Donald Trump a levé le voile vendredi sur l’ébauche de son projet de budget, en marquant une rupture assumée avec les politiques sociales et environnementales fédérales. Le texte, encore au stade de brouillon, prévoit un virage budgétaire radical : des coupes massives dans les dépenses civiles, à hauteur de 163 milliards de dollars, au profit d’une hausse de 13 % du budget de la Défense et d’un bond de 65 % pour la Sécurité intérieure.
Sous couvert de « réduire ou supprimer des programmes woke détournés contre les Américains moyens », la Maison-Blanche entend recentrer l’action publique sur des priorités conservatrices. De nombreux programmes fédéraux sont visés : climat, santé, recherche, développement international, éducation. Les coupes toucheraient aussi bien l’agence USAID que le NIH (National Institutes of Health), dont le budget serait amputé de près de moitié, de 48 à 27 milliards de dollars.
La fin « des priorités d’extrême gauche »
Ce projet budgétaire, qui ne comporte encore aucune mesure fiscale – un second texte est attendu en mai – constitue une déclaration d’intention politique. Il reflète les priorités de Donald Trump. « L’aide au développement américaine a été dirigée vers des priorités d’extrême gauche », a asséné l’exécutif, qui annonce la suppression de subventions à des programmes de santé reproductive en Afghanistan, en Syrie ou encore en Afrique. Dans le viseur : les politiques perçues comme « woke », notamment en matière de genre ou de diversité.
La Maison-Blanche s’en prend également aux agences scientifiques et climatiques, qu’elle accuse de promouvoir un « alarmisme climatique » et de « radicaliser les étudiants ». La NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) verrait ainsi son budget de recherche fortement réduit. Quant à la Nasa, elle serait contrainte d’abandonner sa mission de retour d’échantillons martiens pour se recentrer sur l’envoi d’astronautes sur Mars.
La sécurité intérieure avant tout
Les services de sécurité, à l’inverse, sont dopés par cette orientation budgétaire offensive. Le texte promet de financer des « expulsions massives » et de freiner les avantages sociaux accordés aux migrants en situation irrégulière. Lors d’une conférence de presse, les responsables de la Maison-Blanche ont affirmé être « soudés » derrière les objectifs de réforme, malgré les critiques immédiates. Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a dénoncé « une attaque en règle contre les Américains qui travaillent dur ».
Notre dossier sur les Etats-Unis
Le Congrès devra désormais se saisir de ce texte pour entamer la rédaction des douze lois de finances qui, chaque année, composent le budget fédéral. Mais avec un Sénat divisé et des lignes de fracture idéologiques tranchées, le parcours législatif s’annonce long et conflictuel.