À l’adresse du public de la 6e chambre correctionnelle du tribunal correctionnel de Marseille, la présidente Humeau préfère d’emblée prévenir que guérir : « Je rappelle que personne n’est autorisé à manifester son opinion. On serait obligé de faire sortir quiconque se comporterait de cette manière. » Une préconisation qui n’empêchera pas quelques murmures scandalisés et les exclamations outragées des nombreuses victimes venues assister au procès de Fatima A.
Il faut dire que la quadragénaire, jugée pour abus de confiance entre septembre 2022 et 2023, mais aussi atteinte à l’intimité de la vie privée, emprunte plus souvent qu’à son tour des accents de mater dolorosa quand elle retrace son itinéraire de vie : fin des études en 3e, quatre enfants, dont trois sont encore en bas âge, séparation, petits boulots d’auxiliaire de vie et subsides faits d’allocations familiales et de pensions alimentaires.
Une existence de bouts de ficelle qui n’aurait en rien entamé la générosité d’âme de celle qui est désormais accusée d’avoir escroqué des dizaines de familles. « J’aidais beaucoup, j’aidais tout le temps, j’aidais tout le monde », assure-t-elle entre deux sanglots.
Bagages bouclés, voyages annulés, jamais remboursés
D’abord bénévole dans une bibliothèque parentale du 13e arrondissement, Fatima A raconte avoir créé l’association Grand Cœur à la Bégude Sud (13e), sur les conseils de Rachida Tir, dont elle a été la remplaçante sur les listes des élections départementales de 2021, mais aussi grâce à l’aide de la conseillère départementale Nora Preziosi (SE) : « Je parlais avec elle, j’avais des dossiers de personnes très précaires, elle m’a attribué le local pour l’association », relate la prévenue, qui siège au conseil d’administration de 13 Habitat depuis qu’elle a été élue sur la liste Indecosa CGT (une association de défense des consommateurs salariés, NDLR).