Le collectif Elsau Solidaire occupe l’école Léonard de Vinci depuis mardi 1er avril pour mettre à l’abri une famille. La Ville va proposer une solution d’hébergement.

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Thibault Vetter

Publié le 4 avril 2025  ·  

Imprimé le 7 avril 2025 à 05h44  ·  

Modifié le 4 avril 2025  ·  

2 minutes

Cette famille d’origine albanaise dormait dehors depuis sept mois. Le père, la mère enceinte et un enfant de trois ans, scolarisé à l’école maternelle Léonard de Vinci. Depuis mardi 1er avril, le collectif Elsau Solidaire, constitué de parents d’élèves et de personnel éducatif, a décidé d’utiliser l’établissement pour y loger la famille, grâce à une efficace mobilisation citoyenne dans le quartier.

« On occupe deux salles de classe la nuit, une pour la famille et l’autre pour deux personnes du collectif. Le matin, on débarrasse tout avant 7h30 et l’arrivée des élèves », détaille Nicolas Poulin. Parent d’une fille en CE1, il a dormi une nuit dans l’école :

« On a lancé un appel à la solidarité mardi chez les parents d’élèves et le personnel éducatif. En deux heures, une vingtaine de personnes ont répondu. Le planning d’organisation s’est mis en place jusqu’à dimanche, avec à chaque fois deux personnes qui passent la nuit à l’école et un autre groupe qui ramène la nourriture. »

La Ville va proposer une « tiny house »

La famille s’était installée au camp du parc Eugène Imbs mais n’a pas été prise en charge lors de son évacuation en février. Elle a ensuite posé sa tente dans le parc du Heyritz. « Ils sont fatigués mais reconnaissants de voir qu’il y a une mobilisation pour eux, ils se sentaient un peu abandonnés ces derniers temps », commente Annabelle Rodrigues, enseignante en CM2 :

« Ils ont eu un parcours difficile. Ils nous ont dit qu’ils sont en situation irrégulière. Le père est chrétien et la mère est musulmane, et il y a de grosses tensions communautaires en Albanie. Lui s’est fait frappé par des membres de la famille de sa femme d’après ce qu’il nous témoigne. C’est pour ça qu’ils ont dû fuir. »

Une prise en charge par la Ville

Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des Solidarités annonce à Rue89 Strasbourg que la ville va proposer une solution d’hébergement à cette famille : « Elle devrait être orientée vers les “tiny houses” (petites maisons mobiles, NDLR) de la rue de la Carpe Haute à la Robertsau, qui seront disponibles la semaine prochaine normalement. » C’est donc la municipalité écologiste qui va prendre en charge de nouvelles personnes sans-abri (700 places créées depuis le début du mandat en 2020), alors que l’hébergement d’urgence est censé être une compétence de l’État, comme le prévoit la loi.

Le collectif affirme que d’autres familles d’élèves de l’école sont également sans-domicile-fixe. Certaines sont logées chez des tiers, d’autres dans un gymnase suite à l’évacuation du campement Eugène Imbs ou dans des chambres d’hôtel d’urgence selon Nicolas Poulin. « On continuera la mobilisation s’il le faut », prévient Annabelle Rodrigues.