La magistrate a été condamnée à 6 ans de prison pour avoir forcé une femme ougandaise à travailler comme femme de ménage et nounou chez elle, sans la rémunérer.

Une juge des Nations Unies a été emprisonnée le 2 mai après avoir été condamnée à six ans et quatre mois de prison pour avoir obligé une femme à travailler comme esclave domestiquerelatait la BBC ce vendredi.

En février 2023, la police britannique avait reçu un signalement concernant Lydia Mugambe, 50 ans, juge à la Haute Cour de Justice en Ouganda et magistrate aux Nations Unies. Cette dernière retenait à son domicile, situé à Kidlington, dans la région d’Oxford, une jeune femme ougandaise qui effectuait un travail non rémunéré comme femme de ménage et nounou, depuis deux ans.

«Peur presque constante»

Lydia Mugambe avait obtenu un visa pour faire venir la victime sur le territoire britannique. Le document stipulait qu’elle travaillerait comme domestique privée à la résidence diplomatique de John Mugerwa, ancien haut-commissaire adjoint de l’Ouganda basé à l’ambassade du pays à Londres, contre rémunérations, ce qui n’a jamais été le cas, poursuit le site d’actualités britannique. Le haut-commissaire avait parrainé la demande de visa de l’Ougandaise, en échange de quoi Lydia Mugambe devait lui fournir assistance dans le cadre d’une autre affaire judiciaire en Ouganda dans laquelle il était accusé, a-t-on indiqué au tribunal. La justice voulait inculper John Mugerwa de complot mais ce dernier bénéficie de l’immunité diplomatique.

Dans une déclaration écrite, lue au tribunal par la procureure Caroline Haughey KC, la victime a décrit avoir vécu dans une «peur presque constante» au cours de son calvaire, en raison de la position puissante de Lydia Mugambe en Ouganda. La jeune Ougandaise, dont l’identité est restée anonyme, a déclaré qu’elle «ne pouvait pas retourner en Ouganda» par peur de ce qui pourrait lui arriver à son retour. Elle a également ajouté qu’elle pourrait ne plus jamais revoir sa mère.

«Aucun remords»

Lydia Mugambe avait cependant nié avoir forcé la jeune femme à effectuer des tâches ménagères. Elle avait assuré l’avoir traité avec bienveillance et patience. Lors de l’annonce de la peine, le juge David Foxton a estimé que la mise en cause n’avait « montré absolument aucun remords » pour ses actes et qu’elle avait cherché à « blâmer de force » la victime. De plus, une fois poursuivie, elle avait tenté d’échapper à la justice en affirmant « à plusieurs reprises qu’elle bénéficiait de l’immunité diplomatique en raison de son statut de juge de la Haute Cour ougandaise et, après sa nomination, de juge des Nations unies », avaient pointé les policiers qui l’avaient interpellée.

Un porte-parole de l’Université d’Oxford, dans laquelle la juge condamnée préparait un doctorat de droit, a déclaré que l’institution était « consternée» par ses crimes. «L’université entame désormais sa propre procédure disciplinaire, qui lui donne le pouvoir d’expulser les étudiants reconnus coupables d’infractions pénales graves », a ajouté le porte-parole. La juge condamnée doit également respecter une ordonnance de restriction et payer 12.160 livres sterling (14.280 euros) à la victime comme indemnisation.