Créée en 1997, Le Mouv’est la radio destinée aux « jeunes ». Face à des audiences basses, elle opère un rebranding en 2015, Le Mouv’devient Mouv’, la chaîne électro et hip-hop. Sa couleur verte, ses actualités, son style musical, sa rédaction et ses réseaux sociaux, tout avait pour but d’attirer la nouvelle génération.
Si la stratégie lancée par l’ancien directeur général de Konbini, Mathieu Marmouget, avait permis à la radio d’avoir 442000 abonnés sur Instagram, les écoutes, elles, ne représentent que 0,5% d’audience cumulée entre janvier et mars selon les chiffres de Médiamétrie publiés par Radio France. La décision d’arrêter la diffusion FM de Mouv’a donc été prise.
D’abord annoncée à l’équipe par Mathieu Marmouget, ce jeudi 17 avril, elle a été confirmée lors d’un conseil social et économique (CSE) par la présidente de la radio publique, Sibyle Veil, ce 28 avril. « Innover sous contrainte », titre du message reçu par la rédaction Mouv’dans lequel il est expliqué que la radio cessera d’émettre en FM. Elle restera tout de même en DAB + mais diffusant uniquement de la musique.
La grille de programme devrait être redistribuée sur les différentes stations de la Maison ronde qui sembleraient intéresser de plus en plus comme France Info, Inter ou Culture.
6 millions d’euros d’économie
Seuls 2 CDI sur une quarantaine seraient conservés pour le fonctionnement de Mouv’en DAB +. D’autres missions au sein de Radio France seront proposées aux autres, sans plus de précisions. Les CDD s’inquiètent en l’absence de passerelles vers les autres stations de la Maison ronde.
La suppression de la grille de programme et la diffusion FM de Mouv’s’inscrit dans un contexte de coupes budgétaires. Radio France voit sa dotation publique réduite de 23,9 millions d’euros. L’arrêt de la station permettrait une économie de 6 millions d’euros.
La décision ne plaît pas à la rédaction, mais ce sont des médias, artistes et internautes qui prennent la parole sur les réseaux sociaux pour réclamer le maintien de Mouv’.
Dès l’annonce à l’équipe le 17 avril, un communiqué avait été posté sur les réseaux de Mosaïque. Dans les commentaires, on peut lire de la déception, mais aussi des #freemouv’.
« Une jeunesse connectée, créative, exigeante »
Le 30 avril, plusieurs médias postent sur Instagram un communiqué intitulé « Sauvons Mouv' ». Ils déplorent la fermeture d’une radio perçue comme un « acteur engagé dans la découverte, la transmission et le soutien à la création émergente » qui « ne se contente pas de divertir : elle informe, décrypte, donne la parole à des voix expertes, sensibles et ancrées dans le réel ».
Le public touché par Mouv’est aussi évoqué en sommant Radio France de changer de posture et de ne pas « effacer une voix publique » qui répond à une demande : « celle d’une jeunesse connectée, créative, exigeante, qui cherche des espaces de représentation, d’inspiration, d’émancipation ».
Pour les rédacteurs, il s’agit d’un « abandon stratégique, un recul symbolique » notamment en ce qui concerne la culture et la diversité. La transformation numérique de la radio serait un recul dans l’accès pour tous de cette station publique qui « contribue à l’éveil critique d’une génération qui, trop souvent, n’a pas accès à des formats fiables, construits, pensés pour elle. » Dans les commentaires, la démarche est saluée.