Des jeunes atteints de nomophobie, les yeux rivés sur leurs écrans de téléphone.Selon un rapport de Santé Publique France publié en 2021, près de 50 % des 18-24 ans déclarent utiliser leur smartphone plus de 4 heures par jour, hors temps professionnel. © Adobe Stock

Le téléphone portable, devenu prolongement de notre main, est aujourd’hui un outil indispensable. On s’en sert pour tout : communiquer, travailler, se divertir, s’informer, s’orienter…

Et pourtant, cette omniprésence a un revers inquiétant : une forme de dépendance qui ne dit pas toujours son nom. Son petit nom ? La nomophobie. Un mot un peu étrange pour désigner une peur très répandue : celle d’être séparé de son smartphone.

Qu’est-ce que la nomophobie ?

Le terme “nomophobie” vient de l’anglais “no mobile phone phobia”, soit littéralement : la peur de ne pas avoir son téléphone portable à portée de main. Ce phénomène touche de plus en plus d’utilisateurs, sans distinction d’âge ou de sexe.

Concrètement, une personne nomophobe ressent une anxiété importante lorsqu’elle ne peut pas consulter son téléphone : batterie vide, oubli à la maison, perte de réseau… Tout devient source de stress.

Et ce n’est pas juste “un petit attachement” : dans certains cas, cela perturbe le sommeil, la concentration, les relations sociales… C’est une véritable dépendance comportementale.

Alors, la nomophobie est-elle le nouveau mal du siècle ? Mais qui est concerné ? 

Selon une étude menée par l’Ifop pour la Fondation April en 2022, 67 % des Français se disent inquiets à l’idée de ne pas avoir leur téléphone sur eux. Et chez les 18-24 ans, ce chiffre grimpe à 93 % !

D’après une enquête OpinionWay pour l’Observatoire de la santé Psychologique au travail (2023), 8 Français sur 10 regardent leur smartphone dans les dix minutes après le réveil.

Les signes qui doivent vous alerter

Vous ne savez pas si vous êtes concerné(e) ?

  • Vous ressentez une angoisse dès que votre téléphone n’est pas à portée de main.
  • Vous le consultez toutes les 5 minutes, même sans notifications.
  • Vous avez peur de rater un message, un appel ou une actu (le fameux FOMO, “Fear of Missing Out”).
  • Vous dormez avec votre téléphone, voire vous vous réveillez la nuit pour le regarder.
  • Vous préférez scroller sur Instagram plutôt que discuter avec des amis ou en famille.

Le smartphone, notre nouvelle drogue douce ? Pourquoi devient-on dépendant de son téléphone ?

Le smartphone a été pensé pour être addictif. Notifications, likes, messages, sons… chaque alerte libère un petit shot de dopamine, l’hormone du plaisir. Résultat : plus on l’utilise, plus on en veut.

Cette dépendance est aussi socialement encouragée : répondre vite à un message, rester connecté, être joignable 24h/24 est vu comme normal, voire nécessaire, dans la sphère professionnelle ou amicale.

Et puis, il y a la peur de l’ennui. Le téléphone est devenu un réflexe pour combler les vides : dans une file d’attente, dans le métro, au resto… À force, il devient difficile de faire sans.

Quels sont les risques pour la santé ?

La nomophobie n’est pas juste une lubie passagère, elle peut avoir des conséquences concrètes :

Comment (vraiment) décrocher de son téléphone ? 

Pas besoin de jeter votre téléphone à la mer ! Mais une bonne dose de volonté va être nécessaire…

  • Fixez-vous des plages sans téléphone : au réveil, au coucher, pendant les repas.
  • Désactivez les notifications inutiles : moins d’interruptions = moins de stress.
  • Testez les applis de gestion du temps d’écran comme “Forest” ou “Moment”.
  • Réservez un coin de la maison “sans smartphone”, comme la chambre ou la salle de bain.
  • Pratiquez des activités sans écran : marche, sport, lecture, jardinage, jeux de société

Si la dépendance est trop forte, parlez-en à un professionnel de santé. Certains psychologues spécialisés dans les addictions comportementales peuvent vous aider. La nomophobie, ce n’est pas une mode ou un caprice. C’est un vrai mal du siècle, qui touche de plus en plus de personnes, souvent sans qu’elles en aient conscience.

À SAVOIR 

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une exposition prolongée aux écrans, comme celle des smartphones, est désormais reconnue comme un facteur de risque pour la santé mentale, notamment chez les jeunes. L’OMS recommande de limiter le temps d’écran à moins de 2 heures par jour pour les enfants et adolescents.

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