C’est une bataille de chiffres vieille comme le 1er Mai. Après une journée de manifestations dans toute la France, ce jeudi, les organisations syndicales et le gouvernement ont communiqué un bilan divergent. Selon la CGT, « plus de 300 000 » personnes ont défilé dans les rues en ce jour de fête du Travail. Pour le ministère de l’Intérieur, ils n’étaient que 157 000 manifestants, dont 32 000 à Paris.
« Cette journée de manifestation est une grande réussite », a résumé sur LCI Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, en milieu d’après-midi. Le syndicat, a ensuite fait état de « plus de 300 000 » manifestants en France au sein de quelque 270 cortèges, dont 100 000 à Paris.
Le 1er mai 2024, la CGT avait comptabilisé 210 000 manifestants (dont 50 000 à Paris) et les autorités 121 000.
La gauche se démultiplie
Dans la matinée, plusieurs leaders de gauche, dont François Ruffin (ex-LFI), Marine Tondelier (Les Écologistes) et Olivier Faure (PS), s’étaient donné rendez-vous à Dunkerque (Nord) pour gonfler les rangs du défilé organisé en soutien aux salariés d’ArcelorMittal menacés de licenciement.
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Fabien Roussel (PCF) avait lui choisi de défiler aux côtés des ouvriers d’Outinord, à Valenciennes, alors que Jean-Luc Mélenchon (LFI) était présent dans le cortège parisien, parti de la place d’Italie peu après 14 h. L’ex-candidat à la présidentielle a dénoncé « l’islamophobie et le racisme » et réclamé le retour de la retraite à 60 ans et la nationalisation d’ArcelorMittal.
Sophie Binet, et la CGT, ont appelé à une nouvelle journée de grèves et de manifestations pour réclamer « l’abrogation de la réforme des retraites », le 5 juin.
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Le PS pris pour cible à Paris
Le défilé dans la capitale a été marqué par des heurts autour du stand tenu par le Parti socialiste. Plusieurs manifestants de type black block ont bousculé des militants socialistes, faisant plusieurs blessés selon le chef de file des députés PS, Boris Vallaud.
Le député socialiste Jérôme Guedj, qui a dénoncé des « crétins décérébrés, pseudo-antifas et cagoulés de noir » ayant multiplié « injures, crachats, et enfin coups de poing et mortier », a dû être exfiltré.
« La manifestation (à Paris) s’est globalement mieux déroulée que ce qu’on pouvait craindre », a réagi Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en début de soirée, sur BFMTV, faisant état de quatre membres du PS blessés, quatre gendarmes et deux policiers blessés.
« Des élus de la République ont été ciblés », a souligné le ministre, dénonçant des faits « inadmissibles » et « absolument lamentables ».
Une source policière à Ouest-France fait état de 52 interpellations et 16 blessés dans la manifestation parisienne, dont trois policiers et six gendarmes.
Incidents à Nantes
À Nantes, où 4 000 manifestants ont défilé dans la matinée, selon Ouest-France, 14 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. « Des manifestants ont dégradé la préfecture et jeté des projectiles ainsi que des mortiers contre les forces de l’ordre, a écrit le préfet de Loire-Atlantique sur les réseaux sociaux, peu avant 13 h. La police a riposté en utilisant des canons à eau et gaz lacrymogène. » Le calme est ensuite revenu.
À Rennes, un cortège de 3 000 à 4 000 manifestants a avancé dans le calme vers le quartier populaire de Villejean, qui fut le théâtre d’une série de tirs sur fond de narcotrafic, le mois dernier.
Environ 4 000 personnes se sont rassemblées à Caen, 200 à Saint-Lô et près de 300 à Alençon. De Brest à Quimper, au moins 3 650 personnes ont battu le pavé dans le Finistère, contre plus d’un millier de personnes à Angers, 500 manifestants au Mans et 700 personnes en Vendée.
Dégradations à Lyon
Ailleurs en France, ils étaient 600 à manifester à Vergèze (Gard) pour protester contre la fermeture de la Verrerie du Languedoc, qui produit des bouteilles en verre pour plusieurs marques, dont Perrier.
Entre 6 500 et 10 000 manifestants ont défilé à Lyon, où au moins trois personnes ont été interpellées après des dégradations. Mêmes chiffres à Toulouse, où des échauffourées ont éclaté entre syndicalistes et Gilets jaunes. À Marseille, la police a compté 3 600 manifestants contre 15 000 pour le député Insoumis Manuel Bompard. Ils étaient près de 3 000 à Strasbourg, selon les forces de l’ordre, ou encore entre 2 000 et 10 000 à Bordeaux, selon les sources.
À Narbonne, où le RN tenait un meeting en présence de Marine Le Pen et Jordan Bardella, entre 3 000 et 3 700 personnes ont défilé pour célébrer la journée internationale des travailleurs et dire leur opposition à l’extrême droite.