Le 30 avril, après moult atermoiements et rebondissements, les États-Unis et l’Ukraine ont fini par signer un accord donnant aux premiers un accès prioritaires aux ressources minières ukrainiennes [métaux stratégiques et hydrocarbures].

En outre, il prévoit également la création d’un fonds d’investissement, le United States – Ukraine Reconstruction Investment Fund pour faciliter leur exploitation, ce qui permettra par ailleurs de financer la reconstruction de l’Ukraine, une fois que la guerre lancée par la Russie aura pris fin… Ce qui est loin d’être acquis pour le moment.

En tout cas, pour le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, cet accord « signale clairement à la Russie que l’administration Trump est engagée dans un processus de paix centré sur une Ukraine libre, souveraine et prospère à long terme ». Et d’ajouter : « Pour être bien clair, aucun État ni aucun individu ayant financé ou alimenté la machine de guerre russe ne sera autorisé à bénéficier de la reconstruction de l’Ukraine ».

« C’est l’État ukrainien qui est responsable de l’exploitation des ressources naturelles et qui détermine ce qu’il faut extraire et où il faut le faire. Le sous-sol reste la propriété de l’Ukraine, ce qui est clairement établi dans l’accord », a précisé Yulia Svyrydenko, la ministre ukrainienne de l’Économie.

A priori, cet accord ne comporterait pas de garanties de sécurité américaines face à la Russie, pourtant demandées par l’Ukraine. Le président Trump « veut que les deux parties s’assoient à la table, maintenant, en montrant que les États-Unis ont un intérêt économique en Ukraine », a seulement indiqué M. Bessent, à l’antenne de Fox News.

En outre, il n’aborderait pas non plus la question de l’aide militaire américaine, celle que perçoit actuellement l’Ukraine ayant été accordée par l’administration de Joe Biden, à en croire Volodymyr Zelensky, le président ukrainien.

Outre la livraison d’équipements militaires et une assistance dans certains domaines clés, comme le renseignement, cette dernière porte sur la formation des pilotes de F-16 des forces aériennes ukrainiennes.

Pour rappel, ces appareils ont été cédés à Kiev par les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège. La Belgique en a promis trente exemplaires… mais la livraison des premiers appareils n’a pas pu encore se faire, faute de pilotes et de pièces détachées disponibles pour assurer leur soutien.

Quoi qu’il en soit, via un avis publié le 2 mai, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains dans le cadre du dispositif FMS [Foreign Military Sales] a recommandé au Congrès d’accepter un contrat portant sur la vente de services liés au soutien des F-16 ukrainiens. Son montant est estimé à 310,5 millions de dollars.

« Le gouvernement ukrainien demande l’autorisation d’acheter des équipements et des services pour soutenir ses avions F-16 », indique la DSCA. Il est question de modifications et de mises à niveau des appareils, de formation du personnel lié à l’exploitation et à la maintenance, de pièces de rechange, de logiciels, etc.

« Cette vente proposée soutiendra les objectifs de politique étrangère et de sécurité nationale des États-Unis en améliorant la sécurité d’un pays partenaire qui est une force pour la stabilité politique et le progrès économique en Europe », justifie la DSCA dans son avis.

Et d’ajouter qu’elle améliorera aussi « la capacité de l’Ukraine à faire face aux menaces actuelles et futures en garantissant que ses pilotes sont efficacement formés et en augmentant son interopérabilité avec les États-Unis grâce à une formation complète avec l’US Air Force ».

Enfin, la DSCA souligne que cette vente « s’aligne sur les contributions de la coalition internationale pour la mise en place du programme F-16 de l’Ukraine et la modernisation globale de la force aérienne ukrainienne ».

À noter que ce contrat potentiel devrait impliquer Valiant Integrated Services, spécialiste de la formation et de la simulation, l’entreprise de Services de Sécurité et de Défense [ESSD] Top Aces [qui dispose de F-16 pour des prestations dites « Red Air »], Lockheed-Martin, Pratt and Whitney et BAE Systems.

Cela étant, les États-Unis livrent déjà des pièces détachées de F-16 à l’Ukraine. Ces derniers jours, des photographies montrant des cellules de F-16 en train d’être chargées à bord d’un avion de transport ukrainien An-124 à l’aéroport de Tucson [Arizona], ont été diffusées sur les réseaux sociaux.

Selon les sites de suivi du trafic aérien, l’An-124, immatriculé UR-82027 et exploité par Antonov Airlines, est arrivé à Tucson le 25 avril. Puis, vingt-quatre heures plus tard, après avoir chargé les cellules de F-16 provenant des dépôts de la base aérienne Davis-Monthan, il s’est envolé vers l’aéroport de Rzeszów-Jasionka [Pologne], qui sert de plaque tournante pour l’aide militaire accordée à l’Ukraine.

Un porte-parole de l’US Air Force a confirmé auprès du site spécialisé The War Zone qu’il s’agissait bien de F-16 retirés du service devant être livrés à la force aérienne ukrainienne afin que celle-ci puisse disposer de « réservoirs » de pièces détachées. Ces appareils « ne sont plus en état de voler. Il est important de noter qu’il leur manque des composants essentiels, comme leur moteur et leur radar. Ils ne peuvent pas être reconstitués pour une usage opérationnel », a-t-il dit.