Quand on s’installe au Mina Mino, bar de la Plaine marseillaise, on ne s’attend pas à parler révolution égyptienne et journalisme international avec le patron. Avant d’ouvrir son établissement, Hicham Abou Chabana, 40 ans, a été « fixeur » en Égypte. Un métier qui consiste à être « l’intermédiaire entre le journaliste et le terrain », explique le franco-égyptien. Traduction, recherche de contacts, proposition de sujet, logistique, sécurité… les missions sont vastes.
Hicham, lui, a commencé à l’exercer presque par hasard, lorsqu’il rencontre une journaliste française, Marine Vlahovic. Il l’aide à se faire comprendre alors qu’elle couvre un sit-in place Tahrir au Caire en juillet 2011. Ils sympathisent, puis commencent à travailler ensemble. C’est elle qui lui ouvre les portes de nombreux médias francophones avec lesquels Hicham collabore entre 2011 et 2019. Un métier de l’ombre qui ne l’a « jamais dérangé » précise cet historien de formation, « l’ombre me protégeait même. Et puis je préfère être en coulisses, cela donne le temps de la réflexion ».
Ce Marseillais d’adoption n’est pas avare d’anecdotes sur son ancienne profession. Les « coups de bluff » pour pénétrer dans un lieu sans autorisation, l’entretien avec un militant des Frères musulmans en cavale, la vue des pyramides depuis un hélicoptère avec le photographe Yann Arthus-Bertrand, ou encore la fois où il accompagnait une équipe de France 24 qui s’est fait encercler par tout un village… Mais ce qui l’a le plus marqué, ce sont « les liens construits avec des journalistes dont je suis resté très proche. Des liens de boulot qui sont devenus des liens humains très forts grâce à la confiance qui se tisse et qui reste ».