C’est une étrange vidéo qui a été diffusée au palais de justice de Newcastle au Royaume-Uni. Pendant deux minutes et quarante secondes, “une silhouette à contrejour [coupe] un arbre à la tronçonneuse”, rapporte The Guardian. Selon le procureur du tribunal, il s’agirait du moment exact où le célèbre arbre centenaire Sycamore Gap Tree a été abattu, dans la nuit du 27 au 28 septembre 2023.
Mercredi 30 avril se tenait le procès de deux hommes accusés de cet acte de vandalisme. Le quotidien britannique précise que l’extrait, filmé en pleine nuit, a “dû être retouché par la police pour en modifier la luminosité et le contraste”. “On entend le vacarme de la tronçonneuse, puis c’est le fracas de l’arbre qui s’effondre”, commente-t-il.
“Bien qu’il soit difficile de déterminer qui a scié le tronc”, cette séquence accable encore un peu plus les deux accusés, qui nient pourtant les faits. D’abord parce qu’elle a été filmée avec le smartphone de l’un d’eux, mais aussi parce que le procureur chargé du dossier a dévoilé les messages qu’ils ont échangés entre eux le lendemain. Ils semblent alors “se délecter de la couverture médiatique” accordée à la disparition de l’arbre. “Ils trouvent toujours ça drôle, intelligent ou grandiose”, a fustigé le procureur, selon des propos rapportés par le Guardian.
“Silhouette emblématique”
Il faut dire que la disparition du Sycamore Gap Tree avait créé l’émoi en Angleterre. À la fin du XIXe siècle, ce gigantesque érable avait poussé dans un creux du mur d’Hadrien, monument classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il était devenu l’un des symboles de la région de Northumbrie.
Il était également connu sous le nom d’“arbre de Robin des bois”, après une apparition dans le film de 1991 Robin des Bois, prince des voleurs, avec l’acteur Kevin Costner. “Sa silhouette emblématique avait été reprise sur de nombreux supports, et cela avait fait de cet érable un vrai totem. C’était devenu un lieu prisé pour faire une demande en mariage, un pèlerinage familial, et même pour disperser les cendres d’un proche”, aurait affirmé lors du procès un archéologue, rapporte un article du Times.
Si une peine de prison semble peu probable, rapporte la presse britannique, les deux accusés, âgés d’une trentaine d’années, risquent néanmoins des amendes. Selon le Guardian, ils sont “tous deux accusés de dégradations volontaires, des dégâts estimés à 622 191 livres setrling [732 000 euros] contre l’arbre”, mais aussi “contre le mur d’Hadrien, pour un montant de 1 144 livres [1 345 euros]”.