Incroyables

Le plus étonnant dans cette exposition d’une quinzaine de grands formats qui explore « le besoin humain d’évasion à travers la culture de l’aviation », c’est que dès les premières images on n’en croit pas ses yeux. Non que celles-ci soient truquées ou retouchées – tout ce que l’on voit semble bien avoir eu lieu – mais parce qu’on a peine à imaginer que certains de nos contemporains puissent par simple passion de l’aviation se mettre dans des situations aussi incroyables que celles que Nolf nous montre.

Il y a par exemple, dans la toute première photo du parcours, ce garage d’une villa de quartier verdoyant dont les deux portes grandes ouvertes laissent voir l’arrière d’un cockpit d’avion qui le remplit. Manifestement, la voiture qu’on y rangeait n’y rentrera plus avant longtemps, son propriétaire préférant désormais passer son temps libre à piloter face à des écrans qui simulent ce que l’on voit lors des vols long-courriers. Cela, on ne fait que le deviner, mais un simulateur de vol identique – la réplique d’un cockpit de Boeing – installé dans l’exposition, le confirme et permet même de l’expérimenter. Il a été mis au point par John, 82 ans, un prêtre qu’une image nous montre en train d’inspecter l’installation chez lui, avant qu’il ne la prête au photographe, dans ce qui semble être sa chambre à coucher.

De la série As Real As It Gets de Thomas NolfDe la série As Real As It Gets de Thomas Nolf ©Thomas Nolf­Humour

Chez d’autres, c’est plutôt la cuisine qui est squattée par des matériels dont on ne comprend pas bien à quoi ils servent si ce n’est à vivre leur passion au quotidien. Celle-ci peut être moins démonstrative, mais pas moins touchante. Comme celle de cet homme par exemple, les mains dans les poches et les yeux dans le vide, qui se contente de porter la chemise et les épaulettes des pilotes de ligne en rêvant au milieu de son salon.

« New Capital » de Nick Hannes

Ce reportage documentaire à l’humour qui n’est pas sans rappeler celui de Nick Hannes qui exposait il y a tout juste un an son projet New Capital dans la même salle, fait la part belle aux « plane spotters » , ces observateurs d’avions qui passent leurs temps libres au bout des pistes à regarder les décollages et les atterrissages à travers des jumelles ou des téléobjectifs. Thomas Nolf se fait un plaisir de les croquer dans des postures les plus improbables. Certains perchés sur leurs voitures, d’autres collés aux grillages des aéroports, mais tous renseignés sur les horaires de passage par spotterguide.net, un site qui donne des conseils photographiques et d’autres détails pratiques et qui indique aussi les meilleurs endroits où observer les avions.

Consumérisme

Parmi ceux-ci, quelques-uns sont aux antipodes, notamment à Sint Maarten, partie néerlandaise de l’île du même nom, dans les Antilles où Nolf s’est rendu à plusieurs reprises. Elle est mondialement connue par sa plage (Maho Beach) pour être survolée à très faible hauteur par les avions qui atterrissent tout à côté sur la très courte piste de l’aéroport Princess Juliana. Cela nous vaut les clichés les plus étonnants de ce travail. Des tableaux de la vie moderne qui nous poussent à nous interroger sur la société des loisirs et son consumérisme exacerbé, surtout insensé, qui pousse des foules à traverser la planète en avion pour aller voir ces mêmes avions leur passer au-dessus durant leur séjour.

Miniatur Wunderland, HambourgMiniatur Wunderland, Hambourg ©Thomas Nolf

As Real As It Gets de Thomas Nolf Quoi Photographie Be-Part Waregem, Gemeenteplein, 12, 8790 Waregem Quand Jusqu’au 18 mai, du jeudi au samedi de 14h à 17h30 et le dimanche de 11h à 17h30. Rens. : www.be-part.be