdais pas tant que ça en général. »
Même si le clan KTM était globalement peu enthousiaste à la fin de ce Grand Prix, indépendamment d’un Viñales proche du podium, Bastianini voulait tout de même retenir quelques signes encourageants : « Disons qu’aujourd’hui, ça s’est un peu mieux passé pour nous tous. On avait d’ailleurs tous un rythme assez proche, à part Maverick qui avait quelque chose en plus, on était un peu plus proches. On ne sait pas donner d’explication à tout ça. Habituellement, la chaleur nous stoppe un peu parce que les vibrations augmentent, mais aujourd’hui, malgré cela, on est restés assez constants dans nos chronos. »
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Lundi, alors qu’il a eu l’opportunité de limer le bitume en test, Enea Bastianini a décrit une « petite » progression. Essentiellement concentré sur l’association de différentes pièces au niveau du moteur et de l’aéro, il a expliqué n’avoir pas dédié sa journée aux réglages et il n’a de toute évidence pas trouvé la clé d’un changement radical. « Le chrono est OK, mais encore une fois, je ne suis pas satisfait parce que je n’ai pas piloté en étant en confiance, et quand on n’est pas en confiance, on ne peut pas attaquer fort », résumait-il en effet.
« Maverick est clairement celui qui fait mieux les choses en ce moment alors on essaye de copier en quelque sorte ce qu’il fait, mais la réalité c’est qu’on a deux styles très différents », a souligné l’ancien pilote Ducati, conscient qu’il a son propre parcours d’adaptation à mener. « Il est plus doux. Moi, je suis plus agressif et j’arrive toujours un peu [vers les virages] ‘en danseuse’ et j’ai du mal à piloter de façon plus douce et détendue. »
Comment gère-t-il cette période, lui qui a été habitué à se battre aux avant-postes et à gagner ? « Je dois garder mon calme et me donner à 100% toute la journée », a-t-il répondu à cette question. « Ça ne reflète pas mon potentiel mais on le sait, il est important que l’équipe aussi le sache et on se donne vraiment à 100%. Pour le moment, on est derrière mais mes attentes sont de revenir là où je veux être d’ici à la fin de la saison. Il faut rester concentré et attendre un peu. »
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Enea Bastianini
Tech 3
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