[Article publié le 3 mai 2025 à 13h59, mis à jour à 21h09]
Une page se tourne. Le légendaire investisseur Warren Buffett a annoncé samedi, lors de l’assemblée générale annuelle de Berkshire Hathaway, son intention de quitter d’ici la fin de l’année son poste de CEO du conglomérat qu’il dirige depuis plusieurs décennies. À 94 ans, il prévoit de proposer au conseil d’administration la nomination de Gregory Abel, son successeur désigné, à la tête de l’entreprise. « Je resterais dans les parages et pourrais éventuellement être utile dans quelques situations », a précisé Warren Buffett.
L’annonce, qui n’avait été partagée qu’avec deux de ses enfants membres du conseil, a été accueillie par une ovation nourrie de la part des actionnaires présents à Omaha, lieu de l’assemblée générale annuelle. Ce tournant marque la fin d’une ère pour l’un des piliers du capitalisme américain. Sous la direction de Buffett, Berkshire Hathaway est devenu un conglomérat pesant plus de 1 100 milliards de dollars.
Une longévité exceptionnelle dans le tumulte incessant de la finance. Soixante ans que Warren Buffett a métamorphosé une obscure entreprise textile du Massachusetts en un conglomérat tentaculaire, Berkshire Hathaway. Son assemblée annuelle est devenue bien plus qu’une simple réunion d’actionnaires. C’est un véritable pèlerinage, un « Woodstock des capitalistes » qui aimante près de 40 000 personnes venues des quatre coins du globe.
Mais l’édition 2025 portait aussi l’empreinte d’une absence douloureuse, celle de Charlie Munger, son complice et partenaire de toujours, disparu l’an passé. Contrairement à l’année précédente, la société a enregistré une baisse de 14 % de ses bénéfices d’exploitation au premier trimestre, à 9,64 milliards de dollars, contre 11,22 milliards un an plus tôt. Ce recul s’explique principalement par une chute de près de 49 % des profits dans l’assurance, traditionnel moteur du groupe.
Malgré ce contexte, Berkshire Hathaway affiche une santé financière exceptionnelle avec une trésorerie atteignant un niveau historique de 347 milliards de dollars, conséquence d’une politique de ventes massives d’actions depuis dix trimestres consécutifs.
Réduction marquée de la part d’Apple et sortie totale de Paramount
Warren Buffett a profité de ce contexte pour ajuster son portefeuille : il a réduit de 13 % la participation de Berkshire dans Apple au premier trimestre, poursuivant une stratégie de prise de profits et d’optimisation fiscale amorcée l’an passé. Par ailleurs, il a annoncé la cession complète de la participation dans Paramount, reconnaissant une perte significative sur cet investissement et tirant les leçons d’un secteur du divertissement en pleine mutation.
Si la performance boursière de Berkshire Hathaway surpasse largement celle du S&P 500 depuis le début de l’année (+18 % contre -3 %), la montagne de liquidités accumulée pose un défi inédit : comment investir de façon judicieuse dans un marché où les bonnes affaires se raréfient et à l’heure d’une possible guerre commerciale ?
Sur le thème des droits de douane justement, Warren Buffett a profité de l’assemblée générale pour montrer son opposition à la stratégie déployée par la Maison-Blanche. « Le commerce ne devrait pas être une arme, a-t-il estimé. Je ne pense pas que ce soit juste, et je ne pense pas que ce soit judicieux. »