Rheinmetall, groupe allemand spécialisé dans l’armement et l’équipement automobile, projette de reconvertir deux de ses usines automobiles en Allemagne en sites de production d’équipements de défense, selon Reuters lundi 24 février. Les concernées sont les usines de Berlin et de Neuss, près de Dusseldorf, qui fabriquent des pièces automobiles.


Selon le projet, qui doit encore être finalisé, les deux usines intégreraient la division Armes et Munitions de Rheinmetall pour fabriquer des composants mécaniques et de protection, et seraient converties en usines hybrides afin que la production automobile puisse perdurer.

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«Avant tout, les usines bénéficieront de la force industrielle du groupe Rheinmetall en tant que fournisseur majeur d’équipements militaires, ainsi que de la forte demande des clients en Allemagne et dans le monde entier», a déclaré le groupe à Reuters dans un courriel. La société a déclaré qu’aucune décision définitive n’avait été prise concernant la nouvelle structure.


Stimuler l’industrie manufacturière allemande


Cette nouvelle donne pourrait stimuler l’industrie manufacturière allemande à un moment où les secteurs traditionnellement forts, notamment les constructeurs automobiles comme Volkswagen, réduisent leurs capacités et suppriment des milliers d’emplois.


En juin 2024, Rheinmetall a signé un accord avec l’équipementier automobile en difficulté Continental, pour reprendre et former une centaine de salariés d’une usine qui fermera en 2027. La société allemande n’est pas la seule à réorienter des usines vers la défense. KNDS, autre industriel allemand de la défense, a annoncé début février 2025 reprendre l’usine de Görlitz d’Alstom, pour y produire des chars à la place de trains.


Les fabricants d’armes s’attendent à un boom des dépenses


Les actions des fabricants d’armes européens ont bondi dans l’attente d’un boom des dépenses après que le président américain Donald Trump a déclaré que l’Europe devait relever ses dépenses dans le domaine. Le parti conservateur allemand, sorti vainqueur des élections législatives dimanche 23 février, a affiché comme priorité la défense du pays. Selon Bloomberg, Friedrich Merz, leader du parti, a déjà entamé des discussions avec les sociaux-démocrates dans le but approuver une enveloppe allant jusqu’à 200 milliards d’euros pour la défense.


L’indice STOXX de l’aérospatiale et de la défense a atteint des records la semaine dernière. La valeur marchande de Rheinmetall a grimpé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022. Il y a deux ans, en 2023, l’entreprise a été élevée au rang de valeur sûre du DAX 30 et vaut aujourd’hui environ 39 milliards d’euros (40,8 milliards de dollars), selon les données du LSEG, soit près du double de sa valeur avant l’élection de Donald Trump. L’appétit des investisseurs pour les actifs liés à la défense s’accroît également, Thyssenkrupp préparant une scission de sa division de navires de guerre TKMS, tandis que KNDS envisage une cotation en bourse dès la fin de 2025.


Avec Reuters (Reportage Christoph Steitz et Matthias Inverardi ; version française Mara Vîlcu, édité par Sophie Louet)

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