On parle souvent des vols de voitures et de pièces automobiles. Le département des Bouches-du-Rhône et surtout Marseille sont même en tête du classement des zones les plus touchées par le fléau. On pense moins souvent à un autre phénomène, celui des vols de bateaux de plaisance et surtout de leurs pièces et autres accessoires. Plus d’un millier d’embarcations sont dérobées chaque année en France, sans compter les vols d’accessoires, dont les systèmes GPS et les précieux moteurs.
« Un coussin, c’est vite 400 €, un compteur de vitesse, 600 €… Et ça arrive régulièrement, au point que parfois, je ne signale même pas le vol à mon assurance », soupire Nagib, dont le semi-rigide, stocké dans un parc à bateaux du 9e arrondissement de Marseille, a déjà été la cible de voleurs de tout poil. Après l’avoir retrouvé à l’eau à la suite d’une tentative de vol, ce jeune homme de 24 ans, fondu de navigation, a décidé de s’équiper d’une balise. Un discret tracker GPS qu’il a installé dans son bateau afin d’être alerté directement sur son téléphone en cas de mouvement suspect.
Les voleurs exhibent la crosse d’une arme
Et justement, ce 15 avril 2025, vers 18 h 30, un message d’alerte apparaît sur son portable. Le mouchard électronique vient de détecter un mouvement. Après avoir tenté de joindre le mécanicien du parc, Nagib décide de se rendre directement sur place pour lever le doute. Mais en arrivant, le jeune homme découvre deux personnes affairées derrière son Selva de 5 mètres, une clé à cliquet à la main. Les deux hommes sont en train de démonter le moteur.
« Je leur ai demandé ce qu’ils faisaient, en leur disant que c’était mon bateau. Ce à quoi ils ont répondu que… c’était le leur. Ils étaient tellement sereins que l’espace d’un instant, ils m’ont même mis le doute. Et ils ont essayé de me retourner le cerveau en me racontant n’importe quoi », explique Nagib, qui reprend ses esprits. Mais le duo se fait plus intimidant. « L’un des deux m’a montré la crosse d’une arme qu’il portait sur lui, menaçant de me tuer », souffle le propriétaire du bateau, qui sous le coup de l’adrénaline ne se laisse plus démonter et filme discrètement l’altercation avec son téléphone.
Les deux hommes ramassent leurs outils et finissent par repartir en voiture, non sans heurter Nagib en manœuvrant. Ce dernier a toutefois le temps de relever la plaque d’immatriculation et de prévenir la police.
À la division Sud, les enquêteurs n’auront pas eu de mal à remonter au propriétaire de l’Audi, qui par chance, n’est pas déclarée volée. Convoqué, l’homme se présente même avec une seconde personne au commissariat, quelques jours plus tard. Tous deux sont placés en garde à vue. En dépit des dénégations, les deux suspects de 25 et 26 ans seront poursuivis. Remis en liberté au terme de leurs auditions, ils doivent être jugés pour vol en réunion en septembre prochain.