Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

2 mai 2025 à 17h28

Ce mercredi 30 avril au soir, lors d’un débat du Cercle Mozart sur la sécurité à Montpellier, Sandrine Bignoli, la présidente de la FCE -association Femmes chefs d’entreprises de l’Hérault- a livré un témoignage choc, « coup de poing » sur…l’insécurité.

Elle a presque volé la vedette au préfet, au maire de Montpellier et au directeur interdépartemental de la police nationale -DIPN 34-, dans le cadre lumineux de la clinique Saint-Jean de Saint-Jean-de-Védas, où l’équipe du Cercle Mozart emmenée par Jean-Marc Maillot organisait ce débat devant un parterre bien rempli. « Dans nos entreprises, nous subissons au quotidien les vols, les cambriolages, les violences, nos biens matériels sont dérobés, des auteurs n’hésitent plus à défoncer les portes blindées, au point de s’assurer le concours d’agents de société privée, mais cela coûte très cher. Des salariés sont physiquement agressés et il faut gérer ces situations et surtout les traumatismes qui en découlent », a révélé, très émue, celle qui préside FCE 34 créée en France il y a 80 ans et implantée dans l’Hérault depuis 40 ans, avec cent adhérentes à ce jour. Les membres du Cercle Mozart et leurs invités, guère surpris, ont compati.

Sandrine Bignoli a conclu son intervention choc sur une note optimiste : « On sait s’adapter, on se protège comme on peut, notamment grâce aux compagnies d’assurance ». Maire et président de la Métropole de Montpellier, Michaël Delafosse a réagi en ne restant pas insensible à ce témoignage, tout comme François-Xavier Lauch, préfet de l’Hérault et le contrôleur général Benoît Desmartin à la tête de la DIPN 34, évoquant tour à tour la lutte permanente sur le font de l’insécurité, les cambriolages certes, mais aussi le fléau des vols à la roulotte -dans les véhicules en stationnement- et le trafic de drogue. Le combat contre le narcotrafic est le cheval de bataille du préfet depuis son arrivée ici, rappelant que « les forces de police et de gendarmerie ciblent désormais les consommateurs, car sans eux, pas de trafic, continuant à s’attaquer aux têtes des réseaux et aux points de deal ».

Benoît Desmartin a confirmé : « Nous avons une cartographie mise à jour quotidiennement grâce aux remontées de renseignements des policiers de terrain pour situer ces points de vente et les drives ». Le patron des policiers nationaux a évoqué ses souvenirs : « J’ai fais mes études à Montpellier et il y a trente ans, on ne parlait pas de points de deal. Aujourd’hui, ils fonctionnent H24 comme à Aiguelongue et à la Cité Gély. On a décidé de lancer des opérations régulières de pilonage, avec l’appui des CRS spécialisés ». Il a révélé les actions en amont : « on taille les grosses haies de lauriers où les dealers cachent les produits et on éteint l’éclairage public entre 21h et 23h pour dissuader les clients venant s’approvisionner ». Policiers municipaux et nationaux s’emploient également à détruire les drives sous la forme de petites cabanes en bois et à enlever les barrages formés par des containers, des tas de pneus et autres obstacles pour interdire l’accès aux points de deal, comme récemment encore à la Cité Gély. Inlassablement, les agents reviennent pour éviter des zones de non-droit. « On ne peut tolérer que les narcotrafiquants qui agissent sans scrupule utilisent moyennant finance des charbonneurs et des guetteurs de 10 à 14 ans et plus pour surveiller les points de deal », a martelé fermement Michaël Delafosse.

Vidéos : en ce moment sur ActuVers une interdiction de paraître sur des points de deal

François-Xavier Lauch a lâché une information de taille : « dans mes tiroirs de la préfecture, j’ai une mesure choc que je souhaite faire appliquer le plus tôt possible, l’interdiction de paraître sur des points de deal qui visera ceux qui ont été condamnés pour ce genre de trafic, y compris les toxicomanes poursuivis pour usage de stups ».

