Partir seul pour se compter au premier tour, puis s’unir avec une autre liste au second pour disposer d’une réserve de voix et créer une dynamique. Cette classique stratégie électorale, souvent mise en pratique dans les états-majors, est battue en brèche par un groupe de citoyens.
Il s’agit d’anciens élus municipaux, communautaires ou régionaux pour certains, cadres de la fonction publique territoriale, professions libérales, responsables associatifs, culturels et sportifs, commerçants et libéraux pour d’autres. Ils se présentent comme « citoyens de base, venant de divers horizons et quartiers » et sont réunis par la même envie : voir les actuels locataires écologistes de la mairie de Strasbourg et de l’Eurométropole, faire leurs valises en 2026 et ne surtout plus revenir…
Pour « une liste fusionnée » au premier tour
Parmi les cosignataires de cet « appel citoyen », on retrouve notamment Yveline Moeglen, Cathy Muller, Claude Knoblauch, Maritchu et Paul-Joseph Rall, Jean-Louis Heiser, Aloyse Roos, Philippe Sigwalt, Jean-Louis Martini, et Gilles Poulmarch. Tous militent aujourd’hui pour que les différentes oppositions au conseil municipal proposent « une liste fusionnée » dès le premier des municipales en mars 2026. Ce qui démarre mal, vu les premières velléités de listes – séparées – qui s’annoncent du côté des Républicains et des socialistes , pour ne citer qu’elles.
« La municipalité sortante, idéologue et autoritaire affiche, depuis cinq ans, des positions partisanes et dogmatiques », considèrent-ils dans leur courrier incendiaire. Elle laisse, estiment-ils, « une Ville gravement endettée, sans équilibre territorial, avec une bétonisation non maîtrisée, avec de folles inepties en matière de pistes cyclables et d’aménagement routier ». Le catalogue de leurs ratés – supposés – se poursuit du côté de leur « politique économique », « commerciale », « sportive », qui est décriée, tout comme « la sécurité et l’attractivité ».
« Retisser le lien social »
Selon eux, c’est « le déclassement » à tous les étages à Strasbourg. D’où la volonté des signataires de rassembler « pour retisser le lien social » et « redonner un rôle majeur à Strasbourg, Capitale européenne ». Et d’appeler de leur vœu les « Républicains, socialistes, centristes, Horizons et Renaissance, de Nicolas Matt à Catherine Trautmann , de Pierre Jakubowicz à Jean-Philippe Vetter, de Pernelle Richardot à Etienne Loos », à se regrouper sous la même bannière dès la ligne de départ des municipales.
Un grand écart sur l’échiquier politique tout à fait possible, font-ils savoir. Pour preuve, la gouvernance précédente de « l’exécutif de l’Eurométropole autour de Robert Herrmann (PS) et d’Yves Bur (UMP) , avec le soutien du maire Roland Ries » (ainsi que des écologistes, oublient-ils de préciser, ndlr). Autre exemple, puisé à la fin des années 90, « l’union réalisée par Adrien Zeller au conseil régional d’Alsace », qui incluait « les composantes centristes, républicaines et écologistes (avec Antoine Waechter, Yveline Moeglen et Andrée Buchmann) ».
Vote du cœur et vote utile
À en croire les cosignataires, il suffirait de fédérer tout le monde « autour d’un projet mobilisateur », qui permettrait de « jeter les ponts pour promouvoir l’union républicaine et sociale, en reconnaissant les sensibilités propres et en privilégiant ce qui réunit sur l’essentiel ». Pas une mince affaire, avec les ambitions contraires qui ne vont pas manquer de naître à l’approche du scrutin.
Il n’en demeure pas moins que cette stratégie électorale du « tous ensemble contre les écologistes dès le premier tour » n’est pas sans handicap pour les opposants. Où puiser les réserves de voix au second tour ? En outre, il est loin d’être acquis que les électeurs suivront ce schéma. En effet, ne dit-on pas que le premier tour est un scrutin où l’on vote selon sa sensibilité politique, avant de se rallier, éventuellement, au second tour à un vote dit « utile » ?