Le président serbe Aleksandar Vucic a été admis dans un hôpital militaire à Belgrade samedi après son retour des États-Unis, a indiqué son cabinet sans préciser les raisons de cette hospitalisation.
Aleksandar Vucic «a été admis à l’Académie médicale militaire immédiatement après son atterrissage» à Belgrade, a déclaré son cabinet, précisant qu’il communiquerait «en temps utile» sur l’état de santé du président une fois obtenues «des informations plus détaillées». Des médias serbes avaient auparavant évoqué «un malaise» qui l’a contraint à écourter sa visite au président américain Donald Trump en Floride.
Il a été pris d’un malaise vendredi après-midi heure locale et a pris la décision de rentrer en Serbie après avoir consulté un médecin, selon la télévision nationale (RTS). Élu président en 2017 après trois années comme premier ministre, Aleksandar Vucic avait été brièvement hospitalisé en 2019 pour des «problèmes cardiovasculaires».
L’annonce de son hospitalisation samedi survient alors que Aleksandar Vucic est confronté depuis novembre à un mouvement de contestation sans précédent depuis des décennies déclenché par l’accident de la gare de Novi Sad (nord). Le 1er novembre, l’auvent en béton de cette gare, tout juste rénovée, s’était effondré, tuant 16 personnes dont deux enfants. Cet accident, que beaucoup en Serbie attribuent à la corruption qui aurait entaché les travaux de rénovation.
«Réunions importantes»
À la veille de son déplacement aux États-Unis, entamé mercredi, Aleksandar Vucic avait annoncé deux rencontres avec le président américain Donald Trump «au cours des quatre prochains jours». Selon un journal proche du dirigeant nationaliste serbe, une rencontre devait avoir lieu à la résidence de Mar-a-Lago, propriété de Donald Trump en Floride. Dans un message vidéo diffusé à son arrivée en Floride, Aleksandar Vucic a évoqué «des réunions importantes» avec les plus hauts responsables du Parti républicain et de l’État.
Par ailleurs, lors d’une conférence de presse devant les médias serbes, il a annoncé jeudi qu’il maintenait son plan de se rendre à Moscou, après le voyage aux États-Unis, pour assister aux commémorations de 80 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, malgré les pressions européennes. Avant de rentrer en Serbie, il a rencontré notamment l’ex-avocat personnel de Donald Trump et ancien maire de New York, Rudy Giuliani.
Plusieurs figures de l’opposition ont qualifié le déplacement présidentiel de «fiasco» ou de «débâcle», parce que, selon eux, il n’aurait pas réussi à rencontrer son homologue américain. «Il couvre son fiasco avec une histoire de problème subit de santé l’obligeant à rentrer d’urgence à Belgrade. Il n’y a pas de médicament en pharmacie en Amérique», a ainsi ironisé sur X Zdravko Ponos, chef du parti centriste «Srce» et député dans la Parlement serbe, un farouche critique du président serbe et son adversaire à la dernière élection présidentielle en 2022, remportée dès le premier tour par Aleksandar Vucic.
Zdravko Ponos a aussitôt été qualifié d’«individu méprisable» par la présidente du Parlement Ana Brnabic, une proche d’Aleksandar Vucic, qui a dénoncé sa «méchanceté» et sa «haine» à l’égard du chef de l’État. Le ministre de l’Intérieur Ivica Dacic, chef du second parti de la coalition au pouvoir, a exprimé son «plein soutien» au président du pays. «Tous les ennemis de la Serbie se réjouissent de sa maladie, contrairement aux millions de citoyens serbes qui lui souhaitent un bon rétablissement dans l’intérêt de la Serbie», a-t-il déclaré dans un communiqué.
La pression exercée par les manifestations a conduit à la démission du Premier ministre et à la chute du gouvernement. En réponse à la colère exprimée depuis six mois, Aleksandar Vucic a alterné appels au dialogue et accusations selon lesquelles les manifestants, surtout des étudiants, étaient manipulés de l’extérieur.