En 2021, dans le cadre du plan de soutien gouvernemental à la filière aéronautique, la Direction générale de l’armement [DGA] commanda auprès de Survey Copter, filiale d’Airbus, 11 systèmes de mini-drones aériens embarqués pour la Marine [SMDM], comprenant chacun deux drones Aliaca et une station de contrôle. L’objectif était d’équiper les frégates de surveillance, les patrouilleurs de haute-mer [PHM] et les sémaphores d’une telle capacité.
Pouvant être déployé en moins de quinze minutes et lancé au moyen d’une catapulte, l’Aliaca affiche une autonomie de 3 heures, pour un rayon d’action de 27 nautiques. Doté d’une propulsion électrique, ce drone transmet en temps réel les images et les données qu’il collecte lors de sa mission. À l’issue de celle-ci, il est récupéré automatiquement, grâce à filet.
Mis à l’épreuve très rapidement, lors d’une évaluation opérationnelle [EVALOPS] menée par le Centre d’expérimentations pratiques et de réception de l’aéronautique navale [CEPA/10S] depuis le PHM « Commandant Bouan », le SMDM « Aliaca » donna pleinement satisfaction. Il permit ainsi à l’équipage du PHM « Premier-maître L’Her », d’intercepter 4,7 tonnes de cocaïne à bord d’un cargo et de retrouver la trace d’un pétrolier détourné par des pirates sévissant dans le golfe de Guinée.
« Pendant que le PHM surveille une zone en effectuant des interrogations VHF ou en conduisant une visite, le drone peut dans le même temps investiguer des zones plus lointaines afin d’identifier les bâtiments de pêche à des distances supérieures aux portées radar et caractériser des actions de pêches par flux vidéo en temps réel. Il offre ainsi au PHM une allonge informationnelle, qui lui permet de démultiplier son efficacité pour se diriger au bon endroit et au bon moment sur des clients d’intérêt », avait expliqué la Marine nationale.
L’an passé, la DGA annonça la commande de 15 SMDM supplémentaires, pour 30 millions d’euros.
« Grâce à ces performances, le potentiel d’emploi de ces drones tactiques est large : identification et prise de photos de navires inconnus, repositionnement discret de navires d’intérêt, ou encore recherche de naufragés », fit valoir la DGA, avant de préciser qu’il bénéficierait de « nouvelles technologies » afin d’accroître ses capacités.
L’une des limites de l’Aliaca tient à ses modes de lancement et de récupération.
En effet, le mois dernier, dans les colonnes du site spécialisé Naval News, le capitaine de vaisseau Johann Eidesheim, membre de l’équipe Plans et programmes de l’état-major de la Marine nationale, a insisté sur ce point. « Le processus actuel de lancement et de récupération, bien qu’il soit autonome, présente des restrictions [d’emploi] et n’est pas facile à utiliser ».
Aussi, a-t-il dit, la Marine nationale souhaiterait disposer d’une version à décollage et à atterrissage verticaux [VTOL] de l’Aliaca. Ce qu’elle est sur le point d’obtenir.
En effet, à l’occasion du salon SOFINS [Special Operations Forces Innovation Network Seminar] qui, dédié aux forces spéciales, doit se tenir entre les 1er et 3 avil au camp de Souge [Gironde], Survey Copter a dévoilé une version VTOL de l’Aliaca. « Plusieurs vols de démonstration ont déjà été réalisés avec succès en environnement terrestre et maritime entre fin 2024 et début 2025 », a précisé l’industriel.
D’une masse de 27 kg pour une envergure de 3,5 mètres et une longueur de 2,1 mètres, l’Aliaca VTOL est equipé de quatre hélices « permettant le décollage et l’atterrissage vertical tout en conservant sa propulsion en mode voilure fixe pendant la mission », indique Survey Copter.
Il se décline en deux « sous-versions ». Ainsi, propulsé par un moteur électrique, l’Aliaca VTOL Evo a une endurance de 3 heures, une portée de 50 km et une capacité de charge utile de 2 kg. Enfin, l’Aliaca VTOL ER est doté d’une motorisation hybride lui permettant de rester en vol pendant 6 h. Sa portée est de 80 km pour une capacité de charge utile de 3 kg.
L’un des atouts de l’Aliaca est sa caméra électro-optique/infrarouge [EO/IR] gyrostabilisée de haute performance GX5. Enfin, pour les missions en mer, il emporte un Système d’Identification Automatique [AIS] « permettant de détecter des navires dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres », a assuré Survey Copter.
« Fort de son succès au sein de la Marine nationale, l’Aliaca VTOL pourra accomplir différents types de missions exigeantes, notamment en environnement terrestre, telles que l’appui aux opérations spéciales, la tenue de situation tactique par la surveillance et la reconnaissance, mais également le transport de charges, et ce en s’affranchissant d’équipement ou d’infrastructure de lancement-récupération », conclut l’industriel.