Les incertitudes qui planent sur le financement de la recherche en sciences de la vie mettent en péril le rôle moteur des États-Unis dans ce domaine, avec des risques pour le développement de certains médicaments et la compétitivité américaine en général.
Le gouvernement Trump a essuyé plusieurs revers judiciaires depuis qu’il a ordonné aux agences fédérales, au mois de janvier, de geler leurs subventions publiques. Début mars, un juge a notamment exigé la suspension de cette mesure jusqu’à nouvel ordre.
La situation reste néanmoins délicate pour les universités, qui hésitent à accepter de nouveaux doctorants en sciences de la vie – un domaine financé en grande partie par les subventions fédérales versées par les Instituts nationaux de la santé (NIH) – de peur d’un nouveau retournement de situation.
Dans le département de sciences de la vie de l’université de Washington, les bourses continuent pour l’instant de tomber comme si de rien n’était, mais la recherche n’est pas outillée pour affronter de telles inconnues, explique Justin Kollman, directeur par intérim du département de biochimie. Car les universités ont besoin d’être certaines de pouvoir financer leurs étudiants tout au long de leur parcours doctoral, qui dure en moyenne cinq ans.
Moins d’étudiants
Pour éviter les mauvaises surprises, ses collègues et lui ont décidé de recruter moins d’étudiants de troisième cycle cette année. Ils n’ont accepté que quatre candidats, contre six à huit en temps normal.
La plupart des programmes doctoraux de la faculté de médecine, à laquelle est rattaché le département de biochimie, ont également revu leurs quotas d’admission à la baisse cette année, de 25 à 50 % selon les cas, expose Shelly Sakiyama-Elbert, directrice adjointe de la recherche et des programmes doctoraux. “Le recrutement des enseignants est également ralenti, avec des répercussions pour les postdoctorants qui arrivent en fin de contrat.”
Les coupes budgétaires toucheraient également les postes de dépenses annexes, comme les équipements ou le salaire du personnel administratif et financier. Et bien qu’un juge fédéral ait ordonné le blocage de cette mesure [début mars], Justin Kollman redoute encore que cette décision ne finisse p