Le court numéro 1 du Country Club Aixois s’est transformé, mercredi soir, en théâtre d’une scène rare et glaçante sur le circuit Challenger. Corentin Moutet, alors en pleine bataille pour une place au troisième tour à Aix-en-Provence, a vu la tension sportive basculer dans une intimidation brutale. Son adversaire russe, Pavel Kotov, lui aurait lancé en plein match : « La prochaine fois que tu viens au filet, je te tuerai. » Avant d’ajouter : « Un jour, quelqu’un te tuera. »

Des mots lourds de menaces, pourtant passés entre les mailles de l’arbitre. L’ATP n’a, de son côté non plus, pas bronché. Moutet s’est alors empressé de dénoncer l’incident sur X (ex-Twitter) : « Il n’y a même pas eu d’avertissement. Apparemment, ces mots sont autorisés sur le court. Comment voulez-vous que je ne m’implique pas si vous ne faites pas votre boulot ? », s’adressait le Français à l’institution.

Le message, rapidement supprimé, a laissé place à une justification désabusée : « Je suis trop transparent, je parle trop comme je pense, et dans ce monde-là, ce n’est pas bien. À chaque fois, ça se retourne contre moi. » Fidèle à son franc-parler, Moutet s’est résolu à écouter les conseils de son entourage, retirant son message, mais laissant planer le malaise.

Match en deux actes

Le match aura duré près de trois heures, dans une ambiance électrique où les esprits se sont échauffés dès les premiers échanges. L’un reprochait à l’autre ses cris, l’autre s’agaçait des vérifications de traces de balle ou du temps pris pour se replacer. Les encouragements sont vite devenus caricaturaux, chacun tentant de faire toujours plus de bruit après chaque point gagné.

Interrompu la veille à une manche partout et 5-5 dans le troisième set, faute d’éclairage, le match a repris ce jeudi dans une atmosphère toujours aussi tendue. Moutet a conclu la rencontre par une volée parfaitement touchée au filet, avant d’exulter sans retenue. Pas de poignée de main, ni même de regard échangé entre les deux hommes.

Pas de plainte

Face à la gravité des propos, la question d’une plainte aurait pu se poser. Moutet, pourtant, a choisi de ne pas saisir la justice. « Moi aussi, dans le passé, j’ai eu des paroles que je n’aurais pas dû avoir. Aujourd’hui, on sait qu’il y a des gens qui disent des choses sur le terrain qu’ils ne diraient pas en dehors. L’important, c’est que chaque personne concernée connaît la vérité de la situation. Je ne vais pas porter plainte contre lui. Si je veux régler mes problèmes, j’irai le voir directement, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire. » Lucide, il préfère l’apaisement à l’escalade judiciaire.

Reste un épisode qui interroge sur la gestion de la violence verbale dans le tennis professionnel et sur la solitude des joueurs face à des dérives que l’institution peine parfois à endiguer.

Plus de Français en lice

Pour la première fois depuis 2018, le Challenger 175 d’Arnaud Clément ne comptera aucun Français en quarts de finale. Ce jeudi, les trois derniers espoirs tricolores ont tous été battus. Ni Arthur Rinderknech, ni Quentin Halys, tête de série numéro 3, ne verront le tour suivant. L’influx nerveux laissé la veille a aussi eu raison de Corentin Moutet, qui, malgré sa victoire matinale, s’est incliné face au géant américain Reilly Opelka, 6-7, 6-7.

Les résultats

Mariano Navone bat Quentin Halys, 6-2, 6-4

Valentin Vacherot bat Jaume Munar, 7-6, 6-2

Borna Coric bat Arthur Rinderknech, 7-6, 6-4

Borna Gojo bat Daniel Galan, 4-6, 7-6, 7-5

Nishesh Basavareddy bat Albert Ramos, 7-5, 7-5

Stan Wawrinka bat Alexei Popyrin, 6-3, 3-6, 6-1

Ignacio Buse bat Luciano Darderi, 6-0, 6-4

Reilly Opelka bat Corentin Moutet, 7-6, 7-6

Le programme du vendredi 2 mai

Quarts de finale, sur le court centrale à partir de 11h :

Borna Coric (CRO) – Mariano Navone (ARG)

Reilly Opelka (USA) – Ignacio Buse (PER)

Stan Wawrinka (SUI) – Nishesh Basavareddy (USA)

Valentin Vacherot (MON) – Borna Gojo (CRO)