Au terme d’une campagne marquée par le pouvoir d’achat, l’environnement et les droits de douane américains, le Parti travailliste mené par le Premier ministre Anthony Albanese a remporté ce samedi 3 mai les élections législatives en Australie, selon les projections de la chaîne publique ABC sur la base des premiers résultats. Peu de temps après, le chef du gouvernement de centre gauche a revendiqué la victoire, lors d’un discours devant ses soutiens à Sydney : «Merci au peuple australien de me donner la chance de continuer de servir la meilleure nation au monde», a-t-il lancé.
Le scrutin tourne même à la débâcle pour l’opposition conservatrice. Son chef et candidat au poste de Premier ministre, Peter Dutton, perd son siège au Parlement au profit de son adversaire du Parti travailliste, projette le diffuseur public ABC sur la base de résultats partiels de l’élection législative dans sa circonscription. Le chef du Parti libéral a d’ailleurs concédé la défaite de son camp : «J’ai appelé le Premier ministre pour le féliciter de son succès», a déclaré Dutton, ajoutant : «Nous n’avons pas fait assez bien lors de cette campagne – cela est évident aujourd’hui, et j’en assume l’entière responsabilité».
Des localités désertiques aux villes côtières, les habitants du pays océanien étaient appelés à choisir entre les camps de deux vieux routiers de la vie politique nationale : le chef du gouvernement de centre gauche Anthony Albanese – au pouvoir depuis trois ans – et son adversaire conservateur Peter Dutton. Objectifs du scrutin : choisir les 150 membres de la prochaine législature de la chambre basse et renouveler environ la moitié du Sénat.
Anthony Albanese, 62 ans, a promis de développer les énergies renouvelables, lutter contre la crise du logement et financer davantage le système de santé. «Dans les sondages, il y a beaucoup d’électeurs indécis. Nous devons soulever des montagnes», avait-il admis vendredi, à la veille du scrutin.
Peter Dutton, chef du Parti libéral, avait, lui, prédit «beaucoup de surprises, siège après siège», affirmant n’avoir «pas rencontré un seul Australien lors de cette campagne qui ait dit aller mieux» qu’en 2022, lors des dernières législatives. Cet ancien policier de la brigade des stupéfiants de 54 ans disait vouloir réduire l’immigration, s’attaquer à la délinquance et se débarrasser d’une interdiction du nucléaire civil dans le pays.
La campagne électorale a été bousculée dès ses premiers jours par l’offensive commerciale du président américain Donald Trump : l’Australie, alliée de longue date des Etats-Unis, fait l’objet de droits de douane américains de 10 % sur une grande partie de ses marchandises.
Certains sondages montrent que le soutien aux conservateurs s’est amoindri en raison de la politique de Donald Trump, qualifié de «grand penseur» par Peter Dutton au début de l’année. «Si je devais me battre avec Donald Trump ou n’importe quel autre dirigeant pour défendre les intérêts de notre nation, je le ferais en un éclair», a toutefois assuré Peter Dutton en avril, témoignant d’un changement de ton. Anthony Albanese a pour sa part condamné les surtaxes américaines, y voyant un acte d’«autodestruction économique» et un «geste indigne de la part d’un [pays] ami».
L’économie préoccupe les électeurs, de nombreux ménages australiens peinant à faire face à l’augmentation des prix du lait, du pain, de l’électricité ou encore du pétrole. Albanese et Dutton ont tous deux fait valoir leurs origines populaires – sans être parvenus à donner le prix exact d’une douzaine d’œufs lors d’un débat télévisé.
Les électeurs d’Australie, géant de la production de charbon, devaient aussi départager deux dirigeants aux visions contrastées sur le changement climatique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le gouvernement travailliste d’Anthony Albanese a promis de faire de l’Australie une superpuissance des énergies renouvelables même s’il a accordé des permis à de nouveaux projets miniers et des subventions à des industries polluantes. Peter Dutton proposait en revanche de construire sept réacteurs nucléaires pour 200 milliards de dollars américains et se détourner dans le même temps des énergies renouvelables.
L’enjeu du scrutin était aussi de savoir si le camp vainqueur décrocherait une majorité ou non, au risque de devoir composer avec des formations minoritaires. Le désintérêt croissant des électeurs vis-à-vis des deux grands partis a enhardi des formations indépendantes réclamant davantage de transparence et des mesures sur le climat.
Mise à jour : à 14 h 30, avec le discours d’Albanese revendiquant la victoire.