Projet d’intérêt national, inscrit dans la loi des mobilités au même titre que les lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, Marseille-Nice et Montpellier-Perpignan, la Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) est, « il faut dire les choses comme elles sont, bloquée pour des raisons politiques ». C’est le constat de Nicolas Mayer-Rossignol, président de la métropole Rouen Normandie, maire de Rouen (Seine-Maritime) et candidat à la tête du Parti socialiste. L’élu a donc réuni, ce mercredi 30 avril, l’ensemble des acteurs du ferroviaire concernés, ainsi que des élus, des acteurs économiques ou associatifs locaux, pour créer un comité local de promotion du train, et organiser sa première réunion.
Comme le présente le maire, ce comité veut être « un outil inédit sur la question du ferroviaire qui préoccupe notre territoire, pour porter d’une façon positive les enjeux au-delà des sensibilités partisanes ». Des enjeux d’autant plus stratégiques que le train est « devenu un facteur limitant » en Normandie, analyse-t-il. Et d’autant plus avec l’opposition à la LNPN de la région Île-de-France, qui a appelé en septembre dernier à l’abandon du projet.
« Tout le monde n’est pas d’accord avec nous, donc nous devons nous rassembler pour amplifier une dynamique collective, car cela concerne aussi le SERM (Service express régional métropolitain, NDLR) et le futur hub qu’est la gare Rouen Saint-Sever, pour un bassin de vie qui compte 800 000 habitants. Il faut sortir des chapelles. Porter une même voix et pas seulement pour les Rouennais », appelle le maire.
Un appel au soutien de l’État
Un avis partagé par Didier Robles, directeur du projet de la LNPN à la SNCF, qui rappelle les avantages attendus de la ligne, qui relierait Paris à la Normandie en passant par Mantes-la-Jolie (Yvelines) : « Des nouvelles voies plus performantes dédiées aux voyageurs permettront d’apporter plus de capacité, car plus de trains », allant jusqu’à Cherbourg (Manche), Le Havre et Dieppe (Seine-Maritime). Le projet prévoit par ailleurs de mieux relier Caen (Calvados), Évreux (Eure) et Rouen.
Pour toutes les destinations concernées, les trajets seraient plus fréquents, mais aussi plus rapides. « Cette amélioration de temps de parcours permettra aussi une meilleure entrée à la Gare Saint-Lazare et une désaturation du trafic des trains régionaux franciliens », promet le directeur du projet.
Sur le papier, beaucoup de positif. Mais sur le terrain, il est forcé de temporiser. « Nous avons commencé les concertations en Normandie, mais pas encore en Île-de-France », reconnaît-il.
« La situation est bloquée avec Valérie Pécresse et les Yvelines », développe Nicolas Mayer-Rossignol. « Il y a un temps où les Ceser (conseil économique, social, environnemental régional, NDLR) et les chambres de commerce de Normandie et d’Île-de-France portaient le projet. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il ne s’agit pas d’aller au front, mais c’est totalement injuste pour les Normands. »
Le socialiste a confirmé avoir rencontré la veille le ministre des Transports, Philippe Tabarot, pour demander un soutien de l’État. « Le rapport de force entre l’Île-de-France et la Normandie, la réalité territoriale et politique, ne nous est pas particulièrement favorable », admet le maire. « L’écoute a été très attentive. Il faut donc se rassembler. Il n’y a que l’État qui peut avoir cette position arbitraire entre les deux régions. Il faut absolument retrouver le pacte interrégional », a-t-il insisté.
Le comité a également présenté le SERM qui sera développé autour de Rouen, et le futur chantier de la gare de Rouen Saint-Sever. Deux projets qui seraient fortement affectés par un abandon de la LNPN.