Le préfet est revenu sur le bilan positif des opérations « Places nettes » à Montpellier, Béziers et Sète, remplacées depuis janvier dernier par des actions dans le cadre de la « Ville sécurité renforcée » et pour la première fois des contrôles d’alcoolémie ciblant les toxicomanes aux portes des points de deal. « Ils voient leur permis de conduire retiré pour six mois », s’est-il félicité. Michaël Delafosse a insisté : « La première action quand j’ai été élu maire de Montpellier et que j’ai pris conscience de cette réalité, les trafics de stups, le blanchiment par les épiceries, la délinquance sérielle, ma décision a été de coordonner les forces de police, en lien avec le préfet. Moi, je lui parle presque tous les jours. Quand l’ancien préfet Jacques Witkowski est arrivé dans l’Hérault, je me suis entretenu six heures pour trouver des solutions rapides et efficaces contre le trafic de drogue. Les unités de la police municipale sont complémentaires de celles de la police nationale : à ce jour, nous avons 50 policiers municipaux, 42 en plus à la police métropolitaine des transports et 42 autres au Groupement de sûreté résidentielle inter-bailleurs, le GSRI. Et nous mettons à disposition du procureur de la République et des enquêteurs les bandes des caméras de vidéo-protection, grâce au Centre de supervision urbaine, le CSU. Et Michaël Delafosse de révéler que 300 réquisitions judiciaires ont lieu en moyenne par mois.

Benoît Desmartin a vanté l’aide précieuse de la vidéo-protection de la Ville de Montpellier, qui « avec les indices isolées sur les lieux de crimes et de délits par la police technique et scientifique permet d’augmenter nos taux d’élucidation. Ici, il est de 26% contre 10% au niveau national ». Une coordination qui va être accrue entre les services chargés de combattre l’insécurité. « Je me souviens de ce constat fait par un agent de la police ferroviaire nommé à la Suge, la Sûreté générale à Montpellier : ici on travaille tous ensemble, ce qui n’est pas le cas à Paris » a cité comme exemple Michaël Delafosse. Le maire et président de la Métropole s’est aussi souvenu de cette mesure prise dès son élection en juillet 2000 : « Nous avions 349 mineurs isolées, aujourd’hui MNA, mineurs non accompagnés qui étaient hébergés dans des hôtels et dont certains faisaient des razzias, avec des vols et des agressions crapuleuses. Eh bien avec Kléber Mesquida, président du Département, nous avons pris le problème à bas le corps et nous avons créé des centres d’hébergement adaptés ». 

Anne Ferrer élargit le Cercle

Lors de ce débat à la clinique Saint-Jean qui a vu notamment Anne Ferrer, la directrice générale du CHU de Montpellier qui a des racines biterroises élargir le Cercle Mozart en étant « intronisée (on dit « pitchée ») nouvelle membre de cette association qui a pignon sur rue, Michaël Delafosse a souligné l’intégrité des policiers municipaux : « Nous nous sommes débarrassés d’une brebis galeuse qui jouait notamment le maître-chanteur au CSU d’où nous l’avons vite éjecté. Depuis ces dernières années, il sévit -ou plutôt ils sévissent- sur les réseaux sociaux derrière un pseudo et en publiant des fakes ».

Il n’en a pas dit plus, mais selon nos informations un juge montpelliérain mène une instruction après une enquête de la police nationale et l’ouverture d’une information judiciaire, suite à de nombreuses plaintes, notamment pour diffamation, avec déjà une mise en examen, avec d’autres qui vont suivre. Les noms d’un élu, d’un ancien journaliste, d’ex-membres de cabinets d’une collectivité et de responsables d’associations actifs sur les réseaux sociaux sont cités dans la procédure. Tous avancent courageusement masqués derrière un pseudo ! Un débat enrichissant à tous les niveaux grâce au Cercle Mozart.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.